Jade

Chapitre 24

Jade

Après deux jours plutôt tranquilles où nous avons profiter de la plage et de l'eau chaude, nous décidons de partir en excursion. Un petit bateau d'une dizaine de places nous attend et nous nous y installons avec d'autres vacanciers. Très vite, nous partons du quai dans une ambiance chaleureuse. Nous sommes les seuls français à bord, le guide parle en anglais et je suis obligée de traduire de temps à autre à Raphaël qui est un peu perdu.

Il n'y a pas besoin d'utiliser des centaines de mots pour décrire le paysage qui s'offre à nous, nous sommes tous tournés vers les îles qui vont nous accueillir et l'émerveillement est au summum. Je ne cesse pas de faire des photos et encrer dans ma tête, tous ses souvenirs merveilleux. Nous nous arrêtons sur une première île qui semble très peu peuplée et où l'environnement semble plus naturel. Pas de structure en béton, simplement du sable, des cocotiers et des fleurs magnifiques. Le guide continue de nous raconter l'histoire de la Polynésie Française avec un accent à faire mourir de rire. J'ai envie de photographier chaque centimètre carré de ce morceau de terre, mais il est déjà l'heure de repartir pour se diriger vers l'île où nous prendrons le pique-nique.

Rien d'extravagant ou de local ce midi, une salade et le tour est joué. Nous parlons un peu avec les touristes et partageons notre ressenti sur nos expériences et découvertes de l'île. La fin du séjour approche pour la majorité d'entre eux. Ils nous donnent les bonnes adresses et regrettent fortement leur départ imminent. Le lieu splendide donne envie d'y rester, c'est vrai.

De retour à l'hôtel après cette journée d'expédition sur les îles, nous remarquons quelques coups de soleil et comparons notre bronzage. En quelques jours, nous avons déjà la peau colorée et enfin, j'ai le teint moins blafard et j'ai meilleure mine. Raph se moque gentiment des petites rougeurs sur mon visage et dépose un baiser sur le bout de mon nez. Nous profitons du temps libre jusqu'au repas pour lire et envoyer des messages à nos proches.

Raphaël essaie de faire comprendre à sa mère que je ne suis pas la fille à papa bourgeoise qu'elle pense que je suis. Il est plutôt difficile de lui faire avaler la pilule sachant que j'ai amené son fils de l'autre côté de la Terre. Elle ne souhaite pas qu'un seul de mes cheveux se trouvent dans son appartement et elle empêche même Elena de me voir. Elle est plutôt en rogne contre son fils et les discussions sont toujours tendues. Heureusement, il a trouvé un appartement en collocation avec Nino et l'éloignement avec sa mère résoudra peut-être quelques-uns des problèmes entre eux. Je n'ai jamais souhaité qu'il se mette à dos sa mère mais il m'a choisi; il m'a choisi moi, et ça me rend heureuse ; car il sait que sa mère lui pardonnera un jour. Elle aime son fils, elle est fière de lui et de ses choix. Enfin, pas du mien, mais tout ce qu'il fait la ravie au plus haut point.

Nous nous habituons petit à petit aux traditions locales et au rythme de vie polynésien. Je découvre de nombreuses saveurs méconnues et Raph dévore les fruits exotiques. Il est vrai que je n'en ai jamais mangé de si bons que ceux-là. Lors de nos balades, nous pouvons les cueillir directement sur l'arbre et croquer à pleines dents dans certains. À l'hôtel, nous sommes considérés comme des rois et ce nous rend grandement mal à l'aise. Raphaël encore plus que moi.

-C'est vraiment gênant. Ils changent tes draps tous les deux jours, refont ton lit, range la chambre !

-Dans tous les hôtels c'est ainsi. Enfin, c'est à eux de faire le ménage. Tu n'as jamais dormi en hôtel ?

-Une fois peut-être, quand j'étais gamin. Nous ne sommes pas partis en vacances souvent quand nous étions petits avec Elena et quand c'était le cas, nous allions en camping. Depuis que mon père est mort, nous n sommes pas partis à plus de cinquante kilomètres de la maison et nous trouvions toujours des proches chez qui loger.