Au nom du Père - A Star Wars Fanfiction

Chapitre 1 - Cauchemars

Il avait beau dissimuler ce fait à la galaxie toute entière – Il avait beau se mentir à lui-même – les cauchemars étaient la preuve que Dark Vador avait encore un cœur.

C'était au moins une preuve pour lui. Mais c'en était une indésirable, un fantôme qui hantait son sommeil tourmenté à intervalles irréguliers, le frappant lorsqu'il ne s'était pas suffisamment épuisé à la tâche qui était de réduire au silence total le murmure de l'homme qu'il avait autrefois été. Mais pour lui, l'ancien « Elu » des Jedis et la seconde personne la plus crainte de la galaxie, la véracité de ces cauchemars avait été prouvée depuis bien longtemps. Oh oui, il possédait toujours un cœur.

Au début, lorsque ses blessures étaient encore fraiches sous le masque noir rigide et en son âme, chacune de ses nuits n'avait été qu'une succession de cauchemars. Son maitre avait été satisfait de le voir s'épanouir si rapidement dans le Côté Obscur de la Force, sans savoir que la peur utilisée par son nouvel apprenti pour développer ses pouvoirs provenaient de ses souvenirs concernant un ancien maitre. Au début, les cauchemars l'avaient même parfois poursuivi pendant la journée. Si son caractère ombrageux était connu, il était à présent infiniment plus en contrôle de lui-même et patient qu'il l'avait été alors.

Car à présent, il avait presque entièrement chassé les cauchemars – quelque chose qu'il avait toujours rêvé de faire depuis ces premières visions haïes sur sa défunte mère. Les souvenirs à propos de son amitié avec Obi-Wan avaient complètement été bannis ; cela faisait à présent sept ans que son ancien maitre n'avait pas refait d'apparition dans ses cauchemars. Après avaient disparu les Jedis qu'il avait autrefois vus comme sa famille. Chaque fois que ses actes, cette nuit-là dans le Temple, lui revenaient en mémoire, il lui était impossible de se rappeler des visages de ceux étant tombés sous les coups de sa lame. Et enfin...

Padmé.

Elle était partie, à présent, après des années d'un terrible chagrin et de cauchemars déchirants, dont il se réveillait en luttant pour se souvenir pourquoi elle n'était plus avec lui, à regarder les séances de réunion au Sénat en cherchant vainement dans la mer de capsules ce visage tant chéri. Il avait fait des dizaines et des dizaines de cauchemars impliquant son si bel ange. Combien de fois s'était-il vu dans ses rêves, le visage et le corps encore intacts, lever cette main fatidique pour l'étrangler avec l'aide du Côté Obscur, tandis qu'il criait des supplications inaudibles, sachant que le dénouement ne pourrait être altéré, mais empli à chaque fois d'un cruel espoir ? Il avait fallu des années, mais finalement, une lente agonie avait chassé le souvenir qu'il avait de sa femme le plus loin possible. Il avait ordonné à ce que son nom soit effacé des banques de données galactiques, fait disparaitre tout souvenir de son existence, bombardé Naboo depuis son orbite jusqu'à ce que Varykino et Theed ne soient plus que des déserts stériles et empoisonnés par les radiations mortelles. Et enfin, il avait triomphé. Désormais, il était rare qu'il pense à elle.

Oui... Un par un, les cauchemars avaient courbé l'échine face à sa volonté sans faille à les vaincre.

Tous... Sauf un.

Et c'était celui-là qui venait de le réveiller, comme il l'avait fait pour les dernières nuits, ces temps-ci. A présent, entièrement vêtu de son armure et faisant les cent pas devant la grande baie vitrée de ses quartiers personnels, à bord du vaisseau Epsilon One, les images de son cauchemar hantaient encore l'esprit du seigneur Sith.

Il avait autrefois souvent utilisé les nouveaux projets afin de refouler les mauvais rêves qui troublaient ses nuits, et avait espéré qu'en se concentrant pleinement sur Epsilon One et ses efforts constants pour détruire la Rébellion naissante, ce cauchemar là le laisserait également en paix. Epsilon One était le prototype d'une nouvelle classe de Destroyers Interstellaires, la première depuis que l'Empire avait pris possession de la flotte militaire galactique, six ans plus tôt. Il ne s'attendait pas à ce que les gigantesques Super Destroyers Interstellaires les remplacent de sitôt. Leur prix à lui seul était exorbitant, surtout lorsqu'on prenait en compte l'énorme gouffre financier dans le Trésor Impérial qui venait tout juste d'être baptisé « l'Etoile Noire ». En général, Vador n'approuvait pas les gigantesques vaisseaux quand des modèles plus petits, certes, mais également plus efficaces et moins chers étaient également constructibles, mais le pilote en lui n'avait pas pu refuser le projet des chantiers Sienar qu'était l'Executor.

Il reposait à présent dans l'espace, devant lui, pour l'instant sous la simple forme d'une structure à nu en duracier si l'on oubliait la petite portion de plaques qu'étaient le matériel d'essai pour la coque, posée la veille sur le nez du vaisseau. Une fois terminé, il comprendrait un bon millier de systèmes spécialisés et d'ingénierie uniques en leur genre, beaucoup d'entre eux étant personnellement conçus par Vador. Entre l'Executor et le prototype d'Epsilon One, ainsi que cette maudite Rébellion, le Sith ne disposait que de peu de temps pour se reposer, et encore moins pour rêver. Mais plus il tentait de chasser le cauchemar de son esprit, et plus il y pensait.

Tandis qu'il ruminait ses idées noires, les images de son rêve lui revinrent brusquement à l'esprit, et il faillit tressaillir devant la vision renouvelée d'un petit garçon lui offrant un grand sourire tout en tendant les bras vers lui. Jamais le rêve ne changeait : Il se retrouvait sur Mustafar, juste avant que Padmé...

Mais ces détails se retrouvaient dans de nombreux rêves ; Dans celui-ci, en fond tel un spectateur impuissant, il pouvait voir un petit garçon qui ne devait pas avoir plus de cinq ans. Et il regardait l'enfant qui suppliait de concert avec lui et en silence, les bras levés, jusqu'à ce que la colère de la version plus jeune de Vador se déchaine sur Padmé... Le petit commençait alors à suffoquer, à se tenir la gorge avec panique, tendant désespérément la main vers...

Son père. C'était leur enfant qu'il voyait dans ses cauchemars. En général, il s'agissait d'un garçon, mais parfois, c'était une fille, et leur couleur d'yeux et de cheveux changeait à chaque fois. Bien sûr, il ne pourrait jamais savoir à quoi leur petit aurait ressemblé.

"C'est le plus beau jour de ma vie". Comme il se rappelait si bien ces paroles !

Beaucoup de choses avaient changé, mais l'amour instinctif qui l'avait envahi dès l'instant où Padmé lui avait annoncé qu'elle était enceinte ne s'était pas éteint, même si l'enfant auquel cet amour était destiné était mort dix ans plus tôt sans jamais avoir vu la lumière du jour, assassiné par son propre père. C'était une forme de souffrance totalement différente de tout ce qu'il avait jusque-là ressenti, et si quelqu'un était un expert en matière de souffrance dans la galaxie, c'était bien le seigneur Vador. L'enfant n'avait rien fait, quelle qu'ait été la trahison dont le Sith aurait pu croire sa mère coupable. C'était le seul innocent que Dark Vador admettrait jamais avoir tué.

La plupart du temps, il imaginait leur enfant en tant que garçon, bien qu'il ait été persuadé à l'époque qu'il s'agissait d'une fille.

Que ne donnerait-il pas pour avoir une seconde chance, pour prouver à quel point il avait aimé son enfant ! Palpatine pouvait avoir sa maudite galaxie si cela pouvait lui rendre ce précieux petit qu'il avait perdu. Rien de ce qu'il possédait à présent ne serait trop précieux pour être sacrifié afin qu'il puisse retrouver ce fils (ou peut-être fille), qu'il avait perdu.

Epuisé, il repoussa sa culpabilité une fois de plus. C'était inutile, une perte de temps. Le passé ne pourrait être changé, et il valait mieux pour lui qu'il oublie que ce passé ait ne serait-ce qu'existé. Puisque dormir n'était plus une option pour le reste de cette nuit, le seigneur noir quitta ses quartiers de repos pour se diriger vers sa chambre hyperbare, déterminé à utiliser ces heures de temps libre. S'il ne pouvait pas trouver le sommeil, il passerait son temps à travailler ses plans.