Travail

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Etendu sur son lit, Drago se sent infiniment bien. Il n'a pas ressenti pareille plénitude depuis des années. Ce sont les avantages de la drogue sorcière qu'il a choisie : pas de visions bizarres, pas de mauvais trips, ni d'atteinte aux facultés cérébrales : rien qu'un courant de bienfaisance à travers toutes les fibres de son corps. Comme une forme d'extase générale et perpétuelle. Quelque chose de délicieux qui lui donne la sensation d'être un tout nouvel être à peine venu au monde. Encore non marqué par les atteintes de la vie. Toutes les vieilles douleurs disparaissent, et avec elles, la lassitude, et même les mauvais souvenirs. On se sent tout simplement trop bien pour pleurer.

Le produit est illégal à cause de la forte accoutumance qu'il engendre, ainsi que de ses conséquences sur la santé. En provoquant l'illusion d'un bien-être intense, il se contente en réalité de masquer douleurs et maladies, sans les soigner, et contribue même à aggraver leurs effets. Nombre de sorciers atteints de souffrances chroniques avaient recours à ce type de substance, et ignoraient ainsi parfois les symptômes de leur mal jusqu'à ce qu'il soit trop tard, jusqu'à la toute fin...

En ce qui le concerne, Malefoy n'a aucun scrupule à écraser les éventuelles manifestations du sida dans l'œuf. Durant ses premiers mois à Azkaban, c'était son corps qui lui avait permis de tenir le coup. Son endurance, sa résistance à la douleur, autant que la résolution de son esprit. A présent, il n'a aucune envie d'assister à la trahison de son organisme...

Entrevoyant la lumière du jour, Drago transplane au Ministère pour aller voir Granger.

Lorsqu'il frappe à la porte, elle paraît comme soulagée et inquiète de le voir : une combinaison qui le fait sourire. Il n'a pas aimé leur dernière conversation... Elle ne lui a pas inspiré confiance, mais la drogue a un prix, et puisque Granger semble décidée à lui trouver du travail... :

– Je suis contente que tu sois revenu, commence Granger en lui offrant un de ses sourires « Miss Parfaite ».

Malefoy allume une cigarette simplement pour l'irriter :

– Tu devrais arrêter ça, commente-t-elle aussitôt. Ton système immunitaire est déjà attaqué de toute part, autant ne pas lui compliquer un peu plus les choses...

– Je fume depuis dix ans, Granger. Ce n'est pas une cigarette de plus qui va me tuer. A moins qu'on me fasse encore des tests, qui sait ? J'ai peut-être un cancer des poumons ?

Cette blague le fait rire, mais Granger ne goûte pas à la plaisanterie. Se pourrait-il que tu sois sincère, Granger ? Tu t'inquiètes vraiment pour moi ? Oui, ce serait bien ton genre... Comme Potter, tu es une putain d'héroïne. Vous aimez les causes perdues. Mais je ne suis pas un de tes elfes de maison...

– Mon collaborateur m'a dit que ça n'avait pas marché, à l'épicerie, reprend Granger d'un ton prudent.

– Ce type était un enfoiré.

– Il est... de la vieille école.

– C'est un enfoiré.

Granger n'argumente pas :

– Je vais essayer de trouver autre chose, poursuit-elle. En attendant, je t'ai noté l'adresse d'un médecin. Il est à quelques rues du Chemin de Traverse. Très compétent, très correct. Il peut te recevoir dès jeudi.

Drago saisit la carte qu'elle lui tend, et la déchiffre en silence.

– Autre chose ? demande-t-il.

Granger semble gênée :

– Eh bien... Si tu as d'autres choses à me signaler... Des choses dont tu as envie de parler, ou des questions à me poser... Je suis là pour ça. Je suis là pour t'aider, tu sais.

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