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Tiago

La journée d'hier s'est relativement bien terminée. Après une longue balade à cheval, de plus de deux heures, en compagnie de Tegan, nous avons pris notre repas et sommes restés des heures à discuter, jusque très tard dans la nuit. Tegan, Lisa, Yann, Mathis et moi sommes devenus inséparables. Je me souviens encore de l'été dernier, comme si c'était hier. Yann était fou de jalousie, persuadé que je voulais lui voler Tegan, l'amour de sa vie. Nos rapports, très conflictuels, avaient beaucoup évolué l'été dernier.

Lorsque je suis reparti, avec mes parents, nous étions devenus amis. Il avait fini par comprendre que Tegan ne serait jamais rien d'autre qu'une amie, une très grande amie, une sœur même. Je suis heureux de les voir ensemble ces deux-là. Malheureusement, constater leur bonheur me ramène à ma douloureuse histoire d'amour. Si je peux la nommer ainsi, une histoire d'amour décrit l'idylle de deux personnes qui s'aiment, seulement je crois que je suis le seul à aimer.

Azilis éprouve peut-être quelques sentiments pour moi, mais certainement pas aussi forts que les miens. Sinon je serais avec elle en ce moment.

Il est six heures du matin et je suis déjà réveillé, nous ne partirons pas avant huit heures, peut-être même plus tard encore. J'ai été réveillé par un doux et merveilleux rêve, dans lequel Azilis partageait la passion que je lui voue. Un rêve, à priori inaccessible. Je ne peux m'empêcher de me demander si elle fait toujours autant de cauchemars, s'ils sont toujours aussi terrifiants. Malgré la distance qui nous sépare, je ne peux m'éviter de penser à elle, de jour comme de nuit, consciemment comme inconsciemment. N'ayant pas envie de me torturer plus longtemps, à me poser des questions auxquelles je ne trouverais pas de réponses, je décide de me lever et de descendre prendre mon petit-déjeuner. Je sors de mon lit et enfile un jean et un tee-shirt, avant de descendre l'escalier qui mène au rez-de-chaussée. A ma grande surprise, je ne suis pas le seul à être debout aux aurores, Tegan est déjà là, toute fraîche et déjà en tenue d'équitation.

— Et moi qui pensais que je serais le seul debout à une heure si matinale.

— Tu t'es trompé jeune homme, je suis toujours la première levée ici, surtout quand on part en randonnée !

Elle passe à côté de moi, ses longs cheveux blonds, retenus en queue de cheval, m'effleurent le bras. Elle s'affaire à la préparation de petit-déjeuner. Ce qui tombe à pic. J'ai une faim de loup ce matin.

— Je vois ça. Sinon, qu'est-ce que tu nous as préparé de bon ?

— Thé, café, pain, beurre, confiture. Je te sers quoi ? me demande-t-elle, une tasse de café au lait dans les mains.

— Un café au lait et une tartine beurrée avec de la confiture de fraise, s'il te plaît.

Elle me tend son café, auquel elle ne semble pas encore avoir touché.

— Tiens, voilà ton café. Pour ce qui est des tartines, voilà un couteau, je crois que tu sais t'en servir. Je te laisse te les préparer.

Toujours aussi serviable, à ce que je vois. Elle ne changera jamais. Dans ma vie, certaines choses sont immuables, Tegan en fait partie. De toute façon, je ne voudrais pas la changer. Elle a ses petits défauts, comme nous tous, mais tant de qualités.

— Merci Mademoiselle, quel égard envers ma petite personne, cela me touche beaucoup.

— Mais de rien mon Prince.

Sur ce, nous nous mettons à rire, de ce rire qui s'avère être inextinguible, nerveux. Plus nous nous regardons, plus nous rions. Plus nous rions et plus nous nous regardons. Nous voici repartis dans ce cercle vicieux, nos rires s'amplifiants de minute en minute. C'est Tegan, qui la première ferme les yeux et respire profondément, afin de mettre fin à sa crise de rires. Je prends exemple sur elle, quelques minutes plus tard, nous sommes à nouveau calmes et silencieux, devant notre petit-déjeuner.

Inaccessible Bretonne Tome 1 (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant