Inaccessible Bretonne Tome 1 (Terminé)

17

Tiago

Je m'installe à ses côtés, sur le canapé, me mettant légèrement de biais, je peux ainsi l'observer. Elle, qui avait les joues toutes rouges lorsqu'elle m'a ouvert la porte, se trouve à présent pâle comme un linge. Ma présence la met mal à l'aise, elle n'ose pas me regarder dans les yeux, les siens sont pourtant si beaux. Elle s'obstine à fixer la télévision, qui n'est même pas allumée, et ne prononce pas un mot.

Une nouvelle fois, elle se renferme dans sa bulle, derrière sa carapace, rejetant ma présence. Je ne la laisserais pas faire, elle voulait que je réponde à ses questions, je le ferais. Ce ne sera pas évident, elle piquera forcément quelques petites crises de colère, mais une fois passées nous devrions pouvoir discuter calmement. Enfin je l'espère.

Je me rapproche sensiblement d'elle, et pose à nouveau ma main sur son bras, dans un geste d'une infinie douceur. La crainte que j'ai eue en lui effleurant le bras disparait au moment où je constate que, cette fois, elle ne se dérobe pas. Elle tourne son visage vers moi, et je peux enfin plonger mon regard dans ses magnifiques yeux vert émeraude.

Ses lèvres s'entrouvrent, prenant une profonde inspiration. Ses yeux toujours fixés sur moi, j'entends enfin le son de sa voix, ma main toujours délicatement posée sur son bras. J'en profite pour caresser sa peau, aussi douce qu'une peau de bébé, du bout des doigts. Une fine chair de poule apparaît sous mes caresses.

— Tu vas répondre à mes questions ?

— Oui, je vais te dire tout ce que tu veux savoir, je te le promets.

— OK, donc première question : Qui t'a donné mon numéro ? Et ne te dérobe pas !

Elle ne perd pas le nord. Sans doute n'a-t-elle pas oublié que j'ai refusé de lui donner le nom de la personne qui m'a aidé. Si elle espère que je me soustraie à son interrogatoire et qu'elle me mette dehors, elle se fourre le doigt dans l'œil.

Maintenant que mes complices m'ont donné leur accord, la vérité, et seulement la vérité sortira de ma bouche. Ou presque, soyons honnête. Je ne vais pas lui annoncer que je rêve de lui arracher ses vêtements et de la prendre sauvagement sur le canapé !

— Ce n'est pas mon intention, je vais répondre honnêtement, et sincèrement, à chacune de tes questions. C'est Kieran qui me l'a communiqué.

— Kieran ? Mon frère ?

Son air étonné me surprend. Evidemment que son frère est dans la combine, il est devenu l'un de mes meilleurs amis. De plus il était le mieux placé pour me parler de sa sœur. Il veut ce qu'il y a de mieux pour elle.

Lorsque je lui ai dit que sa sœur m'intéressait, à la fin des vacances de février, il n'a pas eu l'air surpris. Au début, il a tenté de me dissuader de me rapprocher d'elle, de peur que je ne me serve d'elle pour mes besoins physiques. Puis, au fur et à mesure de nos conversations, il a compris que je ne voulais pas simplement la sauter. Que je voulais plus que ça avec elle, bien plus.

Je suis raide dingue de cette fille depuis bien trop longtemps. Il m'a alors épaulé pour que je puisse enfin me rapprocher de sa sœur. C'est vraiment un pote, le meilleur.

— Oui, ton frère qui d'autre !

— Quel traitre ! Il va me le payer ! Et très cher, fais-moi confiance !

Oh oui, je te fais confiance ma belle. Ma petite fougueuse ne se laisse jamais faire ! Cependant elle doit se détendre et oublier la colère qu'elle éprouve envers Kieran. Il n'a rien fait contre elle, au contraire. Son seul but est, comme moi, de lui prouver que l'amour existe encore.