Convalescence

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L'espace de quelques secondes, le cœur d'Hermione se serre si fort qu'elle croit le sentir exploser dans sa poitrine. Jamais elle n'a connu pareille angoisse. Ou plutôt si, bien sûr, lorsqu'elle était adolescente... Mais cela fait tellement longtemps maintenant. Tellement longtemps qu'elle n'a pas eu peur pour la vie d'un autre...

Pour la première fois depuis des années, Hermione se retrouve confrontée à la souffrance pure d'autrui, une souffrance du corps et de l'esprit, qui la déchire d'impuissance et de compassion. Elle craint pendant un instant que Malefoy ne se soit écroulé mort dans ses bras. Pourquoi ? Mort de douleur, mort du sida ?

Une prise de pouls rapide suffit à la rassurer : Malefoy est en vie... Mais ce pouls erratique et maladif ne tarde pas à la remplir à nouveau de terreur. Ses réflexes de médecin reprennent immédiatement le dessus : elle inspecte le cœur, la respiration et les pupilles de Malefoy, ne relève aucun signe d'aggravation de la maladie... Ce serait même le contraire, en fait. Malefoy semble se trouver dans un état de fatigue à peine imaginable, mais en dehors de ce seul symptôme, il a repris du poids et son teint paraît moins livide.

Hermione hésite, puis opte pour la bonne vieille méthode : elle le gifle violemment, le ramenant instantanément à lui. Malefoy se redresse en sursaut, prêt à se défendre. Hermione lève les mains en signe d'apaisement :

– Tout va bien..., murmure-t-elle.

Elle n'ose interpréter ce regard fou qu'il lui lance. Il y a de la douleur dans ce regard...

– Ils l'ont tué..., articule-t-il.

– Qui ? s'exclame Hermione en sentant son sang se glacer à l'idée qu'il puisse s'agir de Harry, sans savoir pourquoi.

– Ils l'ont tué...

Malefoy semble incapable de dire quoi que ce soit d'autre. S'exhortant à plus de douceur, Hermione lui presse timidement l'épaule, et Malefoy tremble à son contact :

– Malefoy..., souffle-t-elle. Malefoy, est-ce que je peux te faire transplaner ?

Il la dévisage d'un air hébété. Hermione ignore si ses mots peuvent encore l'atteindre. Il semble... traumatisé. Brisé, dans son cœur et dans sa chair. Hermione pourrait en trembler elle aussi, si l'urgence ne la tenaillait pas aussi fort :

– On va transplaner dans un endroit plus calme, d'accord ? dit-elle comme si elle s'adressait à un fauve blessé. On va transplaner à la maison.

Malefoy s'agrippe à elle. L'espace d'une seconde, Hermione reste capturée par l'emprise de ces yeux gris dans les siens. Comme s'ils étaient soudain devenus deux perles formant les points centraux de son univers. Deux perles raccrochées à elle, désespérément... Alors elle enlace Malefoy, et ils transplanent jusque chez elle.

Hermione habite une jolie maison dans la banlieue de Londres, loin des clichés de briques habituels. C'est un petit pavillon blanc, entouré d'une clôture, avec un jardin décent et même un petit bassin pour se rafraîchir l'été. Hermione aime cette maison. Elle lui rappelle son enfance passée dans le monde moldu, tout en matérialisant son avenir avec Ron...

Mais depuis quelques temps maintenant, le jardin dépérit. L'herbe trop haute n'a pas été tondue depuis longtemps, et la balustrade aurait bien besoin d'un coup de peinture. Hermione feint de ne pas remarquer tout cela. Elle ne s'en préoccupe pas. S'en préoccuper, ce serait reconnaître que quelque chose ne va pas... Cette maison, c'est comme une carte postale de son mariage qui part en lambeaux.

Aucune de ces pensées n'a le temps d'atteindre son esprit lorsqu'Hermione fait transplaner Malefoy directement devant chez elle. Sans s'interroger une seconde de plus, elle ouvre la porte et passe un bras autour de ses épaules pour le faire entrer dans le salon.

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