Entremêlés

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Drago et Blaise restent là à se dévisager, l'espace d'une seconde absurde. Tout dans l'esprit de Drago voudrait le pousser à attaquer maintenant, car la lueur dans les yeux de Blaise ne laisse aucun doute quant à ses intentions. Seulement, il y a les deux hommes qui l'accompagnent. Drago sait que s'il neutralise leur chef dès maintenant, les gorilles lui tomberont dessus sans poser de questions et qu'il n'aura pas le temps de répliquer. Aussi, c'est uniquement grâce à ses nerfs d'acier que Drago retient son geste et opte pour une nouvelle approche :

– Vous savez qui je suis ? lance-t-il aux deux sbires en ignorant Blaise.

Ce brusque changement d'attitude surprend Zabini, exactement comme Drago l'escomptait. Le sortilège de la mort ne part pas. Alors, profitant de cette poignée de secondes supplémentaires, Drago force son avantage :

– Je suis Drago Malefoy. Vous l'avez entendu prononcer mon prénom, n'est-ce pas ?

Les traits de Blaise se contractent de rage lorsqu'il comprend ce qu'il est en train de faire, mais Drago lève sa baguette :

– Votre maître est venu ici pour me tuer, dit-il toujours en s'adressant aux deux sbires. Et il vous a ordonné de venir avec lui pour l'aider dans cette tâche. Sans vous dire qui j'étais.

Drago inspire à fond et chasse le dégoût que ses propres mots lui inspirent :

– Il y a une hiérarchie dans le monde des sorciers, énonce-t-il très lentement. Et selon cette hiérarchie, votre maître et vous-mêmes me devez obédience. Alors ?

Il plante ses yeux froids dans ceux des deux hommes, l'un après l'autre :

– Allez-vous le laisser m'assassiner pour faire taire mon existence ? Allez-vous prendre part à cette usurpation ?

Les deux hommes se regardent, et Drago perçoit l'hésitation dans leur geste. Zabini la perçoit aussi. En l'espace d'une minute, Drago a inversé le rapport de force, et Blaise n'est désormais plus sûr de ses propres hommes :

– Je dirige ce réseau depuis presque dix ans ! crache-t-il. Je vous ordonne de le faire taire !

Mais Drago le devance :

– Il va vous tuer aussi, à présent. Il y est obligé. Vous êtes au courant. S'il veut m'éliminer, c'est parce qu'il craint que mon existence ne remette en cause son pouvoir, son statut de chef. Il ne peut pas se permettre de vous laisser libres dans la nature maintenant que vous savez qui je suis. Vous risqueriez de répandre la nouvelle, comme une traînée de poudre...

– La ferme !

Des veines palpitent sur le visage contracté de Zabini. Mais le doute perce toujours sur les traits de ses acolytes, et il ne peut plus se permettre d'éliminer Drago devant eux. Drago enfonce le clou :

– Vous me devez allégeance, dit-il d'une voix dure, ferme, irrévocable. Il en a toujours été ainsi depuis plus de dix siècles. Votre maître trahit notre héritage, nos traditions, notre sang. Je vous ordonne de l'éliminer.

Les deux hommes se concertent une dernière fois. Ils contemplent Zabini, puis lèvent soudain leurs baguettes. Alors, Drago s'autorise un bref sourire pour son ancien camarade de classe :

– Bonne chance, Zabini.

Et il transplane.

Debout dans la cuisine, Hermione découpe soigneusement ses légumes en petits carrés, uniquement pour s'empêcher de penser. S'empêcher de penser à la présence fantomatique de Ron sous son toit. S'empêcher de se demander depuis quand cette présence est devenue une ombre, une menace, quelque chose qui la met mal à l'aise et qui lui donne envie de se réfugier dans sa cuisine, sous n'importe quel prétexte.

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