Jade

Épilogue

Jade

Le reste des vacances est beaucoup plus serein et les tensions sont moindres. Je sens néanmoins que Raphaël est pressé de rentrer, il préfère les vacances plus simples. Il s'est énormément plu ici et il en a pris pleins les yeux, cependant, nous aurions dormi dans un petit hôtel plus posé, il aurait été mieux. Je ne suis pas revenue sur le sujet avec lui, et nous plions bagages pour notre retour. Il s'annonce plutôt difficile et long, surtout que l'on sait que nous nous verrons beaucoup moins souvent maintenant. Son internat va lui prendre énormément de temps et je suis consciente que je vais devoir lui laisser du temps. J'espère que ça n'affectera pas notre couple, que nous tiendrons le coup.

Une fois dans l'avion, Raph l'avoue enfin.

-C'était de magnifiques vacances avec toi, plus folles que tout ce que j'ai vécu d'autre. Merci.

-Merci à toi.

-Je sais que je n'en revivrai pas comme celles-ci et c'est merveilleux.

-Quand tu auras un travail stable, tu pourras, si !

-Oh, Jade nous en avons déjà parlé.

-Reposons-nous, le vol est long.

Je dépose ma tête sur son épaule et mes yeux commencent à se fermer tous seuls. Je sens Raphaël s'assoupir également. Mon sommeil n'est pas profond, j'entends encore les hôtesses de l'air naviguer dans les allées et les passagers discuter dans une multitude de langues différentes. Ainsi, j'entends le commandant de bord annoncer notre descente vers Los Angeles et je me réveille doucement. Raphaël s'est endormi profondément et je profite de l'instant pour le regarder dormir. Il a les traits du visage durs aujourd'hui. Il est soucieux et appréhende le retour chez lui avec sa mère.

Nous avons plus de trois heures d'attente pour notre second vol et nous nous baladons dans l'aéroport, ne pouvant pas sortir. Je connais bien les États-Unis pour y être allés plusieurs fois mais il me reste tellement de choses à voir que j'y retournerai sans aucune hésitation. Raphaël aimerait découvrir ce pays également, il y a tellement de chose à admirer aux quatre coins du monde.

-Tu as fait quelles villes exactement, alors ?

-Washington, New-York, Boston, Philadelphie, Los Angeles, San Francisco, Dallas, Las Vegas, Sacramento, Seattle... les chutes du Niagara, le parc de Yellowstone, la route 66 !

-Tu vas arrêter ta liste ?

-J'ai beaucoup voyagé tu sais. Un jour, on reviendra ici tous les deux peut-être.

-Nous avons beaucoup d'endroits à visiter et j'ai ma traductrice, c'est parfait.

Je souris à l'idée de voyager à nouveau avec lui. J'aimerais énormément et ce serait un plaisir de retourner dans ces lieux et lui faire visiter à ma façon.
La correspondance est longue et le retard s'accumule. L'avion ne décollera pas avant un long moment à cause d'un problème technique et Raph tourne en rond.

Au loin, je crois reconnaître la silhouette de mon amie Lise. C'est impossible que ce soit elle, dans cette foule d'individus alors que nous sommes en Californie. J'observe un peu mieux et ça ne fait que confirmer mes doutes. C'est elle, c'est certain. Elle se retourne et sa chevelure blonde facilement reconnaissable me fait sourire. Je lui fais signe et elle s'approche de moi courant à petites foulées.

-Salut ! Ça fait super longtemps !

-Oui, effectivement. Qu'est-ce que tu fais en Californie ?

-J'étais en vacances dans un superbe hôtel à deux pas d'Hollywood Boulevard. J'ai passé un excellent moment. Et toi ?

-Oh, j'étais en Polynésie avec Raphaël. Tu étais seule ?

-Oui. C'était ressourçant et j'ai fait de belles rencontres. Raphaël ...? demande-t-elle curieuse.

-C'est mon petit ami, je ne suis plus avec Charlie.

-Enchantée.

Elle est étonnée et désorientée. Elle ne sait pas comment réagir et elle a compris que cette relation était désapprouvée.

-Comment vous vous êtes rencontrés alors ? C'est le fils d'un ami à ton père ?

Elle connait pertinemment la réponse mais Lise est ainsi, elle aime tout savoir et fouiner partout pour obtenir des ragots. Ça a plutôt tendance à m'énerver et je me rends compte aujourd'hui qu'elle ne pouvait pas rester mon amie plus longtemps car elle aurait tout fait pour que je ne sois pas avec Raphaël aujourd'hui.

-Pas du tout. Il est en fac de médecine. On s'est rencontré sur l'un de ses stages. C'est tout. Mon père n'a aucun rapport là-dedans.

-Euh, d'accord.

Lise parait interloquée. J'ai bien changé depuis que nous nous parlons plus. Elle aussi, peut-être un peu, mais je ne saurais dire quoi. Déjà, elle ne semble pas accompagnée et elle a dû rompre avec son petit ami.

-Tu as eu ton master ?

-Oui, dit-elle fière. Je passe en deuxième année, pas sans difficultés. Mes oraux se sont moyennement bien passés mais ça va, je suis admise et heureuse.

-Bravo.

-Vous prenez l'avion pour Paris je suppose ?

-En effet.

Nous partons boire une boisson fraiche en attendant l'embarquement. Lise parle un peu de ses vacances et nous, des nôtres. Ma relation avec elle n'est plus pareil, ça se ressent. Elle reste la jeune fille bourgeoise qu'elle a toujours été. Celle que j'étais aussi avant. Jamais je ne pourrais changer du tout au tout mais j'ai fait des efforts considérables pour maintenir une bonne relation avec Raphaël. Il ne manque plus qu'à convaincre nos parents.

Après sept heures d'attente, nous montons enfin dans l'avion et nous retrouvons Lise à quelques sièges de nous. L'épuisement prend le dessus et nous tombons de sommeil, Lise, également.
Je me réveille alors qu'il ne reste que trois heures de vol et je décide de regarder un film tout en profitant de ma main dans celle de Raphaël. Il ne me reste plus beaucoup de temps de liberté avant le retour à la routine et la réalité du monde du travail. Les projets se bousculent dans ma tête mais je dois faire le tri et prendre les choses en main pour monter un projet correct.

Arrivés à l'aéroport, nous saluons Lise qui part avec son chauffeur et attendons le taxi qui ramènera Raphaël chez lui. Nous profitons des dernières instants ensemble dans la voiture et lorsqu'il est l'heure de se séparer, c'est plutôt difficile après ces deux semaines passées rien que tous les deux. Il m'embrasse une dernière fois et sors du véhicule à contre coeur.
Le chauffeur me conduit ensuite chez moi et la maison me parait immensément vide.

Il n'y a ni le bruit du chiffon contre la vitre, ni celui du balai contre le parquet et encore moins celui des casseroles sur la cuisinière. Pas même le couinement du stylo plume de ma mère n'est audible dans son bureau. En passant devant la chambre de mon frère, je remarque qu'il a bel et bien déménagé pendant mon séjour. Ce n'était pas trop tôt ! Je me sens bien seule. Je dépose ma valise dans un coin de la chambre et la contemple. Elle est comme je l'avais laissé, quoique... Plus propre. Je m'assois dans le fauteuil imposant qui trône du côté de la bibliothèque et attend un moment. Le bruit du silence est agréable et j'en profite.

Je repense aux vacances et je suis nostalgique. Nous ne revivrons pas de tels moments avant longtemps et je suis triste de savoir que je ne pourrais pas profiter de lui pendant ces longues semaines. J'ai peur que ça affecte notre couple.

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Et voici l'épilogue ! J'espère que ça vous a plu. Le tome 2 est en cours d'écriture et je me laisse quelques temps de pause pour reprendre de l'avance.

Merci. Maty.