— Tiens enfile ça ! dit Adam.
Mon tuteur ou plutôt mon Libérateur, me tend une perruque noire et un manteau en fourrure. Rien qui ne me ressemble.
— Tu es fille de magistrat, on te reconnaîtrait facilement. On a des fausses identités, tu seras Nathalie HOARAU.
— Bien.
— On a pour 3 heures de Transrapid pour arriver jusqu'à la frontière au Sud de la N.F. Il est préférable de voyager la nuit pour diminuer les risques d'être pris.
Dans la navette, Adam rentre les coordonnées qui nous mènent à la gare. Mon cœur bat à cent à l'heure. Je suis paniquée à l'idée de me faire prendre et aussi angoissée face à l'inconnu, même si cela est excitant.
Je suis plus bavarde que jamais et je raconte à Adam mon week-end avec mes beaux-parents, enfin si on peut les appeler comme ça.
— C'est une chance que je ne me marie pas avec Vincent, c'est comme s'il n'avait aucun mot à dire face à sa mère. Je plains la future Madame LEMAIRE.
— Mmmm, fait-il sans vraiment m'écouter.
— Sa mère est un boulet !
Le trajet jusqu'à la gare est rapide et avant de sortir, Adam me demande d'être plus silencieuse, histoire de ne pas nous faire remarquer.
— Attends, dit-il en me tendant une alliance. On est censé être mariés.
— Ouha, j'ai cru que tu me faisais une demande en mariage ! Dis-je en plaisantant à moitié.
Pendant un instant, j'y ai vraiment cru ! On entre dans la gare. Dans la cabine, les officiers nous demandent nos papiers. On les leur tend et je sens mon pouls s'accélérer. J'ai l'impression que tout le monde nous regarde, même si ce n'est pas le cas. On passe le contrôle et filons pour le train.
Le Transrapid ! C'est la première fois que j'y mets les pieds. Les vitres sont entièrement transparentes et sur certains panneaux, il y a des écrans qui affichent la météo, sur d'autres le trajet et sa durée. Ici, pas de conducteur, tout est contrôlé par ordinateur et en cas de panne, les batteries du train ont une autonomie de deux heures.
Adam et moi nous asseyons l'un en face de l'autre. Je ne peux m'empêcher d'admirer le ciel étoilé, les arbres qui défilent sur notre passage et les maisonnées éclairées.
Un sentiment étrange me parcourt. Je suis consciente qu'une fois arrivée à Miqlat, je serai livrée à moi-même et ça me fait peur. Adam aura terminé sa tâche. Que deviendrai-je sans lui ? D'une certaine façon, il est mon repère et mon point d'encrage. Sans lui, je serai submergée et perdue.
Ainsi qu'il me l'a demandée, je reste calme, mais à l'intérieur c'est un véritable combat qui fait rage. Mes pensées se bousculent et se heurtent face à la vérité. Mes peurs me terrorisent et je suis attaquée de plein fouet par une horde de questions sans réponse. Plus je vois les lumières des maisons défiler, plus je réalise que je laisse mon passé derrière moi. Mes souvenirs. Capucine et ma mère.
En silence, je pleure. Mes larmes roulent le long de mon visage et elles ne semblent pas apaiser mon âme. Au contraire, elles me rappellent que je suis brisée, déchirée et fragile.
J'entends distinctement la voix de père : « Tu es fragile. Madelyne tu n'es pas à la hauteur ».
Je ferme les yeux pour tenter de stopper ses accusations, mais c'est pire. Je le vois qui me gifle. Je perçois mère qui se sacrifie pour moi et qui est seule maintenant face à lui. Je l'ai abandonnée.
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FRAGILE, (série Brèches) Tome 1 (terminée) #wattys2017
Ciencia FicciónParmi les décombres de la Nouvelle France, une petite fleur fragile se dessine pourtant, un pissenlit. Parmi les jeunes filles du pays à marier, Madelyne, « trop fragile et pas intelligente » selon son père, fera une rencontre inoubliable qui bouscu...