Drago est tiré de sa lecture par la porte de sa cellule qui coulisse. Cela fait plusieurs années maintenant qu'il a obtenu le privilège d'accéder à des livres, pour bonne conduite. Aujourd'hui, Drago lit une biographie de Nathaniel Hawthorne.
On est en pleine journée. C'est le jour de repos : une fois par mois, un répit rare et inestimable. Drago passe d'ordinaire ces heures d'oisiveté seul à lire dans sa cellule, ou dans la cour lorsque le temps est au beau, sachant que personne ne cherchera à le provoquer.
Aujourd'hui, on est en mars. Le printemps est timide à Azkaban, et Drago a préféré la tranquillité de sa cellule à l'agitation constante des prisonniers.
Relevant les yeux de son livre, Drago détaille les raisons de son interruption : il aperçoit Johnson, deux autres gardiens, ainsi qu'un prisonnier chétif flottant dans sa combinaison flambant neuve, un prisonnier que les gardiens poussent à l'intérieur de la cellule.
Drago le dévisage, interdit. Huit années passées à Azkaban ont chassé toute capacité de surprise de son esprit. Pourtant, devant la jeunesse de son vis-à-vis, Drago ne sait pas comment réagir.
C'est un très jeune garçon, qui ne semble même pas avoir dix-sept ans. Son corps est petit et menu, encore marqué par l'enfance. La rondeur de ses joues laisse pourtant deviner le profil de pommettes fières, altières, qui confèrent à son visage un irrésistible éclat d'insolence. Cette insolence se retrouve dans ses yeux : effilés et très sombres, ciselés sous l'arête de sourcils acérés. La bouche est charnue et pulpeuse, presque sensuelle pour un garçon aussi jeune, accentuant encore cet air de sale gosse qui semble incruster ses traits. Mais ce qui frappe surtout Drago, ce sont ses cheveux. Blonds, dans une nuance plus chaude que la sienne, plus sombre, presque fauve, et qui tombent en mèches lisses et soyeuses de part et d'autre de son visage, épargnés par la lame du rasoir. Ce gosse n'a pas été tondu, et pour Drago, cela allume une sirène d'alarme immédiate dans son esprit.
Chassant tout son ressenti loin de lui, Drago se tourne vers Johnson. Ce dernier remet au nouveau venu les dernières indications : serviette de toilette et savon, consignes de travail et horaires de couvre-feu. Puis Johnson rend soudain son regard à Drago :
– Malefoy, dit-il en faisant signe aux deux autres gardiens de déguerpir. J'ai à te parler.
Obéissant, Drago se redresse avec l'agilité d'un félin. Il perçoit un léger éclat de peur dans les yeux du gamin lorsqu'il le frôle, mais pourtant, il ne recule pas. Drago l'ignore et se penche à travers les barreaux pour parler à Johnson :
– Qu'est-ce que ça veut dire ? murmure-t-il.
– C'est ton nouveau codétenu.
– C'est une blague ? Je n'ai pas eu un seul codétenu en huit ans !
– Maintenant si.
Johnson soupire, et Drago retrouve soudain en lui les affres de cet homme bon confronté à l'horreur, tiraillé entre deux aspirations contraires :
– Pourquoi est-ce que tu crois que je l'ai mis dans ta cellule, Malefoy ?
Drago ne veut pas avoir cette conversation, mais Johnson continue :
– Parce que je sais que tu ne lui feras pas de mal, déclare-t-il. Que tu dissuaderas même les autres de lui en faire. Personne n'entrera dans sa cellule la nuit s'ils savent que tu es son codétenu.
Drago secoue la tête :
– Je ne peux pas promettre de le protéger. Je ne peux pas me permettre une telle faiblesse, est-ce que tu comprends ? Si les autres voient que je le prends sous mon aile, ils vont lui tomber dessus deux fois plus fort, et tu le sais parfaitement !
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Sunlight
FanfictionA la fin de la guerre, Drago Malefoy est condamné à l'emprisonnement. Dix ans plus tard, Harry Potter l'attend à la sortie d'Azkaban. (Attention, scènes violentes et slash multiples.)