FRAGILE, (série Brèches) Tome 1 (terminée) #wattys2017

18- Embrouilles

       

Adam sort vérifier les alentours avant notre départ et je ne peux contenir mes larmes. Je fouille dans son sac et trouve son téléphone portable. Je saisis l'occasion pour appeler mère, mais je tombe sur son répondeur, ce qui déclenche une nouvelle crise de larmes.

J'ai tout abandonné là-bas et je suis censée ici embrasser la liberté. Pour l'instant, ce que je ressens, c'est un vide immense et le brisement. L'excitation de départ s'est envolée pour laisser place à la solitude.

Les yeux rivés sur ma tasse de café froid, je repasse tel un film, tous les moments que j'ai échangés avec mon tuteur. Peu à peu, il est devenu mon ami et mon confident, puis mon sauveur. Ne plus le revoir, serait une perte de plus et je ne sais pas si je le supporterai.

Je suis blessée par la distance qu'il met entre nous, mais je ne peux exiger qu'il ressente la même chose que moi. Adam a dû beaucoup souffrir de cet amour qu'il a mentionné lors du test, pour me tenir à l'écart de sa vie.

Quand il pousse la porte, il soupire. Je sens qu'il est agacé. Il a ce regard ombrageux quand il est en colère ou contrarié.

— On est coincé ici, une tempête de neige à l'horizon. Fichu temps !

— J'essayerai de me faire le plus discrète que possible, dis-je en me dirigeant vers la porte.

— Qu'est-ce que tu dis ?

— Visiblement tu n'as pas l'air enchanté de m'avoir sur ton dos une fois de plus.

— Maddy, il ne s'agit pas de toi !

— Ce n'est pas l'impression que tu donnes, dis-je en m'éloignant de lui.

— Où crois-tu aller comme ça ? Il fait froid dehors.

— Je veux juste prendre un peu l'air. Je ne vais pas m'enfuir, seulement m'aérer l'esprit.

— Bien, mais ne t'éloigne pas ! Et mets une veste, il fait très froid dehors.

VLAM ! Je claque la porte.

Le sol et les arbres sont recouverts de neige. Tout est blanc à perte de vue, ça donne une impression de pureté et de légèreté. J'ignore où nous sommes et combien de temps il nous faudra pour aller jusqu'à maman, mais ici nous sommes seuls. Le ciel est si sombre. Lui aussi est en colère !

Debout devant la maisonnée, je respire l'air frais. Je n'ai pas envie de rentrer et de lui faire face. Si je dois le perdre, autant commencer aujourd'hui et ne pas s'attacher davantage.

Mes pensées vont vers Vincent qui était prêt à m'aimer pour la vie. Il aura le cœur brisé en apprenant la vérité. Puisse-t-il me pardonner !

Le vent se met à souffler de plus en plus fort. Je vois les arbres se plier sous son passage. La neige commence à tomber de nouveau. On est entouré d'arbres géants et de rochers immenses, un peu comme si nous étions perdus au milieu de nulle part. La montagne à ma droite s'élève pour toucher le ciel, un endroit magique. Dans d'autres circonstances, je pense que j'aimerais rester ici, un réel havre de paix.

Mince ! Adam m'appelle et m'ordonne de rentrer immédiatement.

— Madelyne... tu as utilisé mon portable sans mon autorisation ?

— Oui, je voulais juste prendre des nouvelles de mère, ce n'est pas un crime ! dis-je en rentrant à l'intérieur.

Il me jette un regard noir et serre les dents de colère.

— Elle est sûrement surveillée par ton père et il pourrait tracer l'appel et nous retrouver ! crie t-il en s'approchant de moi.

C'est la première fois que je l'entends élever la voix comme ça, il ne m'a jamais parlé de cette façon. Il est en proie à la colère.