Au bout d'une demi-heure, je quitte le centre ville pour prendre l'autoroute. Je n'ai pas la moindre idée d'où je vais mais je m'en fou complétement. Je sens les vibrations que produisent mes roues quand elles touchent le sol résonner à l'intérieur de moi. Malgré mon casque, j'entends l'air siffler autour de moi. Je vais si vite que je n'ai pas le temps de regarder autour de moi, j'ai les yeux rivés sur le bitume. Je vais plus vite que la limite l'autorise, mais ça aussi je m'en fiche. J'aime la vitesse et ce sentiment de toute puissance que j'ai quand je roule la nuit, quand il n'y a personne. Dans ces moments-là on dirai que la route m'ouvre les bras.
Ce calme relatif m'apaise et me permet de réfléchir. Mon esprit vagabonde, pense à tout et à rien à la fois. Il m'arrive de me parler à moi même. Bon ok, là je frole la schizophrénie mais après tout, je suis tout le temps seule. Même si c'est purement un choix de ma part. La raison est que la plupart du temps je suis pas d'accord avec les autres. Depuis toute petite, les gens autour de moi, que se soit en foyer ou en famille, on toujours porter un regard de jugement sur tout ce que je faisais. La solitude fut donc un échapatoire pour moi, le seul moyen que j'ai trouvé pour être purement moi même.
Il m'arrive de me demander comment j'en suis arrivée à devenir la personne que je suis aujourd'hui. Je sais que j'étais sage à une époque, enfin tout est relatif ! Et ce qui concerne l'élément déclancheur de cette vie qui est désormais la mienne, je ne m'en rappele pas. Sans doute perdu dans la mémoire de cette enfance que j'ai maintenant en partie oublier. Mon plus lointain souvenir remonte au jour où mon assistante social m'a conduit dans ma première famille d'accueil. Famille que j'ai quitter un mois après. Tout ce qui s'est passer avant je ne m'en rappele pas. Je me souviens juste de ce constant besoin de me faire remarquer. Comme si je voulais montrer aux autres que j'existais, par tous les moyens possible. Évidemment cela n'a fait que précipiter ma chute. Plus je voulais être adopter, plus j'en faisais des caisses et plus on me dégagais vite fais, bien fais. Un cycle infernal !
Cette instabilité constante que je vivais, balotté ainsi de foyer en foyer, m'a construit, m'a donné envie de faire ce que je voulais de ma vie. C'est comme ça que le gout du voyage et de la liberté est né en moi. Mais il n'a jamais été aussi fort que maintenant que m'approche de ma majorité civil. Je supportais de moins en moins les familles chez qui je vivais. Même si ça fait dix-sept ans que j'attends cette liberté, ma dernière année à tenir me parait interminable.
Je repense alors à la tentative, vaine, de m'enlever ma moto. Comment pouvaient-ils penser une seule seconde qu'on pouvait me retirer ce symbole de liberté ! Cette moto est litteralement ma fierté, une chose pour laquelle je me suis battue. Une chose que j'ai eu par mes propres moyens, sans l'aide de personne. Et ça pour une fille comme moi ça signifie beaucoup.
Il m'a fallut près d'un an, pour l'obtenir. Des petits boulots, et deux ou trois portefeuilles volé à des gars peu orthodoxe plus tard, me voilà slalomant entre les voitures.
Mon regard se pose rapidement sur les montagnes du Colorado qui se trouvent autour de moi. Elles sont si imposante, comme toute puissante. Je me demande combien de jeunes filles perdues avaient elles vues. Les phares d'une voiture venant en contre sens, me sortent de mes réflexions et me font prendre conscience que je dois m'arrêter. Cela fait un moment que je roule, et mes yeux doivent se reposer. Par chance, je vois apparaître, au loin, une station-service. Les néons d'un café brillent, enfin certains plus que d'autre. Seuls les lettres "c" et "f" du mots "café" sont allumés.
Après m'être garé, je franchis la porte et une clochette retentit, brisant ce silence de mort. Pendant quelques minutes personne de vient, à coire que l'endroit est abandonné. Une femme fini enfin par sortir de l'arrière-boutique et viens se placer derrière le comptoir, les yeux dans le vague. Ses cheveux blancs hirsudes sont dressés au sommet de sa tête, comme défiant les lois de la gravité. Elle est fripée comme une vieille pomme et ses dents sont jaunes.
- Qu'est-ce que je vous sers ? Me crache-elle, le ton plein de haine.
Je viens certainement de lui gâcher sa nuit. Elle qui espérait sans doute pouvoir dormir en toute quiétude.
- Un café et des pankakes, lui répondis-je sur le même ton.
Elle se dirige vers la cuisine et disparaît. En attendant le retour de cette dame fort sympathique, je pars m'assoir sur l'une des banquettes. Mon visage rencontre malencontresement son reflet dans la vitre. Dieu, que j'ai une sale gueule ! Même la vielle a plus fière allure enfaite. Mes cheveux, que j'ai ramenés en un chignon au creux de mon cou pour mettre mon casque, est complètement aplatit et défait. J'ai des énormes cernes et mes yeux sont bouffis. D'habitude ces derniers sont plutôt beau, bruns clair avec de jolies reflets dorés à l'intérieur. Maintenant, ils me donnent l'impression d'être vides et ternes. Je ressemble à un opossum ! Bien que la comparaison ne soit pas flatteuse, elle est en accord avec la réalité. Je détache mes cheveux qui retombent sur mes épaules. Je n'arrive plus à distinguer ma couleur d'origine sous cette fichue teinture noir. J'ai eu la stupide idée de vouloir teindre mes cheveux. L'idée au départ était de me donner un air plus sombre, conclusion : un échec total ! De châtain/brune je suis passée à noir corbeau. Mais le pire est que la teinture est inégalement répartie du fait de mes nombreux shampooing. C'est vraiment horrible, ça ne me va pas du tout ! En plus, j'ai les pointes fourchues.
La vieille finie par revenir ! Il était temps, je finissais par croire qu'elle s'était noyée avec mon café.
- Ça fera 5 $
Je sors l'argent et le lui tend. Elle part sans demander son reste. Je me retrouve donc complètement seule, pouvant voler la caisse à tout moment. Mais ce soir, je n'ai pas envie. En plus, je suis en fugue et je ne veux pas risqué de me faire arrêter. Surtout pour le peu d'argent qui doit s'y trouver. Je sors alors mon carnet de dessin et me met à griffoner ce qui me passe par la tête. Je profite pleinement de ce moment de solitude. Seul le bruit régulier de la pendule accrocher au mur vient troubler ma plénitude. Il est 4 heures du matin quand la clochette de la porte d'entrée retentit. J'entends un pas lourd entré dans la pièce. Les frottements d'un pantalon m'indiquent que l'inconnu se rapproche de moi. En un quart de seconde, il se trouve sur la banquette en face de moi.
- Tiens ! Diana, comme on se retrouve ! me dit-il la voix suave.
Les lunettes de soleil qu'il arbore dévore une bonne partie de son visage mais je le reconnais en un quart de seconde.
- Blaise ! Tiens t'es sorti de prison ! Dis-je sur un ton faussement réjouie.
- Eh, ouais ! Mais comment se fait-il qu'une fille comme toi se retrouve ici à une heure pareil ? Me demande-t-il en me dévorant du regard.
Sa façon de me regarder ne m'inspire rien de bon. Déjà hier enfermer dans cette cellule il me semblait bizarre mais maintenant qu'il est aussi prêt de moi, il me fait encore plus peur.
- J'avais envie de me promener, lui répondis-je sur le ton le plus neutre possible.
- Toute seule ? Et de nuit en plus ! C'est très dangereux tu sais ?
Je sens la menace se rapprocher, il faut que je parte avant qu'il ne soit trop tard. Je sais que le moment voulu, la dame de l'accueil ne me sera d'aucun secours.
- Tu as tout à fait raison, je ferai mieux de rentrer chez toi, lui dis-je en lui souriant.
Je bois mon café d'un seul coup et attrape mon sac. Je me dirige vers la porte le plus calmement possible. Je l'entends se lever, et me rattraper en deux grandes enjambés. Il me saisit violemment l'épaule, me forçant à m'arrêter.
- Où tu crois aller comme ça ?
Là, son ton n'a plus rien de sympathique. Je ferme les yeux. Aie ! Comment est-ce que je vais m'en sortir moi?
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Méchants ||Fini||
Teen FictionRêvant de liberté, Diana passe ses journées à fuir les règles et les responsabilités. Agaçante, insociable et bornée font partis de ses nombreuses qualités. Beaucoup la voient comme une salope, d'autres comme une personne peu fréquentable. Pour fair...