Jade

Chapitre 19

Jade

-Victor Hugo a publié Les Misérables en 1862 et c'est l'un de ses plus grands succès. C'est un chef d'œuvre de la littérature française. Il veut dénoncer dans ce roman, la vie des pauvres, des misérables dans Paris et en province au XIXème siècle.

Je continue ma visite avec la vingtaine d'élèves de première littéraire. Tous ont l'air de s'ennuyer à mourir. Je ne critique pas, j'étais presque à l'identique à leur âge, mais en tant que guide, c'est blessant de faire ce travail quasiment dans le vide. Je finis ma visite avec soulagement et retourne vers l'accueil, remerciée par les professeurs.

Ce soir, nous sortons entre collègues pour mon anniversaire. J'aurais vingt-deux ans, demain, le 16 mai. Je tenais à le fêter avec eux autour d'un petit verre. Je sortirai au restaurant demain avec ma famille et probablement Jules. Je pars récupérer mon manteau au vestiaire et rejoins mes collègues à l'extérieur. Je vais enfin pouvoir profiter de ma vie de jeune. J'en ai fini d'être triste et malheureuse. Je veux revivre, m'autoriser à trouver quelqu'un qui va me rendre heureuse et être amoureuse. Ma vie a tellement été un désastre durant ces six dernières semaines.

Purement incomprise par mes proches, je me suis repliée sur moi-même et je n'ai fait que travailler, lire et ne plus sortir de cette routine. Je ne me suis autorisée aucun écart, aucune sortie. Je suis redevenue Jade De Montargie. Oui, il avait réussi à dissocier Jade et De Montargie. Seul lui l'a fait et en est capable. Pourtant il n'a donné aucun signe de vie depuis ce dernier coup de téléphone où je lui ai demandé d'aller se faire voir. Tant mieux car je ne veux plus de lui.

J'ai beaucoup pleuré, je n'ai pas mangé durant deux jours. Je n'ai pas ressenti de haine véritablement. Un manque oui, un besoin de le frapper aussi. Pourtant je ne pensais pas être autant attaché à lui mais il faut croire que je m'y suis accrochée telle une sangsue. Après une semaine, honnêtement j'ai fini par l'oublier. Même si je lui sauterai probablement au cou - ou peut-être à la gorge - si je le revoyai, je ne sais pas si j'en ai l'envie. Jules m'a suffisamment consolé et je ne veux plus l'importuner.

Je prends le taxi avec mes deux collègues et nous nous arrêtons devant une brasserie qui me parait des plus sympathiques. Même si je suis redevenue Jade, la petite bourgeoise, j'aime toujours ces endroits conviviaux et familiaux. Je m'y rends de temps à autre avec Jules et passe d'excellents moments. Nous prenons place au bar et on nous sert trois monacos. Je passe un réel bon moment et nous rions d'anecdotes loufoques sur notre travail. Ils sont si simples comparés à moi. Je me prends beaucoup trop la tête au quotidien et je dois remédier à ça.

-Tiens, c'est pour toi.

-Vous m'avez fait un cadeau ? C'est très gentil !

-C'est normal.

J'ouvre le sac et découvre un très joli foulard vert anis. J'adore la couleur. Je l'enroule immédiatement autour de mon cou et remercie mes collègues. Après une seconde tournée, nous rentrons chez nous et je m'effondre sur mon lit, exténuée.

Demain est le jour de mes vingt-deux ans. J'espère être avec ma famille pour ce moment spécial. Mais j'ai tout comme un mauvais pressentiment sur cette journée et je ne me trompe que rarement.

Je me réveille, joyeuse. Qui n'aime pas le jour de son anniversaire ? Je saute du lit, me coiffe et m'habille rapidement. Je descends à tout allure en cuisine croisant Émeline et Sarah.

-Bon anniversaire Jade ! Très belle journée à toi.

Je les remercie, déposant un baiser sur leur joue et me précipite en cuisine. Marilou fait toujours un petit-déjeuner topisssime pour mon anniversaire. J'ai vraiment hâte. À peine, entrée dans la cuisine, je sens déjà les bonnes odeurs. Elle a encore fait des merveilles, j'en suis convaincue.