Chapitre 3

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Une voix dans le lointain m'appelle. Elle se rapproche. Je me sens apaisée. Elle m'apaise. Qui est-ce ? Je vois une lueur dans le noir profond dans lequel je me perds. Ce sont deux billes. Deux billes rouges sang.

Je me réveille brusquement. Une sonnerie stridente retentit dans l'école. Poussant un soupir, je me lève, me change et pars vers le réfectoire. Le seul problème, auquel je n'ai malheureusement pas pensé est que je ne sais absolument pas où se trouve la salle à manger. C'est bien ma veine ! C'est donc ainsi que je me retrouve dans un couloir désert situé je ne sais où dans le château. Merde me dis-je, je ne suis pas douée...

– on dirait que quelqu'un est perdu...

Je me retourne au son de la voix qui s'est élevée dans le couloir silencieux, moqueuse. Trois garçons me font face, les mains dans les poches. Celui du milieu, un garçon aux cheveux ébène et aux yeux bleus, ouvre la bouche. C'est lui qui a parlé la première fois, j'ai reconnu son timbre de voix, grave et puissant.

– C'est toi la petite nouvelle ?

– Euh oui. Pourquoi ?

Je ne suis pas très rassurée mais cela me paraît normal. Ces trois garçons dégagent une aura particulièrement imposante. Je ne sais pas comment je le sais, mais ils sont dangereux, surtout celui qui a pris la parole. Je regarde ledit garçon et une étrange sensation me traverse le corps, comme un coup de jus. Je m'apprête à ouvrir la bouche quand j'entends un chuchotement dans ma tête. « Tais-toi et ne bouge pas ». Je me demande ce qu'il se passe et veux partir, seulement mes muscles refusent de m'obéir. J'ouvre grands les yeux et la panique me saisit. Je suis emprisonnée dans mon propre corps et je ne peux ni parler ni bouger, comme cet affreux chuchotement me l'a ordonné.

– La nouvelle, c'est juste une mise en garde. T'imagines même pas ce que nous, des classes platine, on peut faire alors sois gentille et tout se passera bien, ok ? Maintenant, tu peux parler.

– Qui êtes-vous ?

Ma voix est rauque mais je m'en contrefiche. Je veux savoir qui sont ces garçons.

– Tout ce que t'as besoin de savoir c'est que nous sommes les seuls classe platine de l'école, donc les plus dangereux, capiche ?

Le garçon de droit, un asiatique me demande mon nom.

– Je...je m'appelle Layana, et vous ? Osai-je questionner.

– Moi c'est Peter, et voici Dylan et Jake.

Dylan est le type arrogant qui a usé de la magie (oui j'en ai déduit que c'était un mage), Jake est donc le garçon sur sa gauche, un petit brun aux yeux tout aussi marrons.

Je suis un peu intimidée, ils sont quand même classe platine ! En tout, il y a quatre classes chez les surnats. Les bronzes, les argents, les ors et les platines. Chaque classe définit la puissance du surnat, les plus faibles étant les bronzes et les plus forts les platines.

J'ouvre la bouche pour répondre quand une voix aiguë crie à travers le couloir :

– Dylanou chéri ! Enfin tu es là. Je t'ai cherché partout !

Un smack sonore retentit et une grande rousse refaite de plastique (si si, j'en suis sûre) s'aligne dans mon champ de vision.

- t'es qui toi ?

- Layana je suis nouvelle et-

- ok c'est cool, m'interrompt-elle. Il y a une règle fondamentale dans cette école. Personne n'approche les classes platine et or et certainement pas ces trois-là. Sinon tu risques bien de ne pas finir l'année très bien.

Elle vient de parler si bas que je suis la seule à l'avoir entendu. Dîtes-donc ! Ils ne rigolent pas avec les classements ici ! C'est la loi du plus fort ou quoi ?! La pimbêche commence à partir avec le trio quand elle se retourne, tout sourire :

– au fait, je m'appelle Melisandre, tâche de ne pas l'oublier.

Elle se tourne en faisant voler ses cheveux et part en claquant des talons, avec les garçons.

Je suis donc à nouveau seule et continue ma route. Cette étrange rencontre ne m'a toujours pas aidée car je suis toujours perdue. Soudain comme par miracle je me retrouve dans une bifurcation emplie d'une vague d'élèves allant tous dans la même direction. Je me joins donc à eux car il vont visiblement au réfectoire.

Arrivée dans la salle à manger, je prends un plateau et fait la queue. Je remarque alors beaucoup de regards sur ma personne. Ce n'est pas très agréable... Toujours est-il qu'ayant pris la nourriture servie, je cherche une place où m'asseoir. J'aperçois dans un coin une table presque libre. Une seule personne mange dessus. Je me dirige donc vers celle-ci et me racle la gorge.

– Hum, la place est-elle prise ?

La jeune fille assise lève la tête vers moi et d'un signe de tête accompagné d'un sourire m'indique de m'asseoir.

– Alors c'est toi la nouvelle. Moi c'est Alexandra, mais tu peux m'appeler lexie. Quel est ton nom ?

Surprise qu'elle me parle, je mets quelques temps à répondre.

– Je m'appelle Layana.

– Dis-moi Layana, si ce n'est pas indiscret, quel surnat es-tu ?

Je réfléchis. Avec tous ces chamboulements, c'est vrai que je n'ai pas eu le temps de réfléchir à la question.

– Je...je ne sais pas, dis-je honteuse de ne pas m'en être plus préoccupée.

– Ne t'inquiète pas, ce n'est pas grave. De toute façon tu vas passer l'épreuve qui jugera ton rang et ton espèce.

Je suis surprise, aussi demandai-je quand se déroulerait cette épreuve.

– Elle a lieu dès le lendemain de l'arrivée de l'élève je crois, enfin pour moi c'était ça, et s'étend sur deux jours. Ne t'inquiète pas, tout le monde y passe et personne n'est jamais mort !

Je rigole. Cette fille est plutôt gentille.

– Oh d'accord, et tu es quoi toi, si ce n'est pas indiscret ?

– Je suis un métamorphe de l'eau.

– C'est génial ça ! M'exclamai-je. Donc tu peux te transformer en tout animal marin ?

– Exactement ! C'est très pratique !

Je veux bien la croire. Néanmoins je suis préoccupée. Oh plutôt j'angoisse à propos de cette foutue épreuve dont je n'avais même pas idée.

Une fois le repas fini, je repars avec lexie vers nos dortoirs et nous discutons devant la porte de ma chambre un long moment. C'est une fille très drôle, et malgré que nous ne nous connaissons pas depuis longtemps, j'ai l'impression que nous allons devenir très proches. J'ai de la chance car nous sommes dans le même couloir. Nous nous échangeons nos numéros de téléphone, et partons nous coucher.

Allongée dans mon lit, je souris. Demain ou après-demain demain, je saurai. Je saurai enfin qui je suis.

Dryre  -tome 1 : L'innocence du FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant