Inaccessible Bretonne Tome 1 (Terminé)

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Azilis

Je lis et relis ce message, le dernier que j'ai reçu.

Mystérieux : Salut ma belle, je sais que ça fait un moment que je ne t'ai pas donné de nouvelles et je te prie de bien vouloir m'en excuser. Je suis sincèrement désolé. J'espère que je t'ai manqué, au moins un petit peu, et que tu vas bien. Pour ma part, tu m'as manqué, énormément. J'attends désespérément de tes nouvelles. Bisous.

C'est tout de même étrange que je reçoive un nouveau message aujourd'hui. Juste après avoir parlé à mon frère. Et Tiago qui utilisait justement son portable au moment où j'ai reçu ce nouveau texto. Je trouve qu'il y a trop de coïncidence, ce n'est pas possible. Un seul moyen d'en avoir le cœur net, c'est d'écrire à mon inconnu et d'observer les réactions de Tiago.

Moi : Salut. Oui, je vais bien. Mais comment se fait-il que tu ne m'aies donné aucune nouvelle pendant si longtemps ? Et oui, tu m'as manqué, un tout petit peu. Réponds-moi.

Et voilà, en plus j'ai été très gentille, même honnête sur mes sentiments. Je lui ai avoué qu'il m'avait manqué. C'est bien la première fois que j'admets que quelqu'un, autre que mon frère ou Youna, me manque. Et surtout que je le dis. Tiago, qui avait remis son téléphone dans sa poche après que j'aie reçu mon message, ne l'a pas ressorti depuis. Je n'ai pas entendu son portable sonner, il a très bien pu le mettre sur vibreur ou en mode silencieux.

Mon téléphone me signale l'arrivée d'un nouveau message, je vérifie rapidement qui en est l'expéditeur. C'est mon inconnu, ce n'est donc pas Tiago, il n'a pas touché à son portable. J'étais pourtant persuadée que c'était lui.

Une profonde déception m'envahit, une vague de tristesse me submerge. C'est ainsi qu'une larme, échappée par inadvertance, coule le long de ma joue. Tiago se tourne immédiatement vers moi et essuie délicatement ma joue à l'aide de la pulpe de son pouce.

Ce simple contact, semblable à une décharge électrique, ravive cette réalité douloureuse. Tous mes espoirs, mes fantasmes sur cet homme si bien bâti, se sont envolés en fumée : il n'est pas mon inconnu. La preuve est faite. Toujours penché vers moi, Tiago tente de comprendre la cause de mes larmes. En plus d'être beau comme un dieu, il est doux et attentionné.

— Ne pleure pas ma belle, tu as reçu une mauvaise nouvelle ? me demande-t-il de sa voix douce et chaude.

— Non, enfin si. En fait je ne sais plus, je ne sais pas. Je n'ai même pas lu le message qui m'était adressé.

Ma réponse, confuse à mes oreilles doit lui être toute aussi incompréhensible. J'aurais tout simplement envie de lui expliquer que je suis triste à en mourir qu'il ne soit pas mon mystérieux inconnu. Mais je ne peux rien lui dire, pas lui parler de tous ces messages que nous avons échangés.

Ça ne le regarde pas. Et puis, à part quelques sorties, lorsque je suis allée à Paris, je n'ai jamais vu Tiago. Je ne le connais pas vraiment. Même si je suis persuadée, au fond de moi, que c'est un type bien, je ne peux rien lui dire. Impossible de me confier à lui. Il tente tout de même de comprendre et m'interroge en me scrutant de ses yeux noirs.

— Si tu ne l'as pas lu, pourquoi te rend-il si triste ?

— Je pensais que l'expéditeur était quelqu'un d'autre. Du coup, je suis déçue de m'être trompée.

— Si ce n'est que ça, ce n'est pas bien grave. La personne de qui tu attends un message se manifestera sans doute plus tard.

Logique imparable. Si seulement c'était vrai.

— Non, c'est impossible, ce n'est pas lui, dis-je en reniflant.

Mes larmes coulent de plus belles, inondant mes joues et s'échouant sur mon jean, à présent teinté d'auréoles plus foncées. Cela fait bien longtemps que je ne me suis pas laissée aller ainsi. Et encore moins devant un homme que je connais à peine. Ça ne me ressemble pas et pourtant je ne trouve rien de gênant dans cette situation.