Inaccessible Bretonne Tome 1 (Terminé)

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Azilis

Fin juin, l'année scolaire est enfin terminée, les vacances d'été sont bel et bien là. Ces quelques mois à discuter avec mon inconnu n'ont pas changé ma façon d'être, à part envers lui. Avec lui je suis sympa, limite tendre, ce qui ne me ressemble en rien. Mes amis, ou mes fréquentations sur le campus, vous diront de moi que je n'éprouve aucun sentiment, que je suis superficielle et insensible. Oui, c'est l'image que je donne de moi et je l'assume pleinement. Je couche toujours avec autant de mecs.

Les conversations que j'ai avec mon inconnu sont toujours simples. Nous parlons des cours, du temps qu'il fait et il m'écrit très fréquemment que je lui manque. Il ne me demande jamais de lui parler de mes amis et j'ai appris à faire de même. Je pense qu'il a peur qu'en apprenant le nom de certaines de ses connaissances, je découvre son identité. Je n'ai toujours pas réussi à lui faire dire ce qu'il s'était passé pendant toute sa période de silence, mais je ne désespère pas, je finirai par le savoir.

Ce soir, l'équipe de football organise une fête, la dernière avant septembre. Toute la bande sera présente et j'ai bien l'intention de finir l'année scolaire en beauté. Youna est chez moi et nous nous aidons mutuellement à nous préparer. J'ai ressorti ma robe fuchsia au décolleté plongeant et au dos nu ravageur. Sa longueur ne correspond pas à ce que porterait une jeune fille de bonne famille. Mais elle me représente bien, les regards des hommes se porteront sur moi, c'est tout ce dont j'ai besoin.

Youna, qui a choisi une robe blanche bien plus sage que la mienne, essaie tant bien que mal de me réfréner, n'ayant pas la même vision que moi sur les hommes. Cherchant le grand amour avec un grand "A" comme elle le dit si bien, elle ne conçoit pas que je puisse collectionner les mecs ainsi. C'est pourtant ma façon d'être.

Mon comportement ne change pas. Seulement avec mon inconnu. Youna s'en est aperçu. Comment ? Je l'ignore. Toujours est-il qu'elle sait, ou devine, qu'avec lui tout est plus simple. De temps en temps, elle me refait son petit moment psycho et réussit à me faire mettre des mots sur tout ce que je ressens. Tous ces sentiments dont je ne veux pas mais qui se battent en moi et ne cherchent qu'à exploser.

Elle a un don. Comment s'y prend-elle pour me faire dire à haute et intelligible voix ce que ma conscience est incapable d'exprimer ? A plusieurs reprises, je lui ai dit qu'elle aurait dû faire des études en psychologie et non en lettre comme moi, mais elle m'assure qu'elle ne changerait de voie pour rien au monde.

De plus, si elle réussit à me faire dire tout ce que je ressens, ce n'est pas parce qu'elle est douée en psycho, mais surtout parce qu'elle me connait depuis toujours. Enfin, c'est sa ligne de défense lorsque je la taquine sur le sujet.

Nous sommes fin prêtes, et à l'heure. Youna, plus belle que jamais, monte dans ma 207, côté passager et je m'installe derrière le volant. Nous écoutons de la musique latino dans la voiture, je monte le son à fond. Nous dansons sur nos sièges, nous sommes plus que déchaînées ce soir. Je stationne ma voiture devant la maison des joueurs de l'équipe de la fac et Youna me retient, posant sa main sur mon avant-bras au moment où je m'apprête à ouvrir ma portière.

— Un problème Youna ?

— Juste une question, avant qu'on aille s'amuser à cette dernière soirée.

Son ton est calme et bien trop sérieux. L'inquiétude et l'impatience se mêlent en moi, dans l'attente de cette question qui ne franchie pas ses lèvres.

— Je t'écoute. Qu'est-ce que tu veux savoir ?

Elle prend une profonde inspiration et plonge son regard intrusif dans le mien, avant de reprendre la parole.