Les Voisins D'en Dessous

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Devant eux se tenait l'Inspecteur Lestrade ainsi que quelques autres policiers en uniforme. Une horde de journalistes attendaient impatiemment devant les portes du bâtiment. Sherlock questionna du regard l'agent.

"Quelqu'un a donné l'alerte. Et ils sont au courant pour la liaison, vous auriez pu me le dire, plutôt que de me forcer à demander à ce pauvre jardinier où vous étiez passé. Il m'a prit pour un incapable!

-Ce qu'il est réellement" affirma le détective à Noah qui gloussa. "Qui les a informé?

-Un des voisins travaille pour le Times. Il a tout vu et a prévenu son agence qui a diffusé l'information sur internet. On va parler à l'amant. Enfin le patron. Les deux..."

Lestrade n'y était pour rien mais Holmes lui en voulait quand même de ne pas avoir été plus prudent. Après tout, il était de son devoir de garder confidentiel tout ce qui se rapprochait à l'enquête. Il prit Noah par le bras et se dirigea vers la grande porte vitrée.

"Regarde droit devant toi et ne dis pas un mot"

Elle n'eut pas le temps de répondre qu'il la poussa doucement vers l'extérieur. Des caméras étaient braquées sur eux, des flashs apparaissaient un peu partout et des journalistes tendaient micro et dictaphones dans leur direction tout en posant un tas de questions incompréhensibles à cause du brouhaha environnant. Une fois installés dans la Fiat, il s'exclama:

"Eh bien pour la discrétion c'est raté!

-Comment ça? C'est normal que ça fasse les gros titres, elle était quand même la DRH de HaHa&Cie." s'offusqua-t-elle en trouvant qu'il avait l'air bien énervé. "Elle est connue dans le monde de la communication.

-Je ne parlais pas de ça, c'est tout à fait logique même.

-Tu parlais de nous." réalisa-t-elle subitement inquiète.

Seul le bruit du moteur retentissait. Ils ne parlèrent pas pendant près de dix minutes.

"Comment je vais expliquer au doyen qu'une de mes élèves était présente avec moi sur une enquête? Même si je dis la vérité, à savoir que tu as de réels talents d'observation, il criera au favoritisme et je devrai prendre tous ces bons à rien sur des scènes de crime. Ils ne feront que la saccager et prendre des selfies avec les victimes."

Elle avait eu l'impression qu'il parlait plus pour lui que pour elle. C'est pourquoi elle ne répondit pas. Durant le voyage, Noah essaya plusieurs fois d'appeler Martin Drake, en vain.

"Ça sonne dans le vide.

-Rappelle. Jusqu'à ce qu'il décroche."

Elle hocha la tête, le portable collé à son oreille.

Trois coups retentirent. Personne ne vint. Le brun frappa à son tour, un coup sec. Ses lèvres s'étirèrent, revoyant une certaine rousse en nuisette et veste de cuir sur un palier poussiéreux. Il secoua la tête, chassant l'image peu pieuse qui lui était venue ensuite. Noah le regarda perplexe, elle ne comprenait pas ce qui le faisait sourire et c'est à son plus grand malheur qu'un homme à moitié nu vint enfin ouvrir la porte.

"Sherlock Holmes et Noah Leblanc, détectives consultants pour Scotland Yard." dit-il sèchement, il en avait marre de se présenter toutes les dix minutes, et ça ne faisait en rien avancer l'enquête. Martin Drake?

-Non... Moi c'est Eliott, il est sous la douche. Mais entrez je vais vous le chercher."

Ils attendirent une dizaine de minute, assis côte à côte sur un grand canapé, l'un regardant les lumières bleues et rouges se refléter à l'intérieur du salon et l'autre détaillant la pièce.

"Excusez-moi de vous avoir fait attendre. Je peux vous proposer un café?

-Avec plaisir Monsieur Drake. Nous aimerions vous poser quelques questions...

-Sur Marilyn je suppose" coupa l'intéressé avant de tourner la tête vers la jeune femme. " Et vous?

-Non merci. On nous a raconté qu'il y a eu une dispute entre vous récemment. Pourrions nous en connaître la raison?

-La voilà, la raison!"

Il avait pointé le dénommé Eliott. Noah les détailla rapidement à tour de rôle. Martin était grand, blond et était assez musclé. Il aurait très bien pu la prendre par surprise et lui trancher la gorge. Mais s'ils n'étaient pas en bons termes elle n'avait aucune raison de l'accueillir chez elle, encore moins de lui faire un café. Il était plutôt élégant dans son pantalon gris clair et sa chemise noire dont il avait laissé les premiers boutons ouverts. Tout en lui respirait la l'aristocratie dont il faisait partie. En effet elle avait repéré ses boutons de manchettes ornés d'un blason connu dans le nord du pays. Son compagnon, qu'il ne devait pas fréquenter depuis longtemps, était l'opposé absolu. Petit, brun foncé, la peau pâle, il était vêtu d'un jean et d'un simple pull kaki.

"Elle ne supportait pas le fait que j'aime les hommes. Elle s'en prenait à moi à longueur de temps. Je recevais des insultes de sa part tout le temps. Et encore plus depuis que.."

Il se tut, plaça la main devant sa bouche, comme s'il avait parlé trop vite. Une étincelle s'alluma dans les yeux de Holmes.

"Depuis que quoi, monsieur Drake?

-Il y a deux semaine environ, on est sorti dans un bar. Enfin on, l'équipe. Un gros client avait signé avec nous et nous sommes allé fêter ça. J'ai bu beaucoup plus que ce que j'aurais dû. Elle aussi. On a passé une partie la soirée dans les toilettes... Et ça s'est empiré. Pour elle je n'étais plus seulement gay mais bi, elle disait que c'était inhumain. Et elle avait l'air de s'en vouloir, elle sortait encore avec Ryan à l'époque.

-Attends. Ça veut dire que j'aurais deux fois plus de gens dont je devrais me méfier? Tu m'as juré que t'étais cent pour cent gay!" Intervint une voix derrière lui avant de récupérer sa veste et de claquer la porte dans un mouvement théâtral.

La situation ne semblait pas gêner le moins du monde Drake, contrairement à Noah et Sherlock qui se regardèrent furtivement, et il reprit.

"De toute façon c'était juste un coup d'un soir. Je comptais le mettre à la porte.

-Et donc hum. Marilyn, son comportement avait empiré avec vous?

-Empiré c'est relatif. Elle est passé d'insultes constantes à plus aucun signe de vie..." il s'arrêta confus. "J'aurais peut-être dû formuler autrement... Mais elle ne m'adressait même plus la parole.

-Et je suppose qu'hier vous étiez avec Eliott.

-Oui, il est arrivé vers sept heures, et il vient de repartir." Finit-il en rigolant.