Tiago
Nous sommes tous les deux assis, l'un à côté de l'autre, sur son canapé. Un magnifique sourire éclaire son visage, notre petit fou rire y étant certainement pour beaucoup. Elle est à présent parfaitement détendue.
J'espère que ce petit moment de distraction lui aura permis d'oublier cette question, à laquelle je n'ai aucune envie de répondre pour le moment. Elle plonge à nouveau son regard dans le mien, je n'y discerne plus aucune trace de colère, ce qui me rassure un peu. Je n'arrive pas pour autant à percevoir ce qu'elle ressent, un mélange d'inquiétude, de crainte et d'affection.
Cela j'en suis sûr et certain, elle m'aime bien, malgré ce qu'elle veut laisser croire. Ses yeux, si expressifs, la trahissent facilement, et je ne pense pas qu'elle s'en soit rendu compte. Je repose, toujours aussi délicatement, ma main sur son bras et attends sa réaction. Elle ne bouge pas d'un millimètre, sa peau frissonne sous mes doigts et ses joues s'empourprent légèrement. Je suis aux anges de voir que je lui procure de tels effets.
Je suis de nouveau perdu dans mes pensées, à rêver de ce que pourrait être notre relation, si elle se décidait enfin à exprimer ce qu'elle ressent, plutôt que de tout enfouir au plus profond d'elle-même, derrière cette carapace impénétrable.
Des images plus explicites les unes que les autres se succèdent dans mon esprit pervers. Je suis sur elle, m'enfouissant profondément dans son corps chaud et humide, elle est sur moi, me chevauchant comme un cheval sauvage... C'est à cet instant que le son de sa douce voix se fait entendre.
— Tiago, je te parle, tu rêves ou quoi ?
— Euh... Non, désolé, tu disais ?
Bien entendu je rêvais. Ne pouvant lui révéler l'objet de mes pensées libidineuses, je lui ai demandé poliment de répéter sa question. Quel parfait gentleman ! Me lancer des fleurs, rien de mieux pour le moral. Comme me disait souvent ma mère, on n'est jamais mieux servi que par soi-même.
— Je te demandais combien de temps tu comptes rester ici et où tu as prévu de loger.
Heureusement pour moi, elle a changé de sujet. Je ne me leurre pas, la question de la personne qui m'a aidée lors de la fête sera bientôt de nouveau posée. Mais pour le moment, j'apprécie cette courte trêve, réfléchissant à la réponse que je vais bien pouvoir lui fournir quant à mon hébergement.
Quand elle va comprendre mes intentions, je pense que son joli sourire va s'évanouir et que ses yeux vont encore lancer des éclairs. Gêné, je passe une main dans mes cheveux et fixe le sol avant de me replonger dans ses yeux verts.
— En fait, justement, puisque tu abordes la question... Je me demandais, si tu serais d'accord pour... Euh... Enfin, si je pouvais dormir sur ton canapé quelques temps, je t'avoue que cela m'arrangerait.
La bombe est lâchée. Attention à l'explosion ! Quatre... Trois... Deux... Un...
— Non, mais tu rêves tout éveillé là ! Il est hors de question que tu restes chez moi. Je ne sais pas où tu as été pêché une idée pareille.
Sa voix, parfois si douce, est à présent stridente et me vrille les tympans. Et cette question ! Pourquoi ne peut-elle pas me poser des questions simples qui ne la mèneront pas à piquer ces crises ? C'est tout Azilis, jamais de demi-mesure, tout dans l'excès ! Tout comme la quantité de mecs qu'elle s'est envoyé ces dernières années.
Ne pense pas à ça ! Ne pense pas à eux ! Elle n'avait aucun sentiment pour eux, ils ne représentent rien. Ne l'oublie pas.
— En fait, si je te le dis tu vas encore t'énerver.
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Inaccessible Bretonne Tome 1 (Terminé)
Roman d'amour« Je ne veux plus jamais tomber amoureuse, c'est fini. Mon cœur est mort à l'intérieur. Des années que je suis devenue insensible et ça me va très bien comme ça. » Voilà où en sont les résolutions d'Azilis. Mais c'était sans compter sans ce mystérie...