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Vanessa observe le corps endormi, sa respiration est paisible, cependant, le teint blafard montre à quel point Samuel va mal. L'infirmière enchaîne ses blablas alors que la jeune femme semble étouffer sous le poids du chagrin. La seule chose qu'elle a retenue est simple: son état empire.

- Il est tout le temps endormi... Souffle la jeune femme. Avec compassion, l'infirmière tente de lui réexpliquer le pourquoi sans perdre son calme.

- Nous devons l'endormir pour la douleur mademoiselle. Tente-t-elle d'expliquer avec des mots simples. Le cancer se répand vite, les chimios amoindrissent les dégâts mais... La douleur est là...

Vanessa ne peut empêcher quelques larmes de couler. Elle hoche la tête et embrasse le front de son bien -aimé, passant sa main sur le peu de cheveux qu'il lui reste. Seigneur, elle l'aime tant, songe-t-elle. Samuel est avec elle depuis toujours. Ils ne se sont pas quittés depuis la maison d'accueil. Elle doit retourner au travail. Elle doit également trouver d'autres clients, même si cette idée la répugne. Vanessa doit trouver l'argent pour l'opération de celui qu'elle aime, peu importe ses sacrifices.

De retour au restaurant, c'est épuisé qu'elle se met en tenue. Ici, les clients sont fortunés, cela dit, ils sont également aveugles. Ils ne remarquent jamais les serveurs et les pourboires sont parfois négligés. Elle salue ses collègues et prend son carnet de notes. Il faut qu'elle travaille. La semaine dernière, une infirmière l'a appelé durant son service de nuit, le service spécial. Lui annonçant que l'état de Samuel s'aggrave. Elle n'a pas pu poursuivre avec ses clients, elle est rentrée pour tenir compagnie à son bien-aimé...

Jake raccompagne les investisseurs, mécontent, il doit se débarrasser de cette pimbêche qui ne pense qu'à se déguiser pour le séduire au lieu de faire son travail. Une fois assis sur son bureau, il appuie sur l'interphone et aboie à la jeune femme de venir sans attendre. C'est en tremblant qu'une petite rousse, trop maquillée, entre. Jake ne compte pas prendre de gant.

- S'en est trop Louise. C'est la deuxième fois en une semaine que vous me placer une réunion sans délais. Vous êtes viré. Allé prendre vos affaires et débarrassez les lieux.

- Mais...

La jeune femme se ravise. Elle sait que supplier ne sert à rien avec ce qui lui sert de patron. Enfin, d'ancien patron. Relevant le menton, elle tourne les talons et s'en va. Jake savait qu'en embauchant une femme sur demande, il le regrettera. Cette femme n'a pas la hargne de bosser pour vivre, elle pense que tout lui est due.

Agacé, il appelle le directeur des ressources humaines, Paul, qui ne perd pas de temps pour frapper à la porte et entrer. Son froncement de sourcils montre que la secrétaire est encore là, à chialer, et même se plaindre à son paternel d'avoir été injustement renvoyé.

- Paul, trouve-moi une autre secrétaire. Une vrai cette fois. Commande Jake. Et... Je dois discuter avec toi pour la prochaine fusion et les employés qui vont suivre. Allons manger.

Maintenant qu'il n'a plus de secrétaire, son repas ne lui sera pas livré au bureau. Les deux hommes sortent de l'établissement de luxe, et c'est Paul qui suggère un restaurant calme ou ils pourront bien manger et parler sans dérangement. Jake s'en fiche, tant qu'il se remplit l'estomac. Il déteste avoir faim.

Prenant place, une serveuse arrive pour prendre commande. Le bel homme regarde le menu, son employé prend "comme d'habitude" ce n'est qu'en trouvant que Jake relève les yeux et se fige. Un regard triste, cerné, et étrangement familier se trouve devant elle, et cette chevelure soyeux. La jeune femme semble surprise par cet intérêt soudain, aucun client ne relève les yeux d'habitude.

Il ne faut pas longtemps à Jake pour reconnaître la jeune femme, il possède une mémoire visuel accrue. Il revoit cette pute agenouillée, pleurant à chaude larme. La première chose à laquelle il pense est: c'est une blague? Depuis quand les putains travaillent ici. Puis se ravise. Elle est vraiment différente dans cette tenue, sans cette robe vulgaire et cette perruque. Ces boucles, Jake se demande quelle texture elles ont...

- Quel est votre nom jeune fille? Demande-t-il soudain.

Vanessa regarde derrière elle, prise au dépourvu par cet intérêt soudain. Même l'autre homme redresse la tête. Se sentant stupide, elle répond d'une petite voix.

- Vanessa, monsieur. Avez-vous choisi? Dit-elle mal à l'aise.

- Ton nom complet. S'impatiente Jake. La jeune femme fronce les sourcils.

- Vanessa Gomez. Si vous n'avez pas choisi, je reviendrai...

- Inutile, je vais prendre la même chose que lui.

La jeune femme se retire, crispée et maladroite sous le regard amusé de Jake qui ne peut s'empêcher de la reluquer sans vergogne. Il la revoit dans cette robe. Sans perruque. Cette peau couleur miel Elle est vraiment mignonne sans tout ce maquillage. Le bel homme comprend qu'elle ne désire pas se faire reconnaître. Il s'imagine la prendre et la payer par la suite. Sa queue réagit à cette pensée...

Troublée, Vanessa sort du restaurant, cet homme n'a pas arrêté de la manger des yeux. Elle tente de chasser ce regard azure, celui qu'ont ses clients avant de la baiser. C'est en soufflant qu'elle rentre pour se changer, la nuit va être longue.

Vanessa s'éloigne des autre femmes, elles ne sont pas commodes en ce qui concerne le territoire. Des voitures s'arrêtent, des pervers la reluquent et afficher ce sourire commence à l'agacer. C'est le plus difficile pour elle, faire semblant d'aimer être considéré comme un objet. Le temps passe et personne ne s'arrête sur elle. Vanessa désespère, elle a normalement beaucoup de succès.

Lorsqu'une voiture ébène s'arrête, la jeune femme retient son souffle. Elle regarde à gauche et à droite, se demandant si c'est elle qu'on regarde. Le chauffeur sort lentement, replaçant sa veste noire, il rejoint Vanessa qui ne sait plus où se mettre.

- Bonsoir Mademoiselle. Mon patron désire bénéficier de vos services. Parle le grand brun trop sérieux.

- Évidemment mon chou, et où ce cache ton patron? Demande Vanessa d'une voix qu'elle veut séduisante. Marc se retient de lever les yeux au ciel.

- Monsieur Johnson vous attend dans sa demeure, il désire louer vos services pour la nuit.

Vanessa recule d'un pas. Horrifié. Elle a toujours prit ces clients dans le motel prévu pour. Jamais elle ne s'est imaginée quitter les lieux. Car même pourri, elle s'y sent en sécurité. Allé ailleurs reviendrait à être en danger. Qui sait ce que cet homme veut. Il lui fera peut-être du mal et la tuera, personne ne se souciera d'une pute de moins et Samuel sera tout seul.

- C'est hors de question. Je ne vous suivrai pas. Si votre patron veut s'envoyer en l'air, il n'a qu'à venir ici et demander Jade.

- Réfléchissez mademoiselle, monsieur vous payera en conséquence. De plus, il m'a demandé de trouver Vanessa Gomez et non Jade.

La jeune femme se fige alors que Marc écrit sur une feuille sans lui montrer un soudain intérêt. Elle ignore que depuis la voiture, derrière les vitres tintées se trouve un regard de glace qui bouillonne de désire. Son chauffeur tend un papier et Vanessa écarquille les yeux par effroi.

- Voici le prix de monsieur Johnson. Une nuit entière avec lui. Au petit matin, je vous ramène chez vous. C'est plus qu'espéré, je présume.

A cette remarque, Vanessa se rengorge. Il ne sait rien de ce qu'elle espère. Il pense qu'elle se laissera mettre en danger et prendre le risque de laisser Sam tout seul? Cependant, cette somme couvre la moitié des frais avec ce qu'elle a déjà. Jetant un regard vers le véhicule, Vanessa baisse la tête.

- Je refuse. Souffle-t-elle désespérée.

- Il y a mon numéro à l'envers de la carte. Réfléchissez et appelez-moi. Vous avez cinq jours.

Sans rien ajouter, Marc se détourne, laissant Vanessa froisser la carte par colère. C'est tellement injuste. Certain se permettent de mettre autant d'argent pour une nuit de baiser et d'autres sont entre la vie et la mort, avec trop peu de moyen pour se soigner et vivre...

Dans ses yeux...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant