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Azilis

Je n'ai pas réussi à me rendormir, j'ai passé la plus grande partie de la nuit à lire et relire ce texto. Plus je le lis et moins je n'ai d'idée quant à l'auteur de ce message.

Inconnu : Je ne peux te dire qui je suis, la dernière fois que tu m'as vu tu ne m'as laissé aucune chance de m'expliquer. Je n'ai pas eu d'autre choix que de te voir partir, sans pouvoir m'exprimer. Alors cette fois je ne te laisserais pas le loisir de me mettre à l'écart.

Je ne lui ai toujours pas répondu, je ne sais pas quoi lui dire puisque la seule question qui me brûle les lèvres, en l'occurrence les doigts, c'est qui es-tu ? Mais il n'y répondra pas, alors pourquoi perdre mon temps. Je ne répondrais pas, je ne répondrais plus. Le temps qu'il ne me dira pas qui il est, je ne lui accorderais pas la moindre attention. Contrairement à ce que m'a conseillé Youna hier soir, l'ignorance sera ma meilleure défense.

Youna se réveille et se prépare rapidement après avoir avalé son petit-déjeuner. Moi, cela fait un long moment que je suis habillée, coiffée et maquillée. J'ai eu tout le temps nécessaire pour prendre soin de moi après ce cauchemar au milieu de la nuit. Nous sortons ensemble de mon appartement et prenons la route pour aller à la fac. La journée de cours se passe à un rythme lent, bien trop lent. Les minutes défilent à la vitesse des heures. Je regarde sans arrêt ma montre, je suis pressée que cette journée se termine, je suis épuisée et j'ai hâte de rentrer chez moi pour me reposer.

La dernière heure de cours touche à sa fin, ce n'est pas trop tôt. J'ai fait tout mon possible pour ne pas croiser Yaël aujourd'hui, je n'avais pas le courage ni l'énergie de m'expliquer avec lui. Je verrais cela demain. Je sais que je devrais m'excuser pour ma conduite de la veille, c'est la moindre des choses, mais je ne m'en sens pas la force aujourd'hui.

Je rentre directement chez moi, laissant Youna à la fac avec le reste de la bande. Je prends un plateau dans la cuisine sur lequel je dispose un verre de lait et des cookies au chocolat. Lorsque je ne vais pas bien, c'est mon remède miracle anti-déprime, à l'exception des garçons bien entendu.

Je suis tranquillement installée dans mon canapé, devant une série qui ne m'intéresse évidemment pas — ils ne passent que des navets à la télévision — lorsque quelqu'un sonne à la porte. Je ne veux voir personne, de ce fait je fais la morte et ne réponds pas. Mais la personne insiste lourdement, la sonnette retentit à nouveau, suivie d'éclats de voix.

— Aller Azilis, ouvre, je sais que t'es là. Il faut qu'on parle.

C'est Yaël, il s'est déplacé jusqu'ici pour avoir son explication. Il faut croire que le fait de l'avoir évité toute la journée n'a pas été assez évident pour lui. Il n'a pas compris que je ne voulais pas lui parler. Devant sa détermination, je cède, je me lève de mon canapé où j'étais si bien installée et me dirige vers la porte d'entrée que j'ouvre sans grand empressement.

— Qu'est-ce que tu fais là Yaël ? Tu sais bien que chez moi c'est pas un moulin, je veux personne dans mon appartement, je lui rappelle, d'un ton froid.

— Oui, ça je le sais. Tu sais, tes foutues règles, je les connais par cœur, et je sais qu'il ne faut surtout pas venir chez toi sans y avoir été invité.

— Si tu le sais, je peux savoir ce que tu fais là ? réponds-je en croisant les bras sur ma poitrine tout en lui lançant un regard noir.

Yaël fixe ses baskets quelques instants avant de reprendre la parole, apparemment incertain de son argumentaire. Tout cela ne m'incite pas à rester calme et courtoise.

— Il fallait que je te parle et comme t'as pas répondu à mes appels, ni à mon texto hier et que tu m'as évité toute la journée aujourd'hui, j'ai décidé de venir te trouver chez toi.

Inaccessible Bretonne Tome 1 (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant