42- Service des Fraudes

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— Princesse, me dit mon mari en embrassant le creux de mon cou. Tu es pure et merveilleuse. Ce qui m'a plu chez toi c'est que tu n'as pas eu peur d'être toi même, innocemment tu t'es révélée à moi, dès le début, tu as été vraie. Mais ton père, le Gouvernement t'ont piétinée, ils ont voulu écraser ta fragilité. C'est ta pureté qui m'a conquis. Tu es ma fleur fragile et généreuse. J'admire comment tu partages ta beauté et j'aime sentir ton parfum.

— Adam c'est magnifique ce que tu me dis là, je ne te savais pas si poète.

— Et par dessus tout, tu es SEXY ! rigole t-il en soulevant les draps.

Au bout de longues heures à paresser, on sort finalement du lit.

La nuit est tombée sur Paris, même s'il est encore tôt. À la fenêtre, je contemple les lumières de dehors, elles éclairent les rues désertes, pas un badaud, pas un bruit. Ici, pas de verdure, pas de soleil, il règne un climat de terreur, auquel j'étais accoutumée.

— C'est fou comment j'ai pu vivre ici, avoué-je, rien que sentir cette atmosphère, ça me pèse.

— Je suis content de t'avoir sauvée.

— Moi aussi. Hâte de retrouver Capucine et de la sortir de là.

PAF PAF PAF

La porte se fracasse et une horde d'hommes armés se rue dans notre chambre. Ils se jettent sur Adam qui tente de me protéger et ils le projettent au sol. Impuissante, je regarde la scène pétrifiée, je me sens dépossédée comme la gamine que j'étais lorsqu'ils m'ont enlevée à mes parents.

— Service des Fraudes et de l'Immigration, je vous arrête en territoire Français, Madelyne FRANÇOIS, vous êtes une fugitive. Qui est cet homme qui vous accompagne ?

Le leader à la moustache me crie dessus pour que je lui donne une réponse satisfaisante.

— Je m'appelle Madelyne Villiers, l'homme que vous tenez là est mon époux. Nous sommes ici librement et nous en repartirons en tant que tels. Je suis venue annoncer mon union à mon père.

— Vous avez des papiers à me présenter ? somme le moustachu.

— Dans mon sac à main, dis-je, sur la table de chevet.

Il marche, décidé à trouver une faute chez nous. Il fouille les papiers, lit, relit, tourne la feuille, passe quelques coups de fil puis d'un coup de main, ordonne à ses hommes de nous relâcher.

— Bien, bien, dit-il enfin, le fils du Dirigeant Suprême vous invite à demeurer au Pavillon le temps de votre séjour.

Nous savons tous deux que nous ne pouvions refuser, nous pourrons être proches de Capucine, tout près du but.

Notre suite est sublime, j'en ai le souffle coupé. Je n'ai jamais beaucoup aimé les pièces sombres, mais celle-ci est tamisée et cela lui confère une atmosphère romantique. Des lampes et des plantes vertes sont accrochées à notre tête de lit qui se marie à la perfection avec le bois foncé de ce dernier. J'enlève mes chaussures pour sentir le parquet gris clair sous mes pieds, j'ai toujours aimé marcher nus pieds. Une orchidée blanche est posée sur la table basse, à côté des livres. Mon époux profite pour faire l'inspection des lieux, je l'entends dire « pas de caméras apparentes, pas de micros ». Mes doigts glissent sur la couverture usée du premier recueil, je feuillette les pages jaunies par le temps et hume l'odeur du papier. Je suis étonnée de voir ce genre d'objets ici. Je décide de lire le poème que j'ai sous les yeux intitulé Tristesse d'un certain Alfred de Musset :

J'ai perdu ma force et ma vie,

Et mes amis et ma gaieté;

J'ai perdu jusqu'à la fierté

Qui faisait croire à mon génie.

Quand j'ai connu la Vérité,

J'ai cru que c'était une amie ;
Quand je l'ai comprise et sentie,
J'en étais déjà dégoûté.

Et pourtant elle est éternelle,

Et ceux qui se sont passés d'elle

Ici-bas ont tout ignoré.

Dieu parle, il faut qu'on lui réponde.

Le seul bien qui me reste au monde

Est d'avoir quelquefois pleuré.

Tant de belles choses sont écrites, je ne comprends pas pourquoi le Gouvernement de la N.F a fait un tel choix en les interdisant. Ou plutôt je comprends avec horreur pourquoi elle l'a fait, elle veut nous enlever notre liberté de penser, notre individualité, notre créativité. Mais je me suis enfuie à Miqlat, je suis devenue moi-même, je suis devenue plus courageuse. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour aider Capucine à être celle qu'elle doit être aussi.

— Mon amour, on est attendus pour dîner, dit mon époux. Notre hôte a prévu des vêtements pompeux en notre honneur. Tenue correcte exigée.

— Ça ne m'étonne pas du personnage !

D'après mes souvenirs, Hadrien a toujours aimé les mises en scène, les tenues sophistiquées, les belles choses. Pas étonnant qu'il ait choisi Capucine, quel trophée !

Je prends une douche rapide avant de me glisser dans le tissu luxueux de la robe noire. Il y avait bien longtemps que je n'avais revêtu pareille tenue. Malgré les circonstances, je dois admettre que c'est agréable d'être ainsi habillée, la robe est somptueuse. La dentelle sur la poitrine couvre assez mon décolleté pour qu'il invite à découvrir ce qui se cache dessous. Le dos est entièrement nu. Lorsque je sors de la chambre, Adam m'attend dans le couloir, il me détaille de la tête aux pieds, je suis obligée de rougir. Il fronce d'abord les sourcils puis se détend et me sourit et je fonds fonds fonds.

— Tu es trop sexy, je ne peux pas te laisser sortir comme ça. Hadrien a prévu son coup pour te mater !

— Laisse-le, je prendrai un malin plaisir à lui rappeler que je t'appartiens, dis-je en l'embrassant avec passion.

— Dans ce cas, faisons une entorse à la règle, le dîner devra attendre encore une vingtaine de minutes...

Mon mari m'attire à lui dans la chambre...

Demain les loulous, les derniers chapitres seront postés. Surtout VOTEZ...COMMENTEZ...PARTAGEZ...

FRAGILE, (série Brèches) Tome 1 (terminée)  #wattys2017Où les histoires vivent. Découvrez maintenant