La semaine s'écoule dans la classe dans la même ambiance et je viens en cours sans prendre la peine de mettre du maquillage car madame Goeffrey fait remonter en nous les peines du passé. Malgré les visages inconnus, il s'est lié entre nous un lien très fort, à croire que les larmes versées nous ont unis.
Comme tous les matins, depuis une semaine, une bonne partie de notre promo se retrouve à la cafétéria pour prendre le petit déjeuner. J'appartiens à une bande, c'est nouveau pour moi. Il y a la jolie Michelle, ma voisine, une fille au teint méditerranéen, les cheveux bruns, un corps de rêve. Pour ma grande joie, il y a Romain, le beau gosse aux yeux vert et d'autres personnes dont j'ai encore du mal à retenir les noms.
Michelle me rappelle un peu Capucine, pour son franc parler et son grain de folie. Elle n'a pas hésité à m'inviter certains soirs pour qu'on se regarde des films et on a pu faire plus ample connaissance.
Il est 7h30, on est à table buvant notre café, Michelle nous parle d'elle.
— Mes parents sont riches, ils veulent que je sois avocate, mais moi je rêve d'être chanteuse. C'est pour ça que je suis venue ici contre leur gré.
— Waouh ! Quel courage ! avoue Romain
— Malgré tout, ils ne m'ont pas coupé les vivres, c'est déjà ça !
— Et toi ? Tu es bien silencieuse ? Tu n'es pas d'ici si je m'trompe, dit le beau gosse.
— Je viens de la N.F, là-bas c'est tout le Gouvernement qui tente de contrôler votre vie, il n'y a aucune liberté.
— Oui, j'en ai entendu parler, avoue Michelle. C'est ce monsieur Villiers qui t'a sauvé ? J'ai entendu dire ce qu'il a fait, tout le monde ne parle que de ceux qui sont comme lui, des Libérateurs.
— Oui...c'est bien lui qui m'a sortie de là et il a failli mourir, je lui en serai à jamais reconnaissante, dis-je avant de me lever pour clore le sujet.
Je me dirige vers le bar pour servir du jus. Les mots d'Adam demeurent encore dans ma tête « je ne peux pas être ton ami ». Je ne l'ai pas revu depuis nos retrouvailles.
Derrière moi, Romain me rejoint et tape sur mon épaule.
— Si tu as besoin de parler, je suis là, commence-t-il.
— Merci.
— Tu vas voir, tu vas adorer ta nouvelle vie et tu ne pourras plus te passer de moi.
Il rigole.
— Très drôle.
— Mon meilleur pote vient de la N.F, il est arrivé ici lorsqu'il avait 10 ans et depuis lui et moi on est devenus inséparables. La première fois que je l'ai vu, il était un peu comme toi, en retrait, effrayé, silencieux...
— Je ne peux pas me fondre dans le décor, pas vrai ?
— Absolument pas ! Et j'en suis content !
Michelle nous fait signe de la main pour qu'on la rejoingne. Il est déjà 7h50 et les cours commencent à 8h00. Déjà bras dessus, bras dessous, Romain et elle suivent le flot des étudiants dans le jardin avant de se dissiper dans les couloirs. Je grimpe les escaliers et balaye mes yeux sur les noms des portes.
Ici chaque salle porte un nom. La notre est intitulée l'Éclosion. Munie de mon Smartphone, je prends en photo l'inscription. Je l'envoie à maman, à qui je raconte toutes mes aventures.
La salle est munie de tables maintenant, elles forment un U gigantesque permettant à tout le monde de se voir. Les autres se dépêchent de prendre une place, sauf moi.
VOUS LISEZ
FRAGILE, (série Brèches) Tome 1 (terminée) #wattys2017
Ciencia FicciónParmi les décombres de la Nouvelle France, une petite fleur fragile se dessine pourtant, un pissenlit. Parmi les jeunes filles du pays à marier, Madelyne, « trop fragile et pas intelligente » selon son père, fera une rencontre inoubliable qui bouscu...