Inaccessible Bretonne Tome 1 (Terminé)

7

Azilis

A la fin des cours, je reste un peu à l'écart du bâtiment avec Youna. Une nouvelle fois en demande de conseils.

— Azilis qu'est-ce qui t'arrive ?

— Rien, ça va. Ne t'inquiète pas Youna.

— Pas à moi ! Je vois bien que quelque-chose te tracasse. C'est encore lui, c'est ça ?

Le ton de sa voix est tellement empreint d'inquiétude que je n'entends même pas les paroles qu'elle prononce, ne comprenant pas un traître mot de sa question.

— Lui ? De qui tu parles ?

— Ne fais pas l'innocente, tu sais très bien de qui je parle. Le type aux textos.

— Il m'en a encore envoyé, si tu veux tout savoir. Et ça me perturbe.

— Je vois ça ! Aller laisse-moi lire !

Je lui tends mon portable, qu'elle déverrouille, et elle lit les derniers messages. Son visage exprime tout à fait son étonnement, puis un sourire immense se dessine sur ses lèvres, ne m'inspirant aucune confiance.

— Waouh ! J'y crois pas, il est love de toi ma parole ! Et t'as super bien choisi, Mystérieux, ça lui va trop bien ! Bonne idée !

— Oui, ça lui va plutôt bien, c'est vrai. Mais ses sentiments, c'est pas fait pour m'arranger. Tu sais bien que moi et les sentiments ça fait quatre.

Elle me fixe de ses grands yeux un instant, l'air étonné de ma réplique, et explose de rire.

— Quatre ! Oui, au moins ça ! Mais je te l'ai dit, laisse-toi faire, ça ne t'engage à rien.

Elle relit les messages une fois encore en reprenant son souffle. Son visage change subitement d'expression, me laissant apercevoir un voile de tristesse au fond de son regard bleu azur.

— Et, apparemment, il te connait mieux que moi. C'est quoi ces cauchemars ?

— Ne me pose pas de questions. Youna, s'il te plaît, je la supplie, les mains jointes.

— Ok, je laisse les cauchemars de côté.

J'ai toujours apprécié sa façon à elle de m'écouter, d'être là pour moi lorsque j'en ai besoin, tout en me laissant assez d'espace pour avoir mon jardin secret. Le fait qu'elle n'insiste d'aucune façon pour comprendre ce que sont ces cauchemars, alors qu'un inconnu possède cette information, me touche bien plus que je ne le lui dirais jamais. Faisant abstraction de toutes les questions qui doivent lui brûler les lèvres, elle me prodigue à nouveau ses conseils, comme la véritable amie qu'elle est pour moi.

— Je me répète, mais tu as besoin de l'entendre : laisse... toi... faire.

— Facile à dire, je ne sais même pas quoi lui répondre.

— Vu ce qu'il t'a écrit, je lui enverrais un message gentil pour changer, m'intime-t-elle avec un petit clin d'œil de connivence.

Exaspérant !

Comme si je ne savais qu'être désagréable, méchante. Bon, j'avoue que la gentillesse n'est pas la première qualité que j'utiliserais pour me décrire, loin de là. Mais être douce et gentille avec mes amis m'est déjà souvent difficile, alors avec un inconnu. Autant dire mission impossible. Elle a pourtant raison, toutefois, hors de question que je l'admette. Je réponds de la seule façon que je connaisse lorsqu'on me pousse dans mes retranchements : l'agressivité. Pauvre Youna.

— Dis tout de suite que je ne suis pas gentille !

— Désolée. Mais on ne peut pas dire que ce soit ta plus grande qualité, me lance-t-elle avec son petit sourire espiègle qui lui va si bien.