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Azilis

Je me réveille en sursaut en plein milieu de la nuit, encore une fois. Je n'en peux plus de ces cauchemars, bientôt six ans que ça dure. Je suis allée consulter un psychologue à l'époque, simplement pour faire plaisir à mes parents. Cela n'a rien changé, comme je m'y attendais.

Rien ne pourra m'enlever ces horreurs de la tête, les images sont là et ne veulent pas disparaître. Elles sont ancrées au plus profond de moi et se manifestent toujours quand je suis sans défense, dans mon sommeil. Je n'ai pas le choix, je dois apprendre à vivre avec. Mais c'est si difficile, mes nuits sont si courtes. La fatigue se ressent un peu plus chaque jour.

Plusieurs nuits par semaine, je me réveille, en sueur, mettant quelques instants pour constater que je ne crains rien, que je suis seule dans mon lit, sous ma couette. Au début, lorsque j'habitais Paris avec ma famille, je réveillais mon frère par mes cris, chaque nuit, des fois même plusieurs fois par nuit. Il me consolait comme il le pouvait et attendait près de moi que je me rendorme.

Ensuite, mamy et papy ont pris le relais lorsque je suis allée vivre chez eux. Ils me rassuraient comme ils le pouvaient, même si eux, contrairement au reste de ma famille, ne savaient pas ce que comportaient mes cauchemars.

A présent ils ne sont plus là pour me réconforter et il est rare que je réussisse à retrouver le sommeil. Heureusement pour moi, je fais beaucoup moins de cauchemar qu'il y a six ans. Mais l'épuisement se fait ressentir.

Il est très rare que je puisse dormir plus de six heures consécutives. Lorsque c'est le cas, c'est que je suis allée à une fête, que j'ai bu et que je me suis couchée tard, ou très tôt le matin. Je dors alors d'un sommeil sans rêve, sans cauchemar, et c'est totalement génial, rare mais génial. Certainement l'une des raisons pour lesquelles j'aime tant faire la fête.

Je me lève et vais dans la cuisine me servir un verre d'eau. La pendule, suspendue sur le mur au-dessus de la table, indique 5h18. Cela ne sert à rien que je retourne me coucher, mon réveil sonnera dans un peu plus d'une heure, et il me faudrait bien plus de temps que cela pour réussir à me rendormir.

Je pars sous la douche. L'eau chaude ruisselant sur mon corps me décontracte un peu. Je ne pensais pas être si tendue. Après la nuit que je viens de passer, rien d'étonnant à ce que tous les muscles de mon corps soient endoloris. J'aurais couru un marathon que je n'aurais pas été si épuisée, aussi bien physiquement que moralement. Après plus d'une demi-heure sous l'eau brûlante, je sors de la douche et me sèche.

Je retourne dans ma chambre, une serviette enroulée autour de moi, et me plante devant mon armoire. J'ai tout le temps de choisir ma tenue, alors autant en profiter pour prendre les vêtements qui mettront ma silhouette en valeur. Plaire est un remède miracle, à ma connaissance, seule solution pour me faire oublier mes soucis, j'adore ça.

Je saisis un jean noir et un petit top turquoise sur lequel je porterais mon gilet noir. Je m'habille, prenant tout mon temps, aucun besoin de me presser, les cours commenceront seulement dans une heure. Une fois habillée et maquillée, je jette un coup d'œil dans le miroir et observe mon reflet. Je suis satisfaite de l'image que je renvoie, mon jean me moule à la perfection et ce petit haut a un décolleté plongeant qui va attirer les regards.

Tout le monde pense que je ne suis qu'une fille facile, ce qui est totalement faux. C'est simplement l'image de moi que je veux leur donner. Personne ne me connaît vraiment, pas même Youna, qui est pourtant ma meilleure amie, et ce depuis l'école maternelle. Elle me connaît bien mieux que le reste de mes amis, c'est vrai, mais ne connaît pas toute mon histoire. En fait, s'il existait une personne qui sache tout de moi, à part moi bien entendu, ce serait une combinaison de Youna et de mon frère.

Inaccessible Bretonne Tome 1 (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant