Chapitre 29

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«JungKook, chuchote-t-il d'un air suppliant, me dévorant presque du regard. Je suis affamé.»

***

Chez JiMin,
13:34.

JungKook.

Je sens la prise qu'il a sur mon poignet se resserrer progressivement tandis que, sans que ce soit de la faute de cette pression, ma peau se met à brûler. Son contact, certainement. Comme ça l'a toujours été. Comme ça le sera toujours. Je déglutis en louchant sur cette attrapée, avant de détourner le regard et souffler bruyamment pour espérer reprendre contenance. Je ne dois pas laisser cette douce chaleur naissante dans mon bas-ventre guider mes faits et gestes. Nous sommes trop abîmés pour cela.

«Ah, vraiment ? me repris-je en battant des cils, l'air indifférent. Et bien viens, justement, on nous prépare à manger.»

     Je me défais de sa prise et tourne les talons pour me diriger vers la cuisine, les lèvres pincées, essayant tant bien que mal d'ignorer mon cœur qui s'est mis à taper violemment contre ma poitrine. Qu'est-ce qui lui prend, d'un coup, à me fixer de la sorte ?

    Je souffle longuement en espérant qu'ainsi, mes poumons retrouvent leur faculté d'origine. Avec ses bêtises, j'en aurais presque oublié la faim qui m'assaille depuis déjà beaucoup trop longtemps à mon goût.

    Soudain, alors qu'un grognement sourd provenant de derrière moi me parvient aux oreilles et attire ainsi mon attention, mon aîné se saisit à nouveau de mon poignet et me tire à lui avant de me plaquer contre le mur, collant ainsi nos torses dans la volée. Surpris, les yeux ronds et mon rythme cardiaque ayant accéléré d'un coup, je papillonne des cils en plongeant mon regard dans le sien, médusé.

    Attends, Tae, tu fous quoi ? Ni ton état ni le mien ne peuvent nous permettre de faire quoique ce soit, tu en as bien conscience ?

     J'aimerais le lui dire, oui, ce serait pratique et sensé. Mais les mots ne parviennent pas à se traduire suffisamment tôt pour être prononcés à voix haute et le voilà qui fond ses lèvres sur les miennes, tout en inspirant une goulée d'air qui me laisse sans voix, comme si cette simple jonction de nos bouches lui permettait de se remplir de nouveau les poumons.

     C'est alors que je me surprends à répondre avidement à son baiser, les neurones complètement déconnectés et mon être tout entier étant arraché à la réalité. Je ne saurais pas l'expliquer, mais la sensation qu'il me procure, là, de suite, sa langue qui s'enfonce dans ma bouche et s'amuse à s'enrouler autour de la mienne, ses mains qui viennent caresser mon dos puis mes hanches, se faufilant subrepticement sous le vêtement que je viens tout juste d'enfiler, ses gestes les plus infimes et les, pourtant, moins originaux me rassérènent.

     Ne serait-ce que sa respiration, qui se fait de plus en plus sifflante mais qui, enfin, finit par ralentir lorsqu'il se détache de ma bouche dont les lèvres ont rougi tant elles viennent d'être maltraitées, signifie quelque chose. Le fait d'entendre et sentir ce souffle chaud, entrecoupé, me rappelle qu'il est bien là, à portée de main. Je n'ai qu'à lever le bras pour que mes doigts effleurent son visage meurtri.

    Sans me rendre compte, mes désirs se sont métamorphosés pour laisser place à du mouvement. TaeHyung ferme doucement les paupières à ce contact et, lentement, vient échouer son front contre le mien. Au premier abord, mon attention se porte sur son coquard, qui me fend le cœur. Je souffre pour lui, j'aurais tant préféré supporter ces coups à sa place. Mais très vite, l'image abîmée de cet homme en face de moi se fane et je revois ce visage ravissant qu'il aborde habituellement, son sourire tendre qui a le don de me faire frissonner, et je me mets moi-même à afficher un rictus niais sans cesser de cajoler sa pommette.

『He has sunk』 • kth+jjk  ⊱terminé⊰Où les histoires vivent. Découvrez maintenant