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"Fripouille...

Pleure, tu en as le droit, je te l'autorise durant un court moment, mais après, je veux, non, j'exige te voir sourire. Je ne plaisante pas, princesse, je te veux heureuse... Comme autre fois...

Je ne te l'ai jamais dis, mais j'ai été jaloux de tes parents. Tu les décrivais avec tant d'amour, Vanessa, que je me suis mis à m'inventer les miens. De vrais parents qui m'aimaient, qui ne se sont pas tués alors qu'ils avaient consommé des substances illicites... Et oui, mes parents étaient des toxicos...

J'en voulais au monde entier, Vanessa, j'étais un gamin rebelle, incompris, et puis, une petite fille au grand yeux dorés, et aux boucles imposantes est arrivée. Te souviens-tu de étonnement de chacun alors que je m'occupais de toi? Personne n'a compris que j'ai vu en une gamine ma sérénité... Tu as apaisé ma colère et m'as insufflé l'espoir...

Merci.

Tu m'as rendu heureux, sans le savoir, et je voulais te rendre la pareille, malheureusement, je n'ai pas été assez fort. Ne pleure plus, mon amour, je suis en paix maintenant, crois-le et tourne la page... Je t'en prie, Vanessa, ne me suis pas dans ma lâcheté

J'allais mourir de toute façon, tu le sais, je n'ai plus eu la force de te regarder dépérir avec moi. Tu te tuais à la tâche, princesse, tu payais les frais, et des fois, tu semblais tellement te dégoûter que je me répugnais également de te faire subir tout ça.

Trouve la force, je t'en prie, relève-toi, marche sur le chemin de la vie, épanouies-toi pour nous deux. Ne me cherche pas dans le prochain homme qui touchera ton coeur, ne me cherche pas dans ton passé, ni dans ton futur, mais garde moi dans ton coeur quand même.

Les morts ne le sont vraiment que s'ils sont oubliés, alors fais-moi vivre a travers toi, ma belle, parle de moi sans aucune gêne, sourit à nos souvenirs communs et crée en toi de nouveau que tu pourras me raconter secrètement... Je t'écouterais, je le promets...

Sache que je vais trouver la paix, c'est ce que tu veux n'est-ce pas? Que je n'ai plus mal, que je ne cherche plus l'air brûlant qui me manquait tant. Maintenant, je vais bien, je vais mieux, je suis aux cieux, du moins, je le serais lorsque tu auras propagés mes cendres vers le tout puisant.

Encore une chose que tu auras fais pour moi, par amour, simplement. C'est à mon tour de veiller sur toi de la haut, de te guider vers l'amour, vers la vie rêvée que je n'ai cessé de te souhaiter. Je suis là, en toi, dans un coin de ton coeur, dans les airs, dans les cieux.

Je suis partout, Vanessa, alors ne me pleure pas, fais ton deuil et sourit à la vie. Souris au monde. Montre leur ta force, celle que tu avais déjà enfant. sois fière de ce que tu es. Sois digne de la vie qui t'es accordée. Sois heureuse...

Et lorsque ton jour viendra, alors que tu seras vieille, ridée, et qu'une ribambelle de petit enfants viendront te tenir compagnie, je veux que tu leur explique pourquoi tu as vécu, pour qui, que tu t'éteigne avec la satisfaction d'avoir accomplie des tas de choses, même sans moi, parce que je ne suis plus physique, mais toujours présent.

Je t'aime, ma fripouille, ma petite femme parfaite, tu m'as rendu heureux... Merci.

C'est a ton tour, maintenant, je garde un oeil sur toi... "

Vanessa ne peut s'empêcher de relire la lettre, encore et encore. Les larmes n'arrêtent pas, elles ne le feront jamais, la jeune femme le sait. Sur le toit de cet immeuble imposant, elle lève la tête vers les cieux alors que le vent souffle chaudement, l'apaise, comme une caresse invisible venant d'un ange. Un fin sourire triste soulève ses lippes gercées, il est temps de lui dire Adieux.

Maladroitement, Vanessa soulève le petit sac de cendre, l'ouvre en pleurant de nouveau, Samuel aura son dernier souhait, et s'envolera dans les cieux pour trouver la paix éternel. Après tout ce temps, elle a enfin trouvé le courage de le libérer, du moins, ce qui reste de lui.

Et les cendres volent...

- Adieux, mon amour... Je t'aimerais toujours, tu sais? Jamais je ne t'oublierais, Samuel, et lorsque je te rejoindrais là-haut, nous pourrons enfin faire tout ce que nous avons prévu... Je vivrais, comme tu me le demandes, je ferais en sorte d'être heureuse, pour nous, mais comprends que ce soit difficile... impossible... Pardonne-moi...

Un souffle plus puissant soulève et disperse la poussière, éparpillant les boucles rebelle de la jeune femme, et une sensation étrange naît au creux de son ventre. L'impression d'entendre son bien-aimé lui retourne le ventre. Il la pousse, l'encourage à se reprendre, à vivre sans lui, pour lui...

- Je t'aimerais à jamais, mon amour, tu as sauvé une enfant de la solitude, tu as fais de moi une femme, et j'ai voulu te montrer ma reconnaissance... De la mauvaise façon. Je sais ce que je dois faire, maintenant... Il me faut juste un peu de temps...

Elle reste là, le vent se refroidit, souffle autour d'elle alors qu'elle fixe le vide au loin. Vanessa espère secrètement un signe du destin, une chose qui la fera descendre de cet immeuble, s'éloigner de ce vide qui l'appelle sans cesse, elle doit tenir parole et exaucer le dernier souhait de son bien-aimé.

Cependant, c'est dur. Personne ne peu comprendre combien il est difficile de rentrer chez-sois, d'être seule, de s'attendre à le voir arriver, le voir sourire, le voir l'aimer. Il n'y aura plus tout ça, Vanessa le sait. Une voix au fond d'elle lui susurre de manière mesquine qu'il n'y a peut-être plus rien après la vie, sauf que la jeune femme veut le croire, elle doit le croire, parce que c'est l'unique chose qui la maintient sur l'immeuble et non écrasée plus bas.

Si elle saute, Samuel sera déçu, et elle refuse de le décevoir encore...

C'est pour ça qu'elle recule lentement, puisant dans toute sa volonté pour descendre et rentrer chez elle. Il faut qu'elle vive, pour lui...

Dans ses yeux...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant