Chapitre 11

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Cole m'emmene dans un dinner où il commande des hamburgers. Nous n'avons pas ouvert la bouche depuis le pont et le silence commence vraiment à devenir pesant. Pourtant je n'ai aucune envie de démarrer la conversation, pour faire diversion je n'ai pas cessé d'engloutir des hamburgers sous l'œil étonné de Cole. Je sirote tranquillement ma boisson gazeuse quand une chose me vient à l'esprit, les mots franchissent mes lèvres d'eux même.

- Comment tu as fait pour savoir où j'habitais ? Je ne t'ai rien dit.

Il me regarde un instant et sourit.

- Après les cours, je reste un moment à l'administration pour, disons, aider. J'en ai profité pour jeter un œil à ton dossier et j'ai trouvé l'adresse.

Ces mots me font l'effet d'une claque. Bon mise à part que c'est une méthode de procéder très dérangeante, imaginer ce garçon ayant toute ma vie entre ces mains me met mal à l'aise. Ce sentiment se mue très vite en peur, est-il au courant que je ne vis pas avec mes parents ? Que même je ne les ai jamais connus ? Va-t-il m'en parler ?

Il semble que non car il ne fait aucune allusion. Il est plus occupé à scruter à tour de rôle les gens présent dans le restaurent, il finit par tourné la tête vers moi.

- Que penses-tu de l'Oregon ?

- Pas mal, je réponds laconique.

- Et tu étais où avant ?

- Dans le Colorado.

- Et pourquoi tu as changé de lycée ? A cause de tes parents ?

Voilà l'allusion que je redoutais. Je me tortille sur mon siège et parvient non sans mal à cacher mon malaise. Voilà pourquoi je ne discute jamais avec personne ! Il faut toujours que le même sujet revienne, ce sujet que je ne veux pas aborder. Malgré la flamme chaleureuse qui brille dans ses yeux, qui dit « fait-moi confiance », je ne me laisse pas berner. Il a bien longtemps que j'ai compris que dans ce monde on ne peut croire en personne. Même ceux qui ne doivent jamais vous abandonner le font. Je secoue la tête et soupire.

- On va dire qu'à force de faire des conneries, plus personne ne veux de moi.

Il hoche la tête et me lance un regard compréhensif. A ce moment, j'ai vraiment l'impression qu'il sait ce que je ressens.

- Bon, parlons de chose plus réjouissante.

Il pousse le plateau vide qui nous sépare et pose ses coudes sur la table avant de se rapprocher de moi.

- Si tu es d'accord j'aimerai bien qu'on passe du temps ensemble. Histoire de rigoler un peu, des gens comme toi ça ne court pas les rues de Portland, lance-t-il avec malice.

J'arque un sourcil et me recul.

- Je ne sais pas si c'est une bonne idée.

Et c'était vrai, la proximité avec les autres me met mal à l'aise, je crois que mon corps tout entier refuse l'attachement.

Il grimace et se remet correctement sur sa banquette.

- On verra bien, aller tu dois rentrer.

Il commence à se lever pour payer l'addition, quant à moi je fonce jusqu'à la voiture. Il revient avec un carton rose qu'il pose sur mes genoux. Je le regarde et il me gratifie d'un sourire.

- Prends-en un si tu veux.

La boite contient une dizaines de donnut et beignet saupoudrer de sucre glace. Je fonds littéralement de bonheur devant tant de beauté. J'en prends un puis un autre, mais fini par m'arrêter en me rendant compte que j'ai presque fini la boite. Tout en regardant la route Cole me lance des petits regards et lance faussement énervé.

- Eh ! Moi qui pensais en profiter ce soir, je me suis fait avoir.

- En réalité je t'ai rendu service. Tu vois là c'est moi qui vient de prendre trois kilos ! Enfaite tu devrais me remercier.

Il rire malgré cette blague de mauvais gout.

- Tu as raison quelle gentillesse de ta part, je te croyais incapable de tant de bonté.

Il met la main sur son cœur et s'incline brièvement. Je lui donne une tape sur l'épaule.

Puis on replonge dans le silence jusqu'à ce qu'on arrive devant l'allée de la maison. A peine arriver je sors, pensant éviter un quelconque rapprochement. Mais il me suis et fait le tour de la voiture en une fraction de seconde. D'un mouvement vif, il me colle un baiser délicat sur la joue.

- J'ai bien aimé cette soirée, tu es sympa finalement.

Il s'arrête avant de reprendre.

- Mais ne prend pas trop la confiance quand même.

- J'essayerai de m'en rappeler, je réplique avec un sourire de connivence.

Il commence à s'éloigner à reculons jusqu'à ce qu'il grimpe dans sa voiture. Ce n'est qu'à ce moment-là que je me décide à rentrer. Kristen est assise dans le canapé et regarde la télé, je remarque à côté d'elle son mari Franck, que je n'avais jusqu'alors vu que pendant les repas. Elle lève les yeux et me lance d'un air épuisée.

- Pile à l'heure !

Je hoche faiblement la tête et monte dans ma chambre. Olivia n'est toujours pas coucher, elle m'attend en tailleur sur son lit dans un pyjama à fleur rose immonde. Elle bondit presque en me voyant arriver.

- Alors c'était comment, me demande-t-elle presque en bavant.

- Bien, je lui réponds en m'effondrant sur mon lit.

- Bien quoi, c'est tout ? Aller développe !

- Et si je n'en ai pas envie, merde je fais ce que je veux ! Fou moi a paix.

Je me relève et me prépare à aller dormir. Olivia est toujours sur son lit, les yeux braqué sur le moindre de mes mouvements.

- Alors ? Demande-t-elle timidement.

C'est la réplique de trop.

- Ecoute je ne sais pas ce qui t'a fait croire que tu avais le droit de me parler ou de me demander quelque chose. Miauler comme un pauvre chat errant ni changera rien. Ni toi ni personne n'a d'autorité sur moi et ne me dis ce que je dois faire. Alors maintenant tu la ferme. Retourne parler de maquillage et de mecs avec tes copines, et laisse-moi en dehors de ces conneries !

Je me fourre sous les draps de mon lit et me retourne face au mur. Je l'entends murmurer un « ça c'est mal passer alors ». Ne voulant pas remettre sur le tapis la discussion je fais comme si ne rien était. La vérité est que ce rencard c'est vraiment bien dérouler et la était tout le problème.

Méchants ||Fini||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant