Les Voisins D'en Dessous

3

Lorsqu'il se réveilla il faisait encore nuit. Par un rapide coup d'oeil en direction de son réveil il comprit qu'il n'avait dormi que quelques heures. Des grincements répétitifs se firent entendre, provenant du plancher.

"Sacré John!" sourit-il.

Sherlock repensa alors à sa petite excursion de la veille où il avait fait la rencontre de son élève en nuisette, qui il se l'avouait était bien jolie. Cela faisait déjà un bon moment qu'il n'avait pas gouté au plaisir charnel, et il admit que ça lui manquait. Il secoua la tête chassant cette idée, faisant tomber ses cheveux bouclés sur son front au passage.

Le jeune homme s'assit dans son lit défait, les oreillers avaient volé et le drap était enroulé autour de sa taille. Ses quelques heures de sommeil avaient été agitées.

Il décida de se faire un café et d'avancer sur son enquête. Oui, il allait faire ça, après tout il ne partait que dans quatre heures. Après avoir préparé la boisson et enfilé un pantalon il s'installa devant son bureau, alluma son ordinateur, ouvrit quelques dossier et commença à en lire un.

"Pff, facile" se dit-il café brûlant en main "C'est son mari qui l'a tuée. Et ici" il examina un autre papier "ici c'est un simple suicide. Rien d'intéressant."

Il repensa à Noah. Elle avait seulement deux ans de moins que lui, mais avait déjà beaucoup de vécu: un mariage, un enfant, un divorce, la perte d'un parent, celle d'un enfant, le voyage, l'amour... Il s'arrêta un instant sur ce point. Lui aussi avait connu l'amour. Du moins il le pensait, jusqu'à ce qu'elle le laisse tomber pour Moriarty. Cet imbécile qui ne savait pas penser, qui était dépourvu d'une quelconque forme d'intelligence! Il eu un frisson de dégout quand son visage lui apparu sous les yeux. Le détective poussa un grognement de colère.

Pour se calmer il alluma une cigarette, se dirigeant vers une fenêtre qu'il ouvrit. Noah l'intriguait, c'était un fait. Mais comme une enquête sur laquelle il aurait aimé travailler. Il ressentait le besoin de comprendre. Oui, c'était ça, il voulait comprendre cette fille, comprendre comment elle fonctionnait. C'était la première personne qui lui avait répondu avec ce sourire en coin que lui même faisait, dont il comprenait le sens. Tiens, il ne lui avait pas parlé de ses cours. Pourquoi s'était elle inscrite seulement dans ses matières à lui? En Sciences de la déduction et en Expertise policière? Il mourrait d'envie de le savoir. Soudain il entendit du violon. Le son enjoué semblait venir du plafond et ne paraissait pas spontané. Elle devait être réveillée.

La musique sorti Noah de ses rêves. Comme toujours elle la laissait pendant qu'elle se préparait. Elle avait particulièrement bien dormi ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps. Depuis sa grossesse en réalité. Mais elle fit s'évaporer cette idée en se posant sous le jet d'eau glacé de la douche.

Qu'aurait elle fait avec un enfant sur les bras? Seule qui plus est, vu que son compagnon serait parti dans tous les cas, étant soldat. La jeune femme s'autorisa un sanglot avant d'effacer tout ça de ses pensées.

Elle descendit l'escalier plus lentement que la veille, sa cheville encore douloureuse. Elle songea à aller se chercher le déjeuner sur la route. Elle n'avait cours que pendant deux heures et pensait se plonger dans les petites annonces pour trouver un travail. En bas, elle s'assit sur la première marche et enfila ses patins tandis que madame Hudson ouvrit sa porte un panier à la main. Noah lui parla de son projet d'emploi et la vieille dame lui promis d'y penser.

Elle avait fait la moitié du chemin, qu'elle connaissait maintenant et s'arrêta dans un café pour s'offrir une grande boisson chaude. En ressortant elle faillit percuter un cycliste. Ce dernier s'arrêta fit un sourire à la demoiselle et lança un "Goodmorning Miss Leblanc!" un peu trop enjoué à son goût. Souriante elle répondit à son professeur et voisin et ils finirent le trajet ensemble, chacun sur ses roues.

Une fois arrivés, Sherlock posa la question qui le tourmentait tant. Il avait cherché la réponse mais aucune ne lui semblait plausible.

"Dites moi, Miss Leblanc, pourquoi n'êtes vous inscrite que dans mes cours?

-J'ai fait des études de psychologie en France mais ça ne me plaisait pas réellement, mon rêve c'est de résoudre des enquêtes, un peu comme Hercule Poirot! Et en France, il n'existe pas de cursus scolaire pour ça. Alors je me suis inscrite dans les matières qui me manquaient.

-Hercule Poirot vous dites?" Il réprima un soupir d'exaspération, alors la jeune femme ignorait son double emploi "Être détective n'est pas qu'une simple histoire de meurtre dans un roman, Miss, c'est un vrai mé...

-J'aurais très bien pu dire votre nom" annonça l'élève en écrasant sa cigarette, abandonnant son enseignant.

Elle avait fait une dizaine de mètres quand elle entendit son nom. Miss Leblanc se retourna et vit Holmes, qui avait garé sa bicyclette, courir vers elle.

"J'ai une proposition! Chacun de mes cours, même dans une seule matière, est différent des autres. Je ne recrache pas deux fois les mêmes exploits. Vous pouvez venir plus d'une heure par jour si vous voulez...

-Pourquoi une telle offre?" Elle le regardait de l'incompréhension dans les yeux.

Ce n'était que son deuxième jour de cours et son professeur la trouvait déjà brillante pensa-t-elle ironiquement.

Elle se surprit à le détailler. Cheveux bouclés retombant négligemment sur le front, teint pâle, plus grand qu'elle même avec ses patins, un sourire froid mais remplit de sens sur la bouche. Beaucoup de choses se passaient dans ses yeux gris, il réfléchissait continuellement à tout.

"Je pense sincèrement, et croyez moi je pèse mes mots, que vous êtes dotée d'une grande intelligence et d'une perspicacité au moins aussi élevée. C'est pourquoi j'aimerais que vous veniez plus souvent. Vous n'êtes pas comme ces petits imbéciles attardés qui se contentent de ce qu'ils savent et se sont inscrits chez moi pensants qu'ils n'auraient pas à travailler" s'expliqua-t-il, fier d'avoir réussi à exprimer son mépris envers tout ces petits minables. " Voici mes horaires.

-Wow... alors ça c'est de l'insulte" ironisa la jeune expatriée en prenant le papier qu'il lui tendait. " Je pense que je pourrais accepter. Mais il faut que je me trouve un emploi. Je viendrais aux heures que vous proposez en fonction de celui-ci."

Noah tendit la main que Sherlock serra pour sceller leur pacte.