Chapitre 18

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En média: Charlie

Jade

Bon, il ne dit rien, ne bouge pas et n'esquisse aucune émotion. Peut-être que c'est trop tôt après l'histoire du repas avec Raphaël. Il va faire le lien immédiatement, c'est certain. Il n'est pas bête, loin de là. J'ai peur, je commence à trembler. Pour me calmer, j'essaie de me rappeler ce premier baiser avec Raph. L'émotion que j'ai ressenti et les papillons dans le ventre. Mon corps qui prend chaud et mon esprit qui divague. J'essaie de ressentir ces émotions pour ne pas m'emporter dans une colère sans nom. Je ne voudrais pas lui dire ses quatre vérités dans ce restaurant plutôt classe. Il ne bronche toujours pas. Peut-être qu'il n'a pas compris, il doit être idiot finalement. Bon sang, mais que fait-il ? Il élabore un plan machiavélique contre moi ou Raphaël ? Ne hurle pas Jade, ne hurle pas. Je me retiens vraiment, c'est plus fort que moi, que tout le reste, je vais finir par exploser. Pourquoi ne parle-t-il pas ? Je veux parler mais il finit par me devancer.

-Rompre ?

-Tu as compris.

-Et pourquoi ?

-Quand on rompt, généralement, c'est qu'on aime plus la personne.

-Mais tu m'aimes.

-Non, Charlie.

-Tu dis des balivernes.

-Je sais mieux que quiconque ce que je ressens.

-Pourquoi me quittes-tu ? On est bien tous les deux.

-Plus pour moi. On passe tellement peu de temps ensemble. Je suis la dernière de tes priorités. Je comprends que tes études sont plus qu'importantes mais il y a des limites honnêtement. Tu n'es pas du tout avec moi quand on se retrouve.

-Cite moi un exemple.

-Vraiment Charlie ? Ici ?

-Oui, je t'écoute.

-L'autre matin où tu es venu me rendre visite, tu avais une heure devant toi. Notre moment devenait intime et, ne me mens pas, je sentais ton érection naissante. Ton portable a sonné, tu as préféré partir pour ce qui pouvait attendre quelques minutes de plus. Tu as choisi un dossier plutôt que moi.

-Ça ? Tu l'as mal interprété. C'était le dossier du mois, Jade. À ne pas louper. Nous pouvons continuer ce moment ce soir. Ou ne pas manger, aller à l'hôtel.

-Charlie... Tu réalises ? Tu me proposes de louer une chambre pour continuer nos ébats alors que je viens de rompre. C'est fini.

-Jade, non, s'il te plait. Je ferais tout pour toi. Je vais te rendre heureuse et passer plus de temps avec toi. Je m'organiserai. Ne romps pas. Par pitié.

-Si Charlie, c'est fini. Je ne peux plus te mentir. Excuse-moi.

Je me lève et m'en vais la tête haute et sans me retourner. Je ne veux pas voir sa tête. J'ai été très diplomate et je ne l'ai pas jeté comme du poisson pourri. Je pense avoir été sincère avec lui et continuer cette relation malsaine n'était pas bon. Autant pour lui que pour moi. Ni pour Raphaël. Je lui devais. J'ai à peine marcher deux cent mètres que je reçois déjà un appel, puis deux et je finis par éteindre mon portable pour être tranquille. Je connais Charlie, il va continuer de me harceler jusqu'à ce que je craque. Hors, pour aujourd'hui, je ne veux plus entendre le son de sa voix. Je retourne au travail, plus légère mais avec une anxiété qui grandissante.

L'après-midi se déroule beaucoup moins bien et les touristes n'arrangent rien à mon humeur de chien. Pourtant, je suis au boulot et je dois me contrôler. Ce n'est pas simple, je suis plutôt impulsive de nature mais je dois apprendre à gérer mes émotions. Ce qui se passe dans ma vie privée doit y rester. Je rentre chez moi, la boule au ventre; Charlie a déjà probablement contacté toute ma famille pour leur annoncer. Il est ainsi. Jamais il ne cherchera à obtenir des explications seul. Il aime être soutenu par ses proches et les miens au passage. Froussard comme il est, il ne voudrait pas affronter une personne tout seul. Raphaël faisant exception à la règle. Je ne crois pas une seconde qu'il revienne me voir en me suppliant de rester avec lui. Il a besoin de se faire mousser par les autres pour se sentir prestigieux et au-dessus de tous. Enfin, c'est Charlie quoi. Je m'y suis faite à la longue. Quand on aime une personne, on prend tout, défauts compris. J'aimais Charlie. Aujourd'hui, même si c'est fini, je garde un peu d'estime pour lui. Il a été mon petit ami pendant plus de trois ans et il a tout de même son importance dans ma vie.

JadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant