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La jeune française regardait la télévision, elle s'était trouvé une chaîne de dessins animés et regardait avec nostalgie la version anglaise de ses souvenirs d'enfant. Elle s'émerveillait devant Gigi, la petite fille magique aux cheveux roses quand son téléphone sonna de l'autre côté de la pièce. Elle se maudit alors de ne pas l'avoir pris avec elle et sortit avec regrets de son cocon en laine.

"Allô?

-J'ai eu une idée géniale! Viens à l'université dès que tu peux!

-Sherlock? Mais... je viens de rentrer! Et puis qu'est ce qui a encore germé dans ton esprit tordu pour te mettre dans cet état?" questionna-t-elle, en effet, l'homme paraissait hystérique de l'autre côté du téléphone.

"Bouge ton joli petit cul et ramène le ici!" un blanc s'installa quand il se rendit compte de ce qu'il venait de dire. "S'il te plaît?

-C'est bon, de toute façon c'est pas comme si on avait le choix, mon joli petit cul et moi." s'amusa-t-elle avant de raccrocher et d'enfiler ses fidèles patins.

La rouquine regardait son amant les yeux grands ouverts.

"Tu veux les achever ou quoi? Ils dorment tous quand ils sont là! C'est pas humain!

-Il faut bien qu'ils se bougent non? Et puis on est déjà en novembre, si on enlève les vacances, juin c'est pas si loin!

-Mais même! Les pauvres!

-T'en penses quoi John?"

Ce dernier les regardait débattre depuis près d'un quart d'heure, appuyé contre la fenêtre du bureau de son collègue, amusé par leur querelle. Noah était assise dans un des fauteuils face au bureau tandis que Sherlock était dans le sien, et ne comprenait pas la réaction de la jeune femme.

"Je pense qu'ils ne sont pas prêts psychologiquement. Mais comme tu ne m'écoute jamais," ajouta-t-il frustré d'avoir été mis sur le banc de touche lors d'une enquête. "tu n'en fera qu'à ta tête.

-Tu n'as pas tort! Alors c'est décidé! Ils vont devoir résoudre les classés de Scotland Yard!

-Mais ils ne savent même pas comment faire une analyse!

-C'est mon deuxième cours! Et je le fais avec TOUTES mes classes!

-Entre faire et assimiler, il y a tout de même une légère différence..."

Elle fut coupée dans son élan quand le médecin passa la porte.

"Y en a qui on cours, qui bossent pour pouvoir s'acheter des capotes!

-Des... des capotes?" hésita Noah en regardant le brun rouge de honte.

"Quoi? Tu es gênée pour si peu? Qu'est-ce que ça sera quand mes élèves feront la partie sur le sexe!" rigola-t-il en sortant.

Le détective se jeta sur la porte pour la refermer.

"Je te jure qu'il sait pas que c'est toi! Je te le jure!

-Et qu'est-ce que ça fait si il le sait? Après tout, on est des adultes consentants non?" affirma sa dulcinée en se rapprochant dangereusement de lui.

"Euh... je... on... je reste quand même ton professeur et... ici on devrait faire attention... je pense... et..."

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, coupé par Noah qui l'embrassait avec fougue. Il avança de trois pas ce qui la fit se retrouver coincée entre le bureau en chêne et lui. Elle s'y assit donc, leurs lèvres toujours collées. Il passa une main sous sa robe tandis qu'elle tirait sur sa chemise, cherchant le contact de sa peau brûlante. Elle se recula un peu plus sur le bureau et provoqua la chute de quelques dossiers de l'autre côté de la table. L'un était torse nu, l'autre était en culotte, un coup contre la porte retentit. Ils s'arrêtèrent net dans leur élan. On toqua trois autre fois.

"Une minute je vous prie!" cria Sherlock, qui se dépêchait de se rhabiller, tout comme son élève, avant de remettre ses affaires sur le bureau. Il ouvrit alors la porte, elle sur ses talons, lui serra la main et lui incita de bien réviser avant le prochain devoir. Elle sourit, hocha la tête, le tout sous les yeux sombres du doyen, un vieil homme aigri qui en avait toujours pour son argent, quelle que soit la situation.

"Ne partez pas, Mademoiselle Leblanc, j'ai à vous parler à tout les deux!

-Bien Monsieur le doyen" fit-elle d'une petite voix avant de rentrer à nouveau dans le bureau qui s'était chargé d'électricité.

"Je suppose que vous allez nous parler de l'enquête que...

-Vous supposez bien, Sherlock!" coupa l'homme aux cheveux grisonnant. "Noah? Je peux vous appeler Noah, mon enfant? Bien sûr que je le peux! Je serai bref. Avez vous envisagé une seule seconde de la situation problématique dans laquelle vous vous êtes mise?

-Quoi? De quoi vous parlez?

-Ces rapaces de journalistes" répondit Holmes. "Mais pourquoi j'y ai pas pensé plus tôt?

-Penser à quoi? De quoi parlez vous?

-Ici, Sherlock Holmes est comme une star, il est connu et la presse s'arrache la moindre information qui le concerne. C'est évident qu'ils vont chercher à connaître sa "nouvelle collaboratrice à la chevelure de feu", d'après le Times, "nouvelle enquêtrice plutôt mignonne" chez le London Evening Standard, et enfin le meilleur "mystérieuse lady rousse" et "jolie petite amie" pour le Daily Telegraph.

-D'où ils sont allé chercher le dernier?" s'offusqua-t-elle. "C'est de l'extrapolation pure et simple!"

Cooper, car il s'avérait que c'était le nom du doyen, lui tendit le dernier journal ouvert à la page de l'article qu'elle lu à haute voix.

"Le jeune détective est sortit hier matin des bureaux de HaHa&Cie, une main sur les reins de la mystérieuse lady rousse qui l'accompagnait dans ses déplacement concernant l'affaire de Marilyn Knight. La demoiselle ne semblait pas le moins dérangée par ce contact proche avec notre célèbre enquêteur. Sa jolie petite amie restée dans l'ombre des projecteurs jusqu'à présent n'a aucun passé dans les rues de notre pays. D'origine sûrement étrangère, nos journalistes en recherchent plus sur l'identité de notre inconnue qui a su faire fondre le cœur de glace de l'homme élu le plus sexy de l'année par les ménagères de vingt-cinq à quarante ans selon le Times."

A côté du paragraphe, une photo du couple décrit plus haut trônait fièrement. Elle se tût, laissant flotter une atmosphère lourde dans la pièce. Ils allaient faire des recherches sur elle et son passé allait ressurgir. Elle ne voulait pas revivre ces dernières années une seconde fois, elle n'en avait pas la force. Elle souhaitait encore moins voir sa vie privée exposée à tout un pays. Elle resta immobile pendant de longues secondes avant de regarder son professeur-amant dans les yeux. Il avait le regard froid et semblait réfléchir intensément, ses pupilles valsaient imperceptiblement de gauche à droite. Soudain  Sherlock s'empara de son téléphone et de sa veste avant de franchir la porte de son bureau, laissant en plan son élève et le doyen perdus par sa réaction.

Les Voisins D'en DessousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant