FRAGILE, (série Brèches) Tome 1 (terminée) #wattys2017

6- You are beautiful

2026, un an après les attentats

Henri revêtit son costume haute couture. Son père allait faire son laïus. D'ici quelques minutes, il se tiendrait à ses côtés, buvant ses paroles telle une potion magique. Dès son plus jeune âge, il était assoiffé de savoir. Il avait un besoin vital d'exercer le pouvoir. Un jour, il reprendrait les rennes, il serait l'image de la Nouvelle France, le nouveau Dirigeant Suprême. D'ici quelques mois, il se marierait et aurait des enfants.

D'ores et déjà, son père ne cessait de lui répéter d'étudier, car il possédait un talent hors du commun. Les sacrifices de ce dernier, il les connaissait bien. Il avait été témoin du plan qu'il avait mené avec brio, il y a un an de cela. Alain ABAHAI, avait conquis tout un peuple à ses idéaux, grâce aux attentats. Des milliers de vie perdues, les avait menés jusqu'à la gloire. Henri devait donc se montrer à la hauteur de ses attentes. Sur l'écran tactile de son pad, il finissait d'y inscrire les futures lois à ériger, les améliorations à apporter à cette France fragilisée.

L'heure avait sonné. Les yeux rivés vers la fenêtre, il percevait les clameurs de la foule grandissante. Il savourait le spectacle qui se déroulait sous ses yeux ébahis. Le Dirigeant Suprême faisait son entrée, marchant vers l'estrade, solennel et silencieux, entouré de ses gardes personnels. De pâles rayons de soleil se posèrent sur son costume, caressèrent sa moustache, mais il ne cilla point. À son signal, la foule bruyante se calma, excepté un homme qui continua ses tapages inutiles. Le Dirigeant regarda le nuisible. Il claqua des doigts. L'ordre donné, l'un des soldats se débarrassa de cet individu.

— Votre ingérence est demandée lors de la Cérémonie des Mémoires, lui avertit son assistant. Votre premier discours a bientôt lieu, il...

— Taisez-vous ! dit fermement Henri. Je me concentre.

D'ici quelques minutes, il allait faire ses premiers pas en tant que magistrat. Il parlerait du futur, après le discours en hommage aux victimes des attentats. Il serait l'image de l'avenir. Confiant, il bomba le torse, s'échauffa la voix. Il se regarda dans le miroir une dernière fois et partit embrasser son destin.

2074

La salle est blindée. Mes genoux tremblent. Je suis pétrifiée. C'est la première fois que je vais faire un solo. Je ne danserai pas pour notre leader, mais je danserai pour Dieu. Pour moi. Pour les autres. Pour la liberté. J'ai demandé à Vincent de jouer à la guitare et de s'enregistrer, afin de ne pas avoir les paroles de la chanson choisie, interdite par le Gouvernement. Beautiful de Bethany Dillon.

Ainsi, je danserai à l'unisson, avec les notes. Je me laisserai emporter par la mélodie. Mais dans mon cœur, je chanterai les paroles :

"Beautiful"

I was so unique
Now I feel skin deep
I count on the make-up to cover it all
Crying myself to sleep cause I cannot keep their attention
I thought I could be strong
But it's killing me

Does someone hear my cry?
I'm dying for new life

[Chorus]
I want to be beautiful
Make you stand in awe
Look inside my heart,
and be amazed
I want to hear you say
Who I am is quite enough
Just want to be worthy of love
And beautiful

Sometimes I wish I was someone other than me
Fighting to make the mirror happy
Trying to find whatever is missing
Won't you help me back to glory

[Chorus]

You make me beautiful
You make me stand in awe
You step inside my heart, and I am amazed
I love to hear You say
Who I am is quite enough
You make me worthy of love and beautiful