『He has sunk』 • kth+jjk ⊱terminé⊰

Chapitre 6

«J'ai dit, on descend dans deux arrêts.»

***

23:42
Dans un bus, Séoul

Taehyung.

Un long silence suit ma phrase, et l'ambiance devient alors pesante. Plus rien ne fait de bruit hormis le bourdonnement du véhicule, qui suffit à combler le silence. Le visage de mon interlocuteur semble se décomposer un peu plus à chaque seconde, tandis que je ne le quitte plus des yeux, amusé de sa réaction. Je devine aisément qu'il est complètement perdu, qu'il ne sait pas s'il doit prendre ma suggestion -que dis-je, mon choix- à la rigolade, et il est certainement en train de me traiter de tous les noms à l'intérieur de sa petite tête. Au bout de quelques minutes d'échanges tendus, les coins de mes lèvres se lèvent en un rictus taquin et j'ajoute, pour l'agacer davantage :

«Allô JungKook, ici TaeTae. Avez-vous besoin de renforts ?»

Mes yeux en amande se plissent davantage et de petites rides se forment en leurs coins. Il est tout bonnement impossible pour JungKook de me cacher quoique ce soit, et ce depuis toujours. Même après autant de temps passé loin de lui, je lis encore en lui comme dans un livre ouvert.

Je suppose qu'il en faisait de même pour moi, avant.

Néanmoins, malgré ses efforts surhumain pour garder cet air impassible qui lui va si mal, son visage de bambin finit par se tordre en deux ou trois grimaces insolites pour me faire remarquer sa mauvaise humeur. En cinq ans, il n'a toujours pas changé de stratagème. Il finit par me tirer la langue et se dresse rapidement sur ses jambes, m'obligeant à tourner la tête pour le regarder s'éloigner à grandes enjambées, vexé et décidé à faire la tête, visiblement.

«Tu vas où ? lui demandé-je à présent complètement retourné sur mon siège.»

Il m'ignore totalement et s'empare de la poignée verte pendouillant jusqu'à lors dans le vide, les yeux rivés vers la vitre ne donnant vue sur rien d'autre que le néant. Il ne va pas me faire croire que ça, ça le divertit. Il fait juste semblant pour se donner contenance et tenter de m'ignorer par le meilleur des moyens.

«Kookie ?»

Il continue de se moquer de ma présence, restant complètement de marbre. Ses yeux n'ont pas dévié ne serait-ce que d'un millimètre lorsque je l'ai appelé. Même son petit doigt n'a pas frémi. Il joue bien la comédie.

«On n'ignore pas ses aînés, tenté-je.»

Rien, aucune réponse, évidemment. Pas un soupir, pas un battement de cils, il fait exactement comme si j'étais inexistant. Apparemment, ma proposition lui a fait bien plus d'effets que prévu. À tel point qu'il a opté pour l'option «Je suis un caillou».

Je me lève de mon siège et m'approche lentement du petit brun, au rythme que les brèves secousses du bus me permettent. Une fois à sa hauteur je m'agrippe à l'une des barres non loin de lui, nous retrouvant épaule contre épaule, et bâille bruyamment. Il ne réagit pas. Je me gratte ouvertement la fesse pour attirer son attention mais, une fois de plus, il feint l'ignorance. Un gros soupir passe mes lèvres et je roule des yeux, à court d'idées.

«Bon... Kook', repris-je en tournant mon visage vers le sien.»

    Je ne sais pas si c'est la réduction du surnom que j'ai employé, mon timbre de voix ou bien qu'un quelconque souffle a réussi à gagner sa nuque lorsque j'ai tourné mon visage vers lui mais, enfin, il bouge l'épaule droite comme pour se débarrasser d'un frisson. Un sourire carnassier s'étire sur mon visage.