Le silence était encore présent dans la voiture noire.
"Pourquoi?"
Il la regarda un bref instant. Il avait attendu qu'elle lui pose cette question depuis qu'elle avait toqué à sa porte. Mais pourquoi ne l'avait elle pas demandé quand ils étaient chez lui?
"Je ne sais pas. C'était la première fois que quelqu'un me cernait aussi bien sans qu'il ne me connaisse depuis un certain nombre d'années.Tu as dit des choses que même ce bon vieux John ne sait pas. Tu m'as troublé je crois. C'est comme si c'était une nécessité. Et toi?
-J'en avais besoin. Mon corps avait besoin d'un contact humain, d'un peu de chaleur. Et tu embrasses plutôt bien."
Le rouge lui monta légèrement aux joues, il ne sut quoi répondre et dans le fond ils avaient ressenti la même chose: un besoin. Quand il arrivèrent à destination, un calme rassurant avait repris le dessus dans l'habitacle. Devant eux se dressait une des tours du Canary Wharf, entièrement faite de vitres dans lesquelles le soleil de milieu de matinée se reflétait. Ils entrèrent, un peu perdus par l'immensité du bâtiment. Une femme à l'accueil les interpella, ils se dirigèrent donc vers elle et demandèrent l'étage pour les bureaux de l'entreprise HaHa&Cie. Arrivés au trentième et dernier étage ils cherchèrent le fameux Harry Hamilton. C'est sans surprise dans son bureau que Noah le trouva. Il était assis sur un coin de son bureau, le téléphone fixe à l'oreille et un énorme tas de papiers dans l'autre main. Il leur fit signe d'entrer et de s'installer.
"Bien merci, je dois vous laisser j'ai un rendez-vous. Oui, bien sûr, je vous rappelle. Au revoir. Vous devez être celle qui m'a appelé tout à l'heure. Vous ne ressemblez clairement pas aux cadres qui travaillent ici."
Les deux acolytes se regardèrent un instant perplexe face à ce que Noah choisit de prendre pour un compliment. Il était vrai qu'elle détonait dans ce décor, avec son perfecto en cuir noir, sa robe couleur sang et ses fidèles Dr Martens face à ce chef d'entreprise en costume bleu foncé, certainement fait sur mesure, sans un plis et ses chaussures parfaitement cirées. L'homme en face d'elle devait avoir le double de son âge. Il était très grand, un peu plus que Sherlock qui lui semblait déjà être géant. Ses cheveux grisonnant lui donnaient un style assez strict, rasé de près, les yeux d'un bleu cristallin.
"Monsieur Hamilton, que pouvez vous me dire à propos de mademoiselle Knight?
-C'était une très bonne employée qui savait rester à sa place et faire son travail. D'ailleurs elle y était entièrement dévouée. Mais elle avait de mauvaises relations avec ses collègues, elle ne supportait pas leur manière de faire les choses, elle les trouvait inefficaces voire incompétents pour certains. Mais pourquoi me questionnez vous à son sujet? Elle a des ennuis avec la police?
-Non monsieur, elle a été retrouvée morte ce matin dans son domicile. De plus nous savons que vous aviez une relation.
-Mary? Mais qui a bien pu lui faire ça?" Il afficha une mine triste et et pleine d'incompréhension. "Et comment savez vous pour elle et moi? Personne n'était au courant...
-Excepté le jardinier. Il vous a souvent vu vous rendre chez elle. Elle n'avait pas d'ennemis ? Des gens qui pourrait lui en vouloir au pont de la tuer?
-Pas à ma connaissance non. Mais demandez plutôt à Galtes, sa secrétaire, elle vous en dira sûrement plus que moi à son sujet, nous ne discutions pas vraiment quand on se voyait... Je vais vous conduire à son bureau."
Le deuxième homme reçut un message. Curieuse, et sachant pertinemment que c'était en rapport avec l'enquête - la sonnerie avait annoncé le nom de l'inspecteur- Noah fixa à son tour l'écran. Elle regarda alors le quadragénaire.
"Excusez-moi par avance de devoir vous poser la question mais où étiez-vous hier entre neuf heures et minuit?
-Dans un restaurant près de chez moi, avec ma femme, pour notre vingtième anniversaire.
-Puis je avoir l'adresse afin de vérifier? Non pas que je ne lui fasse pas confiance mais votre femme reste votre femme, ce n'est pas un témoin fiable."
Hamilton salua la secrétaire de son ancienne maîtresse, évitant par la même occasion la remarque de Sherlock. Noah observa la jeune femme sans un mot pendant qu'elle parlait avec son professeur. Elle n'était pas particulièrement grande, elle faisait la même taille qu'elle, mais avec ses talons elle gagnait bien dix centimètres. Elle devait avoir la petite trentaine, et bien qu'elle soit d'apparence très soignée, la française perçut une tâche qu'elle ne connaissait que trop bien sur l'épaule de la secrétaire qui avait tenté de la cacher avec un foulard. Elle avait un enfant qui buvait encore du lait.
"Non, je ne suis pas particulièrement triste. C'est une chose horrible c'est certain, mais elle me traitait comme un chien, elle m'envoyait porter son linge chez le pressing ou prendre ses rendez-vous personnels, chez le gynéco, le coiffeur, l'esthéticienne...
-Hmm je vois. Vous ne l'appréciez donc pas vraiment. Elle avait des ennemis, s'est elle disputée avec quelqu'un récemment?
-Personne ne l'aimait vraiment mais pas au point de parler d'ennemis. Elle a eu une altercation avec Ryan quand ils se sont séparés dans son bureau. Et avec le gars qui s'occupe de la pub pour la boite.
-Le nom de cet homme s'il vous plaît?
-Je ne m'en souviens plus, je suis arrivée récemment et je n'ai pas encore eu l'occasion de rencontrer tout le monde ou de retenir tous les noms. Mais je sais qu'il habitait près de chez elle, la maison d'à côté ou d'en face je crois. Je l'ai déjà entendu dire qu'elle en avait marre qu'il traîne dans ses pieds au travail ET chez elle."
La rouquine n'avait écouté qu'à moitié, elle scrutait chaque centimètre de la pièce. Elle était parfaitement bien rangée, rien ne dépassait, chaque dossier était à sa place. La corbeille était, malheureusement, vide. Quelque chose dérangeait Noah mais elle ne sut dire quoi. Ils allaient partir lorsqu'elle trouva.
"Sherlock, tu as vu son bureau? Il n'y a aucun effet personnel, pas de photos, de diplômes accrochés au mur, de plantes, rien.
-Elle n'aime peut-être pas étaler sa vie.
-Mais même. Quand tu travaille dans une pièce que tu verra tous les jours, tu fais en sorte de t'y sentir bien, de t'approprier l'espace."
Il hocha la tête, perdu dans ses pensées, il fallait trouver le voisin et l'ex. Noah qui avait aperçu le grand patron l'interpella.
"Monsieur? Une dernière question, votre chargé de pub est-il ici aujourd'hui?
-Martin Drake, non, je ne l'ai pas encore vu pourquoi?
-Pour savoir, c'est tout. Vous auriez un numéro ou une adresse pour qu'on puisse lui parler?"
Il lui donna tout ce qu'elle avait demandé. Pour la troisième fois de la journée, elle pianota son téléphone, cherchant des informations sur les deux noms. La porte de l'ascenseur s'ouvrit sur le hall de l'immeuble.
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Les Voisins D'en Dessous
Fiksi PenggemarJe sentis une main secouer légèrement mon épaule, une voix masculine m'appelant plusieurs fois "Miss... Miss?" Sortant de ma torpeur avec difficulté, je m'assis, en me frottant les yeux, sur ce qui me servait de lit. Je regardais l'homme en face de...