Miqlat, mars 2074
Gabriella
Madelyne est sauvée. Elle est tirée d'affaire. Elle est saine et sauve. Malheureusement, sa mère adoptive Sophie, est morte de froid. Elle n'a pas survécu, mais elle nous a quittés en sauvant notre fille. Pour cela, je lui serai à jamais reconnaissante. Je ne peux m'empêcher d'admirer Madelyne dans son sommeil. Elle a de beaux cheveux blonds. Ils sont soyeux. Je les ai touchés. Depuis que je l'ai retrouvée, je n'ai pas pu la quitter, trop effrayée de la perdre de nouveau.
J'ai trop souffert pendant toutes ces années, le cœur anéanti et en peine. Trop de mois à arpenter les forêts de Miqlat, à revenir sur mes pas, sur les lieux de mon sauvetage. Des nuits à contempler le ciel, dans l'espoir de voir un signe. Des jours entiers sans manger. Désespérée à ne rien faire d'autre que...pleurer. Trop de larmes versées. La phase du deuil passée, j'ai consulté des sites, faisant le portrait vieillissant de Madelyne, mettant au jour le jour ce à quoi elle ressemblerait une fois une année écoulée. Lorsque j'ai mis au monde Violette, je revoyais ma Maddy en elle, dans chacun de ses sourires et dans ses bêtises aussi. Des années plus tard, j'ai mis en oeuvre ce plan lorsque j'ai fait la rencontre d'Adam. Dès que j'ai su qu'il était un Libérateur, je n'avais qu'une idée en tête : sauver ma fille. Je n'ai jamais renoncé à la revoir. On dit que « l'espoir fait vivre » ! J'ajoute « il fait renaître quelqu'un de ses cendres ». Je suis arrivée sur ces terres, désemparée, révoltée, veuve et privée de mes enfants. Ceux que j'avais portés pendant neuf mois, on me les avait arrachés de mes bras en une fraction de secondes. Cela a été la chose la plus horrible que j'ai eue à vivre. Mon fils : mort sous mes yeux et ma fille, Madelyne enlevée à mes soins. J'ai mis des mois à m'effondrer, mais c'est l'assurance de nos retrouvailles qui m'a rendue forte et inébranlable.
Aujourd'hui Madelyne est là. Je l'aime. Je donnerais ma vie pour sauver la sienne. C'est cela l'amour ! Vivre pour ceux que l'on aime, mais aussi être prêt à mourir si nécessaire. Dehors il pleut des cordes, mais dans mon cœur c'est un soleil radieux qui irradie sa lumière. Dehors c'est l'hiver, mais dans mon âme c'est l'été. Enfin, elle se réveille. Je me blottis dans ses bras. C'est si soudain ! J'espère que ça ne l'effrayera pas. J'ai rêvé tant de fois de faire cela. Madelyne ne se défait pas de mon étreinte, au contraire, elle me presse contre elle et pleure.
— Je t'aime à l'infini.
— Moi aussi maman, tu m'as manqué, dit-elle.
Je pensais que les années auraient créé un fossé entre nous mais pour l'instant, ma fille semble heureuse et apaisée d'être là. Elle touche mes cheveux et mon visage comme lorsqu'elle le faisait quand elle était petite. Ses yeux sont toujours les mêmes yeux couleur caramels, plein de malice et d'innocence, mais il y a désormais le poids de la vérité, un brisement que je ne lui connaissais pas.
— Toutes ces années, tout ce temps où je croyais être bizarre et folle. Je ne ressemblais pas à mère ni à mon père et je te voyais dans mes cauchemars. On m'enlevait à toi et je ne savais pas pourquoi ni qui tu étais.
— Ma chérie...
— Mais le Ciel m'a ramenée à toi.
Dans le silence, on s'enlace. Une mère et son enfant.
— Où est mère ? finit-elle par demander
— Je suis désolée, elle n'a pas survécu. Elle était trop faible lorsqu'on l'a trouvée.
— Oh non !!!
Madelyne semble anéantie. Elle a perdu celle qui a été là pendant les 17 années de sa vie, celle qui a su prendre soin d'elle et l'aimait comme sa propre fille. Sa mère.
— Et Adam... il... il va bien, n'est-ce pas ?
— Je ne sais pas, on n'a pas réussi à le retrouver et nous sommes sans nouvelle de lui depuis cinq jours.
— Quoi ? Impossible ! C'est Adam, il ne peut pas être mort dit-elle en se levant.
— Chérie, calme toi. On continue les recherches.
— Je dois le retrouver maman. Il est mon repère, il est mon confident. Je ne suis rien sans lui, j'ai besoin de lui.
— Shhhh...
Intérieurement je prie pour Adam pour qu'il nous revienne pour Madelyne et pour sa famille à lui.
Il est midi et je propose à ma fille de déjeuner avec nous. Je lui laisse le temps de se changer et lui demande de nous rejoindre dans le salon. Comme un petit enfant perdu, elle avance à pas feutrés dans la pièce, les bras croisés.
Je m'avance vers elle pour lui présenter son petit frère Emmanuel âgé de 8 ans et sa petite sœur Violette âgée de 2 ans, ainsi que son beau-père Luc.
— Bienvenue chez toi, Madelyne fait Emmanuel
— Coucou, lui dit Violette en courant dans ses bras.
— Bonjour, répond-elle timidement.
Je lui fais une visite rapide de la maison avant de passer à table. C'est en rendant grâce que nous prenons notre premier repas en compagnie de Madelyne.
Un nouveau pays, une nouvelle famille pour notre Maddy, qui est perdue dans ses pensées. ALors ??? Merci pour vos votes et lectures les loulous...
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FRAGILE, (série Brèches) Tome 1 (terminée) #wattys2017
Ciencia FicciónParmi les décombres de la Nouvelle France, une petite fleur fragile se dessine pourtant, un pissenlit. Parmi les jeunes filles du pays à marier, Madelyne, « trop fragile et pas intelligente » selon son père, fera une rencontre inoubliable qui bouscu...