Chapitre 2

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-2-

L'Académie

    Père et mère me guettent alors que je m'engage dans la foule béante ; telle une fourmilière, les jeunes s'agitent dans tous les sens faisant retentir des rires, pour d'autres des larmes, de la panique.

Les genoux manquent plusieurs fois de me lâcher. Je suis perdue parmi tous ces visages inconnus. Un garçon rondouillet me bouscule, un blondinet me sourit révélant des dents parfaitement blanches, un grand brun ténébreux me foudroie du regard, une fille qui ressemble à Pocahontas me toise... je ne les connais pas.

Je nage nage nage au milieu de ces yeux qui me scrutent et je suis perdue, perdue, perdue...

Enfin le visage familier de Capucine se démarque des autres et je me sens plus sereine. Je respire à nouveau normalement.

-    Tu as attaché tes cheveux ? déclare-t-elle en levant les mains en signe de désapprobation.

-    Oui hélas ! Père a dit que je faisais négligée comme ça et il m'a ordonné de les ramasser.

-    Tu es tout de même ravissante me fait-elle en me donnant un coup de coude dans les reins.

-    Ouais, dis-je peu convaincue.

Un homme en uniforme, portant des lunettes, nous demande de nous mettre en deux lignes, les filles d'un côté et les garçons de l'autre. Des regards s'échangent, des sourires également et nos joues s'empourprent. Enfin, on nous fait rentrer dans la gigantesque Bibliothèque.

J'ai tant entendu parler de cet endroit mythique que celui-ci fait son effet immédiatement. L'immensité m'engloutit.

Au plafond, des fresques d'hommes et de femmes à moitié nus se tiennent dans un ciel bleu azur. L'odeur du bois emplit mes narines, les étagères de la bibliothèque contenant des livres s'étendent du sol jusqu'au plafond et colorent la pièce de ses jolies teintes miel et doré. Les tables à écrire sont luxueuses, d'époque Louis XV, les plateaux sont finement travaillés, laissant entrevoir des croisillons de diverses sortes de bois, les pieds ornés d'or. Les fauteuils sont du même style que ceux vus au Pavillon, en bois d'époque et recouverts de velours gaufré rouge. Splendide !

En levant la tête, je vois qu'il y a un étage. Des lustres en cristal sont accrochés au plafond et couvrent la pièce d'une douce lumière.

J'en ai le souffle coupé et je n'entends même pas lorsqu'on appelle mon prénom. 

-    Madelyne FRANÇOIS !

-    C'est moi.

    On me dirige à une table dans un coin de la pièce à coté de recueils de toutes sortes. Mes yeux se posent sur ces reliques anciennes et sûrement interdites à la lecture, sans autorisation. L'homme aux lunettes me donne des instructions et me laisse plantée là.

Emerveillée, j'effleure du bout des doigts les couvertures. Les titres défilent sous mes yeux : Au Bonheur des dames de Zola, Une vie de Maupassant, Le Petit Prince de Saint-Exupéry. C'est comme si mon cœur s'est arrêté de battre face à ce bouillon de créativité, comme si je me tenais devant un immense trésor, mais ne pouvais le prendre.

Mon cœur s'est remis à fonctionner au son de la voix grave de mon tuteur. Un homme aux yeux bleu turquoise me demande de m'asseoir.

 Un homme aux yeux bleu turquoise me demande de m'asseoir

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FRAGILE, (série Brèches) Tome 1 (terminée)  #wattys2017Où les histoires vivent. Découvrez maintenant