Lorsqu'Harry retourne dans la chambre après le départ d'Harpocrate, Hermione est occupée à retirer la cape de Malefoy :
– Il faut qu'on le mette à l'aise, tu ne crois pas ? demande-t-elle comme s'il l'avait prise en faute.
Harry hésite. Il éprouve une appréhension irrationnelle, ainsi qu'une tentation malsaine tout à fait déplacée, à l'idée de toucher son ancien ennemi d'aussi près. De lui retirer ses vêtements comme une seconde peau, pour apercevoir l'homme en dessous... Avec un pincement au cœur, Harry se dit que Malefoy a déjà été suffisamment abusé dans sa vie pour ne pas en plus avoir à être déshabillé dans son sommeil par des gens qu'il méprise. Mais il transpire, et il est vrai que ses vêtements d'hiver ne sont pas adaptés à sa fièvre...
S'approchant prudemment, Harry détaille son teint pâle marbré de plaques rouges, et soulève doucement le corps du Serpentard pour permettre à Hermione de retirer la cape.
Malefoy pèse plus lourd qu'il n'en a l'air. Une preuve de plus que le peu de chair qu'il possède est bien du muscle. Harry peut néanmoins sentir ses côtes à travers ses multiples épaisseurs de vêtements, et l'arête tranchante de ses omoplates – un contact qui le remplit d'effroi. Car il semble comme un prélude à la mort qui attend Malefoy d'ici peu. Un avant-goût du squelette qu'il deviendra bientôt...
Non. Harry refuse d'y penser. Malefoy n'est pas encore mort.
Ôtant complètement la cape, Harry et Hermione découvrent que Malefoy porte un pourpoint serré et assez usé, sans doute de seconde main. En-dessous, une chemise trempée de sueur. Hermione défait le pourpoint tandis qu'Harry s'occupe de la chemise : ensemble, ils s'affairent avec la sensation d'exhumer un trésor maudit. Harry sent quelque chose de dur dans les manches, sous le tissu de la chemise, et il retire tout à coup deux stylets qu'il contemple à la lumière d'un air interdit.
Hermione cesse aussitôt tout mouvement, le regard braqué sur les lames :
– Tu crois qu'il sait s'en servir ? demande-t-elle d'une voix blanche.
Harry désigne la pointe d'une des armes, tâchée d'un liquide brunâtre qui ressemble fortement à du sang séché. Hermione déglutit :
– Pose-les, ordonne-t-elle, tremblante tout à coup. Soulève-le encore pour retirer sa chemise.
Harry s'exécute, redressant Malefoy presque en position assise, reposant son poids contre son corps. Hermione découvre alors doucement les épaules, très pâles, puis les bras et le torse. La Marque des Ténèbres apparaît dans la pénombre de la pièce obscurcie. Hermione procède comme on manipulerait un objet ancien et fragile : du bout des doigts, avec une délicatesse qui la fait paraître si vulnérable... Rien qu'à la contempler ainsi, Harry se sent troublé. Et troublé plus encore par la proximité du corps de Malefoy contre son torse. Il se fend d'un sourire qui fait s'interroger Hermione :
– Je me demande s'il apprécierait qu'on s'occupe de lui ainsi, explique Harry.
Hermione sourit à son tour :
– Probablement pas.
D'un coup de baguette, elle fait apparaître un récipient rempli d'eau fraîche et plusieurs compresses :
– Il faut faire chuter sa fièvre, dit-elle en tendant un linge imbibé à Harry.
Plus gêné que jamais, Harry incline le corps de Malefoy pour humidifier son dos. Il tombe alors sur des lacérations, bien sûr, mais c'est autre chose qui retient son attention. Des lettres noires, déliées, inscrites en caractère gothique à même la peau, à la base de la nuque :
– Il a un tatouage ! s'exclame Harry en plissant les yeux pour déchiffrer l'inscription.
– Je sais, répond placidement Hermione. Je l'ai vu quand je lui ai fait passer sa visite médicale.

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Sunlight
Fiksi PenggemarA la fin de la guerre, Drago Malefoy est condamné à l'emprisonnement. Dix ans plus tard, Harry Potter l'attend à la sortie d'Azkaban. (Attention, scènes violentes et slash multiples.)