Miqlat, août 2072
Adam se tenait au chevet de sa femme. Ses longs cheveux noirs tombaient en cascade sur l'oreiller. Lors de leur première rencontre, il avait de suite été charmé par sa beauté naturelle, ses traits asiatiques, la blancheur de sa peau et ses lèvres rouge cerise. Sa douceur, sa discrétion, sa légèreté, la grâce qu'elle avait quand elle se déplaçait, l'avait captivé.
Adam était revenu autant de fois qu'il pouvait dans ce gite au milieu des montagnes, juste pour la voir et non plus pour se ressourcer. La jeune femme était serviable et pleine de bonté. Ses sourires emplissaient son cœur d'un baume et d'un renouveau qu'il cherchait désespérément depuis la trahison de Kathryn. Celle qui avait piétiné son cœur à la Nouvelle France, la N.F.
Adam était plus mature quand il s'était mis en couple avec Aiko. C'est âgés de 24 ans tous les deux qu'ils se sont mariés dans les montagnes adorées, lieu où ils avaient décidé de vivre. Leur refuge, un endroit simple, mais combien inspirant et reposant.
Aiko et lui étaient mariés depuis deux ans.
Comme tous les matins, Adam se réveillait avant sa belle. Il adorait l'admirer dans son sommeil.
Seulement depuis quelques jours, elle semblait pâle et fatiguée. Elle avait été obligée d'arrêter son travail à l'auberge se plaignant de maux de tête et de vertige. Aussi, son mari lui avait conseillé de prendre du temps pour se reposer. Il pensait qu'elle était enceinte car elle avait un retard. Tous les deux commençaient à se projeter vers un avenir à trois.
Adam se sentait prêt à entamer ce rôle de père même s'il n'était pas facile de concilier ses missions avec sa vie de famille, mais il y parviendrait.
Hier après-midi, elle s'était rendue seule chez le médecin tandis qu'il était en mission. Il était rentré tard éreinté, mais soulagé d'avoir pu extraire cette famille des camps dans le Sud de la N.F. Comme à chaque fois, il serrait sa femme dans ses bras. Il aimait sentir le parfum de ses cheveux, mais elle ne s'était pas réveillée cette fois. Elle devait être bien fatiguée.
Ce matin, il l'admirait et c'est vers les 9 heures qu'elle se leva enfin.
Son visage était affligé. Adam remarqua qu'elle avait les yeux bouffis, sûrement par les larmes qu'elle avait dues verser pendant son absence.
— Mon amour, murmura-t-il, ce n'est pas grave si tu n'es pas enceinte, ce sera pour une prochaine fois.
— Oui, je ne porte pas ton bébé Adam, je suis désolée.
— On a tout le temps mon cœur.
— Non, Adam, nous n'avons pas ce luxe...
Il comprit alors ce qu'elle ne disait pas, mais il refusait d'y croire et de se rendre à l'évidence. Pas elle. Pas maintenant. Pas quand il était enfin heureux.
— Adam, fit-elle en prenant son visage entre ses mains, le médecin a dit que je n'ai que quelques semaines, quelques mois au mieux, j'ai une tumeur au cerveau.
— NON ! C'est impossible ! On peut encore te guérir.
— C'est trop tard, le cancer s'est répandu, on ne peut plus le retirer. Je ne désire pas passer mes dernières semaines à l'hôpital juste pour gagner quelques jours de plus.
— NON ! NON !!!!
Adam pleurait. Il ne comprenait pas. Plus les jours passaient, plus il espérait qu'elle guérirait, qu'elle irait mieux, que les médecins s'étaient trompés.
Seulement la vérité est parfois dure à entendre. Aiko dormait de plus en plus et s'affaiblissait. Elle avait maigri, ne pouvant se nourrir normalement.
Certains jours, elle sentait la mort. Adam devait faire sa toilette et ses changes plusieurs fois par jour, mais il adorait sa femme. Il ne voulait pas l'abandonner, pas comme ça !
Cette fin de journée là, il faisait beau, les oiseaux chantaient et le soleil se faufilait entre les arbres. Aïko avait demandé à Adam de l'emmener sur la véranda pour admirer les montagnes. Il la tenait dans ses bras et ils respiraient l'air frais. Il pouvait sentir son souffle saccadé.
— Chéri, je te laisserai dormir ce soir, je dormirai tranquille. Promis !
— Mon amour, tu ne me déranges pas ! Réveille-moi autant que tu veux.
Adam l'avait embrassée avant de la déposer sur le lit, de remonter le drap sur son corps chétif. Si seulement il avait compris qu'elle était en train de lui dire qu'elle s'en allait au ciel pour l'éternité. Il l'aurait tenue contre lui, il l'aurait embrassée. Au matin Aiko ne s'était pas réveillée...
Quelques jours auparavant, elle lui avait écrite une lettre, lui avait fait jurer de ne la lire qu'après sa mort. Le mot entre les mains, anéanti et le cœur déchiré, Adam lisait les derniers souhaits de son épouse :
Mon amour,
Si je t'écris ces mots c'est pour te libérer d'un poids que je ne veux pas que tu portes trop longtemps.
Je sais que tu ne désires pas entendre ces mots, mais tu dois faire ton deuil. Tu prendras le temps qu'il faut pour apprendre à vivre sans ma présence. Je réalise avec peine que ce sera difficile et douloureux.
Je te connais suffisamment pour savoir que tu es quelqu'un de brave et fort. Ma mort est une épreuve de plus dans ta vie, mais je sais qu'elle ne te vaincra pas.
Tu dois trouver la force pour continuer à te battre pour ceux qui sont délaissés, pour les opprimés, pour les orphelins, c'est pour ça que tu es né. Tu es sur né pour être grand, pour apporter la liberté. C'est de ça que je suis tombée amoureuse. Tu es un homme brave.
Je t'en prie ne laisse pas cette épreuve t'endurcir et ne ferme pas ton cœur à l'amour.
Viendra un moment où tu rencontreras une femme avec qui tu passeras la fin de tes jours, tu vieilliras à ses côtés, tu lui feras des enfants, tu l'aimeras. Je sais que tu la traiteras avec respect car tu es un homme, un vrai, tu sais comment aimer et faire ressortir ce qu'il y a de mieux en l'autre.
Sache que je suis là haut avec la nuée des témoins, que je t'acclame chaque jour pour que tu achèves ta course, que tu remplisses toutes les missions pour lesquelles tu es destinées.
Ta femme, Aiko
Que pensez-vous de ce retour en arrière sur la vie du mystérieux Adam ? ce qui explique un peu de sa retenue ! Bisous et n'oubliez pas de voter et laissez-moi un commentaire ! Marie
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FRAGILE, (série Brèches) Tome 1 (terminée) #wattys2017
Ciencia FicciónParmi les décombres de la Nouvelle France, une petite fleur fragile se dessine pourtant, un pissenlit. Parmi les jeunes filles du pays à marier, Madelyne, « trop fragile et pas intelligente » selon son père, fera une rencontre inoubliable qui bouscu...