Tiago
Nous sommes dans le métro parisien en direction de la gare Montparnasse. Kieran, mon meilleur ami depuis bientôt deux ans, ne pouvait se libérer pour accompagner sa sœur à la gare. M'ayant demandé, comme un service, de m'assurer qu'elle prenne le train sans encombre, je me suis gentiment dévoué à escorter cette belle jeune femme. Eh oui, je ne peux pas le nier, elle m'a tapé dans l'œil. Malheureusement, je ne suis pas certain que cela soit réciproque. Surtout quand j'analyse sa façon d'être avec moi depuis que nous avons quitté ses parents. Elle est distante et parait presque effrayée en ma présence. Nous sommes pourtant dans un lieu où il nous est impossible de nous isoler à l'abri des regards. Le métro parisien est toujours bondé, encore plus en cette fin d'après-midi. Difficile de circuler le long de ces interminables couloirs souterrains à cette heure de pointe.
La première fois que j'ai rencontré la sœur de Kieran, je l'ai immédiatement trouvée magnifique, attirante, mystérieuse et... inaccessible. Bien trop souvent, elle m'a fait comprendre que je ne lui plaisais pas, que je n'étais pas son type d'homme. Mais à d'autres moments, je me suis aperçu de ses regards prolongés, insistants, qui m'ont fait penser tout le contraire. Elle m'obsède depuis plus d'un an, depuis que je l'ai rencontrée le premier janvier de l'année précédente. Kieran avait préparé une petite soirée avec nos amis de fac et bien évidemment, ne voulant abandonner sa petite sœur, elle l'avait accompagnée. Je n'oublierais jamais l'effet qu'elle m'a fait lorsqu'elle est arrivée à son bras, dans cette robe rouge bien plus que sexy.
Elle était éblouissante, tous nos amis ont dû penser la même chose que moi. Ils l'ont dévorée des yeux toute la soirée. A aucun moment elle n'a paru s'en soucier et n'a répondu à aucune avance. La robe osée qu'elle portait ce soir-là ne correspondait pas à son caractère réservé. Etait-ce une façade ? N'a-t-elle pas voulu se lâcher en présence de son frère ou a-t-elle mis cette foutue robe sans prendre conscience de l'effet qu'elle pourrait avoir sur la gente masculine dans une telle tenue ? Encore aujourd'hui, aucune réponse digne de ce nom ne m'est apparue.
Nous arrivons enfin sur le quai, après un long trajet durant lequel elle n'a pas prononcé un mot. Le départ de son train est prévu dans quelques minutes. Les mains moites de ne pas savoir comment lui dire au revoir, j'attends patiemment qu'elle me mette sur la voie en prenant la parole ou même en me souriant. Malheureusement, elle reste là, une main posée sur la poignée de sa valise qu'elle a refusé que je prenne, l'autre accrochée à son sac à main, fixant sans le voir le tableau d'affichage. Au moment où elle se tourne enfin vers moi, je m'attends à tout sauf à ce qui va suivre. Elle me fixe d'un regard empli de regrets. Je suis persuadé que des larmes pointent au coin de ses beaux yeux verts. Elle les retient tant bien que mal en prenant enfin la parole, des sanglots dans la voix.
— Je suis désolée Tiago, je dois y aller. Si j'attends plus longtemps, mon TGV va partir sans moi. Tiens, prends ça. Salut.
Elle me tend une clé USB et une enveloppe qui, je le suppose, doit contenir une lettre. Elle se hisse sur la pointe des pieds et dépose un léger baiser sur ma joue. Si léger, si bref, que je croie un moment l'avoir imaginé, rêvé. Mais je sais que c'était bel et bien réel. Ma peau brûle à l'endroit précis où elle a posé ses lèvres si douces. Puis elle monte dans le train et disparaît. Elle ne me laisse pas le loisir de lui répondre et de lui dire au revoir comme il se doit. J'aurais tant aimé poser mes lèvres sur ses joues roses qui semblent si douces et la serrer contre moi. Bon c'est vrai, j'avoue, ce sont ses lèvres que j'aurais aimé embrassées, ainsi que toutes les parcelles de son corps. De toute façon, il est trop tard. Elle ne m'en a pas laissé le temps. La sonnerie du départ retentit et les portes se referment sur cette belle brune, pleine de mystères.
Azilis, c'est ainsi qu'elle se prénomme. La première fois que j'ai entendu son prénom, je l'ai immédiatement trouvé magnifique, tout comme elle. Il lui va à ravir.
Je reste là un moment, un long moment, trop long moment, à me rappeler que je ne la reverrais pas de sitôt, peut-être même jamais. Elle est partie, disparue dans ce foutu train à quelques centaines de kilomètres de moi. Une partie de mon cœur l'accompagne, même si elle l'ignore, moi j'en suis conscient. Si seulement elle m'avait laissé lui montrer comme je pourrais être doux, tendre et attentionné. Et tant d'autres choses encore. Tout ce qu'elle voudrait de moi elle l'obtiendrait. Comment peut-on être accro à une fille que l'on a vue que trois fois dans sa misérable vie ? Telle est la question. Quelle est la réponse ? Aucune idée.
Reprenant mes esprits, je m'aperçois que son train a quitté la gare depuis... plus de vingt minutes. Je suis resté là, au milieu du quai, tout ce temps en ignorant la vie qui suivait son court autour de moi. Je me hâte de rentrer chez moi afin de découvrir ce qu'elle m'a laissé. Ma chambre, sur le campus, est assez spacieuse. Après avoir installé mon lit, un bureau et une armoire, j'ai encore assez d'espace pour circuler. Dernièrement, j'ai même investi dans une bibliothèque pour y ranger tous les romans que je ne cesse de dévorer.
Je m'installe à mon bureau. D'une main tremblante, je branche la clé USB sur mon ordinateur et lance le fichier. Les accords d'une douce mélodie s'élèvent, bientôt accompagnés d'une voix féminine que je reconnais aussitôt, celle de Nolwenn Leroy, l'une des chanteuses préférées d'Azilis. Je suis certain que les origines de la chanteuse y sont pour beaucoup.
Azilis et sa Bretagne. D'après ce que j'ai pu comprendre, c'est une grande histoire d'amour. Sa seule et unique histoire d'amour d'ailleurs. C'est si triste. Tout en écoutant attentivement les paroles que prononce la chanteuse, j'ouvre l'enveloppe qui contient effectivement une lettre écrite de sa main.
Tiago,
Ne m'en veux pas d'être partie comme ça, je ne pouvais pas faire autrement. J'ai essayé de te faire comprendre que je ne suis pas une fille pour toi, mais je ne suis pas sûre d'y être parvenue. Tu trouveras sur la clé un fichier audio contenant une chanson intitulée « Je ne serais jamais ta Parisienne ». Je pense que les paroles parleront mieux que moi. Je ne suis pas faite pour Paris, pas faite pour toi. Alors écoute et... oublie-moi. Je suis persuadée que tu trouveras quelqu'un qui te conviendra, bientôt, et qui te rendra heureux. Adieu.
Azilis
Je ne sais pas trop ce que je dois penser. Ce putain de mot « Adieu » à la fin de sa courte, trop courte lettre, ne me laisse aucun espoir. Je me demandais encore, il y a moins d'une heure, si je la reverrais un jour. J'ai à présent la réponse, qui est loin de me convenir mais que je ne peux ignorer. Elle me demande clairement de l'oublier et si j'ai bien compris le sens de cette chanson, elle ne pourra jamais être heureuse à Paris, elle ne peut vivre qu'en Bretagne, là où le chant de la mer la berce et la rend heureuse.
Comment rivaliser avec cet amour si fort qu'elle porte à sa région alors qu'elle ne me laisse manifestement aucune chance de lui prouver que l'on peut aimer un endroit ET une personne tout à la fois ? C'est bien trop compliqué pour moi, je n'ai plus qu'à faire ce qu'elle me demande, l'oublier.
Comme si c'était si simple...
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Voilà je vous situe un petit peu ce qui se passe, je sais le prologue est un peu court. Ne vous en faites pas les chapitres seront un peu plus longs.
J'essaierais de publier fréquemment, au moins deux fois par semaine.
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.
Pour ceux qui se demandent pourquoi j'ai mis cette chanson, c'est tout simplement parce que toute l'histoire que vous allez lire m'a été inspirée par cette chanson. Mon imagination a bien entendu fait la suite, mais le début vient de là.
A très bientôt. Bisous 💋
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Inaccessible Bretonne Tome 1 (Terminé)
Romance« Je ne veux plus jamais tomber amoureuse, c'est fini. Mon cœur est mort à l'intérieur. Des années que je suis devenue insensible et ça me va très bien comme ça. » Voilà où en sont les résolutions d'Azilis. Mais c'était sans compter sans ce mystérie...