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Noah était dans une pièce contenant une table et deux chaises. Elle était assise dos à un miroir sans tain. Une ampoule grésillante l’éclairait plus ou moins fortement. Face à elle, une femme, brune, les cheveux retombant sur les épaules, l’air bien plus fatigué que la veille semblait se demander ce qu’elle fichait là. Il était près de sept heures trente du matin pourtant un petit garçon d’environ deux ans criait dans la salle d’attente, jouant au voleur avec un des policiers. Noah était stressée, mais elle faisait tout ce qui était en son pouvoir pour rester calme. Elle savait que derrière la vitre se tenaient trois agents, près à intervenir au besoin.

De l’autre côté du bâtiment, Sherlock se tenait debout, adossé à un miroir, dans une salle similaire. Assis en face de lui, un grand blond, dans une chemise verte cette fois ci, un air impeccable sur le visage. Le détective n’arrivait pas à voir ce qu’il pensait, et ça l’énervait au plus haut point. Au bout d’une dizaine de minute, il sortit le smartphone qui attendait patiemment dans sa poche. Celui de son apprentie vibra quelques secondes après.

Ils commencèrent alors simultanément leur interrogatoire. C’était une grande première pour Noah, comme tout le reste d’ailleurs, et elle se sentait mal à l’aise. Cependant, par Dieu sait quel miracle, elle réussit à rester impassible et faire abstraction de ses émotions.

“On a des preuves.” commença-t-elle. “Vous vous êtes rendue chez Marilyn Knight le soir de sa mort. Nous avons retrouvé vos empreintes à plusieurs endroits, et nous avons un témoin, alors ne niez pas.

-Quoi? Non, j’étais au cinéma, c’était ma première soirée de libre depuis longtemps alors j’en ai profité pour aller voir un film.

-Vous vous êtes éclipsé prétextant sûrement devoir aller aux toilettes” continua Sherlock. “Puis vous êtes sorti par la porte de derrière et vous avez traversé les quelques mètres séparant vos deux maisons.

-Quoi? C’est n’importe quoi! J’étais avec Eliott, je l’ai pas quitté de la soirée sauf pour aller chercher une bouteille de vin au garage!

-Et là, vous avez toqué, elle a ouvert la porte, vous a proposé d’entrer.” affirma-t-elle, avant de marquer une pause. “Elle vous faisait quand même confiance, malgré ce qu’il s'était passé. Elle vous a servi un café qu’elle a posé sur le comptoir de la cuisine avant de repartir avec le sien dans son salon. Vous étiez seule dans la pièce. Vous avez pris un couteau, elle était toujours de dos. Vous aviez bu un peu avant de venir, pour vous donner le courage de le faire.

-Au fond, elle avait confiance en vous, elle vous appréciait. Vous lui avez tranché la gorge, et vous vous êtes dirigé vers la sortie. Mais elle a tendu un bras vers vous. Alors vous vous êtes arrêté. Vous avez fait machine arrière et attendu que son regard se vide. Là vous avez fermé ses yeux.” Le brun s'arrêta, scruta le moindre détail de l'attitude de Drake. “Vous avez mis le couteau dans le lave vaisselle et l’avez allumé. Mais il y avait vos empreintes sur le bouton de la machine, et sur ses paupières. Si vous nous avouez tout, votre peine pourrait être réduite.

-Imaginez votre fils, seul sans sa maman, pendant que vous êtes en prison.” Noah se sentait coupable d'aller sur ce chemin, d'autant plus que les empreintes étaient inconnues des fichiers de Scotland Yard. “Que ressentira-t-il?

-C’était pas de ma faute…” craqua alors l'assistante. “Ils m’ont forcé à le faire! Ils m’ont dit que j’occuperai un autre poste, un mieux payé! Que j’aurais plus d’avantages! Et que si je refusais, ils détruiraient ma vie!”

Le portable du brun vibra, il se tût, fixant Martin droit dans les yeux, le regard plus glacé que jamais.

“Ils… Ils m’ont forcé à le faire!

-Racontez moi, mademoiselle Galtes." Souffla la rouquine, subjuguée par cette révélation.

"Un soir, alors que je triais les derniers document de Marilyn, je les ai surpris dans le bureau du grand patron.

-Qui donc?

-Eux. Hamilton, Ryan et Martin. Ils discutaient violemment et un verre a volé et s’est écrasé à mes pieds. Alors ils m’ont vu, ils se sont regardé et ont tous sourit. Hamilton m’a juré que j’aurais un meilleur salaire, que je pourrai subvenir amplement aux besoins de mon Andrew…” elle était en pleurs, hoquetait. “Alors j’ai accepté à contre coeur. Il était chez son père pour le week end et je devais le lendemain. Je suis allée dans un bar, j’ai bu, un verre, puis deux, trois. Et j’ai décidé d’y aller. Elle m’a ouvert et m’a préparé un café. Le couteau était là, posé sur le bar, alors je l’ai pris. Elle était toujours tournée.” Elle prit son visage entre ses mains  “Alors je l’ai fait. Et j’ai voulu partir. Mais je me suis retournée, et je l’ai vu. Elle me regardait, le bras tendu vers moi. J’ai pas supporté, c’était trop dur. Je lui ai fermé les yeux et je me suis rendue compte que je tenais toujours le couteau dans ma main. Le lave vaisselle était ouvert, je l’ai mis dedans et je l’ai allumé. Et je suis retournée dans le bar.”

Noah ne savait pas où se mettre, comment se comporter.

“Et pour le ticket?" demanda-t-elle, même si elle connaissait déjà la réponse.

"Je l’ai acheté en retournant au bar. Le film avait déjà commencé depuis longtemps mais le gars a bien voulu me le vendre en échange d'un verre.”

De son côté, Sherlock regardait toujours le blond, scrutant chaque recoin de son âme. Il attendait patiemment, il avait tout son temps. Il reçu un deuxième message et plaqua alors son téléphone à la vitre derrière lui. Deux policiers entrèrent.

“Vous êtes en état d’arrestation pour complicité de meurtre envers Marilyn Knight. Vous pouvez garder le silence. Tout ce que vous direz à partir de maintenant sera retenu contre vous. Vous pouvez faire appel à un avocat. Si vous n’en voulez pas, nous vous en fournirons un…"

Deux heures plus tard, emmitouflée dans une couverture sur son canapé, un chocolat brûlant entre les mains, la jeune femme alluma sa télévision.

“... Tion majeure de la journée. Un détective et son assistante ont aujourd’hui résolu une enquête: le meurtre de Marilyn Knight, femme d’affaires importante qui travaillait chez HaHa&Cie. En moins de quarante-huit heures, ils ont fait, en collaborant avec Scotland Yard, l’exploit de trouver non pas le mais les meurtriers. Vous voyez ici des images de Harry Hamilton, patron de la victime, et de Ryan Crossford, pompier et ex petit ami en train de se faire arrêter. Il y a également, selon une source sûre, l’assistante, Lucy Galtes, et son voisin et collègue, Martin Drake,  qui ont participé au meurtre. La femme est passée à l’acte, ayant l’entière confiance de Marilyn Knight qui allait jusqu’à lui confier ses rendez vous personnels, sous l'influence des trois hommes. Comme je le disais plus tôt, le détective Sherlock Holmes et son assistante, une femme rousse dont le nom nous est encore inconnu, ont découvert la supercherie. C’était Helen Skelton pour le BBC News.
-Revenons à présent sur l’horrible carambolage qui s'est produit sur Abbey Road il y a deux nuits. Le bilan serait de quatre morts et de sept blessés graves dont deux en ré...”

Les Voisins D'en DessousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant