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Azilis

Nous sommes début mars, voilà deux semaines que je suis rentrée. Les vacances chez mes parents ne m'ont pas vraiment réussi. Il faut souligner que je n'entretiens pas de très bons rapports avec eux et surtout que je déteste Paris. Les cours ont repris, je suis à la faculté de Lettres de Saint-Brieuc, et je vis dans un petit deux pièces à quelques kilomètres de là. J'ai la chance d'avoir des parents qui ont très bien réussi leurs carrières professionnelles. De ce fait, ils ont bien assez d'argent pour financer mes études et me payer le loyer de cet appartement, ainsi que tous mes frais.

Pour ceux et celles qui se le demandent, je m'appelle Azilis, j'ai 20 ans et je suis une Bretonne. Mes parents et mon frère vivent à Paris depuis six ans maintenant. Mon père a été muté là-bas, à la demande de ma mère qui ne pouvait plus rester dans notre maison de famille après y avoir trouvé son mari et sa maîtresse dans le salon. J'ai dû les suivre, contre ma volonté. Merci papa. Après un an de scolarité dans un collège parisien, je n'ai plus supporté cette ville et j'ai demandé à être en pension en Bretagne. Je voulais à tout prix rentrer chez moi.

Après plusieurs accrochages, disputes, argumentations et j'en passe, ils ont fini par accepter que je rentre chez moi. Sauf pour la pension. Ça a été rédhibitoire. La seule option qu'ils m'ont proposée était de m'installer chez mes grands-parents paternels. Ce que je me suis bien évidemment empressée d'accepter. A ma majorité, ils ont accepté que je m'émancipe et m'ont loué mon petit chez moi. Et, depuis cinq ans, je suis de retour sur mon sol natal.

Cet après-midi, je n'ai pas à aller à la fac, mon prochain cours n'aura lieu que demain à neuf heures. Je vais profiter de ce temps libre pour rendre visite à mes grands-parents, cela fait un moment que je ne les ai pas vus. Ils habitent à Saint-Cast-le-Guildo, ville balnéaire située entre Saint-Brieuc et Saint-Malo. Je sors de mon appartement, et monte dans ma voiture stationnée sur le parking. Mon père m'a acheté cette belle petite voiture, une Peugeot 207 toutes options, avec sièges en cuir, en guise de cadeau pour mes dix-huit ans. Je me glisse derrière le volant et démarre. Je serais chez mes grands-parents d'ici trois quarts d'heure environ.

La route se passe sans encombre et comme prévu, quarante-cinq minutes plus tard, je me gare devant la maison de mes grands-parents. Ils m'ont vue arriver et se dirigent vers ma voiture pour m'accueillir. Mes grands-parents sont encore jeunes, enfin autant que peuvent l'être des grands-parents. Mon grand-père, Gildas, âgé de soixante-cinq ans est encore très alerte et ne veut pas vieillir ni grandir. Il a souvent le comportement d'un adolescent, ce qui est attendrissant.

Ma grand-mère, Glwadys, âgée de soixante-trois ans, paraît bien plus jeune, beaucoup ne lui donnent pas loin de cinq à dix ans de moins, ce dont elle est très fière. Ce sont les parents de mon père, malheureusement je n'ai jamais connu ceux de ma mère, décédés avant ma naissance.

Ils attendent tous deux, impatients, que je sorte de ma voiture. A peine sortie, ils se jettent littéralement sur moi pour me prendre dans leurs bras et m'embrasser. Ils m'étouffent mais je ne le leur reproche pas, ils sont si heureux de me voir que je ne veux surtout pas gâcher leur bonheur.

Notre départ pour Paris leur a vraiment fait un choc. Ne plus nous voir tous les week-ends les a beaucoup attristés. Lorsque je suis revenue, seule, en Bretagne, j'ai vécu chez eux durant trois ans. Mes années lycée. J'ai pu finir mes études secondaires là où elles avaient commencé, avec tous mes amis. Mais ce n'était plus pareil. Un an loin d'eux avait tout changé.

Puis j'ai pris mon indépendance et ai emménagé dans mon appartement à Saint-Brieuc pour la fac. Je revenais régulièrement les week-ends et passais la plus grandes partie des vacances scolaires chez mes grands-parents, pour leur plus grand plaisir, et le mien.

Inaccessible Bretonne Tome 1 (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant