Je sentis une main secouer légèrement mon épaule, une voix masculine m'appelant plusieurs fois "Miss... Miss?" Sortant de ma torpeur avec difficulté, je m'assis, en me frottant les yeux, sur ce qui me servait de lit. Je regardais l'homme en face de moi, chapeau et canne en main, qui me regardait une pointe d'inquiétude sur le visage. Après un bref moment, je posais l'énorme sac qui me servait d'oreiller à mes pieds et enfilais correctement la veste qui me servait de couverture. L'homme s'installa à côté de moi, ne me lâchant pas des yeux. Il faisait nuit et tandis que je regardais ma montre, l'inconnu me demanda :
"Are you okay?
-Ça va" répondis-je avec difficulté avant de me rendre compte de mon erreur. Je repris alors dans un parfait anglais "oui, merci. Mais pourquoi m'avez vous réveillée?
-Voyons, Londres est dangereuse de nuit, et on ne laisse pas une jeune fille dormir seule sur un banc, qui plus est sur un pont" répondit-il souriant face à mon lapsus. "Encore moins une étrangère qui n'a pas l'air d'avoir de toit! Voulez vous un café?
-Je préférerais un chocolat, s'il vous plaît" demandais-je rouge de honte à l'idée que cet étranger me le paie.
Sans un mot, il se leva et alla en direction d'un petit stand ambulant qui vendait toute sorte de boissons chaudes, discuta un léger instant avec le vendeur et revint avec deux gobelets et un petit sachet. Il me tendit celui sur lequel une croix était inscrite ainsi que le petit sachet qui, au vu de l'inscription, contenait un mélange de sucre et de cannelle et que je venais immédiatement dans ma boisson. Je pris une gorgée brûlante avant de briser le silence.
"Je suis arrivée il y a trois jours, et je n'ai pas encore trouvé d'appartement dans mes moyens, assez proche de l'Université de Londres. Et je n'ai pas encore trouvé de travail, mais ça je pense que je m'y consacrerai plus après ma rentrée.
-Hmmmm" me toisa l'homme le gobelet aux lèvres "Un appartement... je connais un endroit qui pourrait vous convenir à une vingtaine de minutes de l'Université, dans un immeuble tout à fait charmant.
-Et qu'est-ce qui me pousserai à vous croire? Si ça se trouve, non pas que j'ai quoi que ce soit contre vous, vous êtes un dangereux sociopathe prêt à me tuer à la première occasion" m'encquis-je soudain.
Il se leva une deuxième fois, posa son verre sur le banc, souleva son chapeau d'une main et me tendit l'autre, le tout sous mon regard perplexe, en ajoutant:
"Docteur John Watson, professeur à l'Université, ancien militaire ayant servi en Afghanistan. Cela vous va t-il mademoiselle...
-Noah, le coupais-je dans son élan, Noah Leblanc. Où est ce fameux appartement?
-Ravi d'avoir votre confiance mademoiselle Noah Leblanc" sourit-il. "J'appellerai la propriétaire sur le chemin, voulez vous que je prenne votre sac?"
Je déclinais poliment son offre avant de m'apercevoir que j'étais pied nus. Rapidement j'enfilais mes bottes tout en prenant mon sac duquel je sortis un paquet de cigarettes à peine entamé. Ce fus le docteur Watson qui me tendit un briquet, le regard mauvais, en voyant la détresse de mes recherches.
On marcha côte à côte un moment puis il appella une Madame Hudson. Il tourna dans une ruelle après une vingtaine de minutes et s'arrêta devant une petit immeuble de trois étages mitoyen des deux côtés sur lequel on pouvait lire "221". Je demandais le nom de la rue et entrais à la suite du médecin. "Baker Street" me répondit brièvement mon interlocuteur.
Une vieille dame sorti de l'appartement du rez-de-chaussée, probablement cette madame Hudson. Et prit des clefs et monta les escaliers, je la suivis jusqu'au dernier étage. Devant la grandeur des pièces j'osais demander le loyer.
"Oh, pas très cher" me dit celle qui était bien Madame Hudson, "seulement deux cent cinquante par mois, eau électricité et chauffage compris.
-Deux cent cinquante livres"demandais-je abasourdie après un bref calcul: ça faisait moins de trois cent euros par mois! "Avec les meubles?
-Meublé" ajouta la femme âgée.
Je réfléchis un instant, il y avait deux chambres, un grand salon, une cuisine de bonne taille, une grande salle de bain, un petit balcon et l'accès personnel au toit, pour moins de trois cent euros par mois, tout compris, meublé. Elle était où l'arnaque? Je fis part de cette question à la propriétaire.
"Le voisin du dessous" me répondit-elle "mais je suis sûre qu'il vous appréciera et qu'il n'y aura aucun problème!"
Crevée et ayant besoin d'une nuit de sommeil dans un vrai lit, j'acceptai et payais le premier mois à ma nouvelle voisine. Celle-ci me laissa les clefs après m'avoir dit qu'elle allait chercher une paire de draps. Le docteur s'éclipsa lui aussi, j'étais enfin seule dans mon "chez-moi" et m'endormis presque immédiatement.
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Les Voisins D'en Dessous
FanfictionJe sentis une main secouer légèrement mon épaule, une voix masculine m'appelant plusieurs fois "Miss... Miss?" Sortant de ma torpeur avec difficulté, je m'assis, en me frottant les yeux, sur ce qui me servait de lit. Je regardais l'homme en face de...