Parmi les décombres de la Nouvelle France, une petite fleur fragile se dessine pourtant, un pissenlit.
Parmi les jeunes filles du pays à marier, Madelyne, « trop fragile et pas intelligente » selon son père, fera une rencontre inoubliable qui bouscu...
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Madelyne
Je me sens submergée par l'amour que me donne maman, les regards que me jettent mon petit frère, ma petite sœur Violette et l'immense vide que je ressens. Le manque. L'absence de ceux que j'aime, surtout mère et Adam.
ADAM
Qu'est-il devenu ? M'a t'il abandonné ? Est-il mort ? Mon cœur est malade d'amour pour lui, j'ai besoin de savoir s'il est encore en vie.
Ici tout est nouveau pour moi, comme le fait de parler à table et de dire ce que l'on pense. J'ai toujours eu l'habitude d'écouter et d'éviter en présence de père les babillages (comme il le disait) et les bavardages inutiles. J'ai tout à réapprendre. Violette fait du bruit en tapant avec sa cuillère sur son assiette, Emmanuel raconte sa passion pour la boxe et mes parents écoutent attentifs. Je suis frappée par la liberté qui se dégage. Il n'y a aucune froideur dans les yeux de mon beau-père Luc, il se met au même niveau que son garçon.
Moi qui suit d'ordinaire bavarde, je demeure silencieuse et observe médusée la scène familiale. C'est un portrait diamétralement opposé à celui que j'ai eu l'habitude de voir à la N.F, dans la villa.
Maman, Gabriella, n'est pas effacée comme l'a été mère. Elle sourit à Luc qui caresse son dos d'une main et rigole aux bêtises de Violette. Elle n'est pas discrète quand elle rit aux éclats et fait même du bruit, en chantant, pour amuser sa fille. Ça me rappelle la maman de mes souvenirs. En elle je me retrouve, la Madelyne bavarde.
Ici la salade est servie avant les pâtes et il y a trois vinaigrettes différentes en pot. Chacun a le droit de manger ce qu'il désire et même de ne pas finir son plat. Violette est autorisée à finir son repas sur les jambes de Gabriella et Luc débarrasse la table. À la N.F, je n'ai jamais vu père aider ma mère aux tâches ménagères.
Le repas terminé, Violette me prend la main et me dit « Viens » pour me montrer ses jouets dans sa chambre toute rose. Elle dispose de livres et de dessins animés.
Poussée par la curiosité j'en prends un dans les mains. Ici les livres sont des objets comme tout autre, banal, ordinaire. Pour moi, c'est sacré. Je le feuillette avec soin. Les images sont colorées et pleines de messages d'amour et d'espoir. Rien qui ne parle du Dirigeant Suprême ou du Gouvernement. Des choses simples, des messages tels que le partage.
Emmanuel m'appelle pour visionner un film avec lui. Ici je suis un peu comme un invité d'honneur et les enfants ne cessent de réclamer ma présence. Je suis célébrée et je n'ai pas l'habitude d'un tel engouement.
Assise dans le canapé, on visionne un dessin animé en 3D. Les images sont comme vivantes et nous environnent, la technologie a pris le dessus et nous pouvons même sentir certaines odeurs comme le parfum des fleurs pendant le film et ressentir les vibrations. J'en suis fascinée. Le temps d'un instant j'oublie tout et me concentre sur l'histoire qui m'emporte.
