CHAPITRE 46.B : la veille.

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[ Et oui, il me restait un petit chapitre bonus en stock. Vous pouvez aller relire le 46 si vous voulez pour mieux comprendre. Mettez vos avis en commentaire si possible parce que j'ai pas l'habitude de changer de point de vue. Thanks. Bonne lecture :) ]

"Putain Andréa..."

Je crois que je n'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie.

Il a grogné quelque chose, puis il s'est débrouillé pour se lever. Je l'ai aidé, parce que vu son état c'était étonnant qu'il arrive encore à se tenir sur ses deux jambes. Cependant il avait l'air un peu plus lucide qu'il ne l'était une heure auparavant. Si Célim n'avait pas été là...

Je ne penserai pas à ce qui serait arrivé s'il ne m'avait pas aidé. J'ai été pris au dépourvu, je n'ai pas su gérer. Je n'ai pas su aider mon meilleur pote alors qu'il était en train de crever dans mes bras. Je suis le pire des amis. Mais au moins il est encore là.

Il m'a fait un vague signe pour que je quitte la salle de bain. J'ai refusé, mais ça avait l'air d'aller alors je pouvais bien le laisser seul quelques minutes... Je suis quand même resté derrière la porte au cas où.

Il se sentait super mal. Déjà parce qu'il avait vomi toute sa drogue de merde, et parce qu'il avait pas mal bu. La combinaison des deux devait être atroce.

Je crois bien l'avoir entendu se brosser les dents pendant au moins dix minutes. Ca n'avait pas de sens, je lui ai dit. Mais il se sentait "trop sale". Ce n'était même pas des mots qui sortaient de sa bouche, mais plutôt des sons. Ensuite il s'est douché. Je l'entendais se cogner de partout puisque forcément son corps ne tenait pas le coup. J'attendais juste qu'il sorte de là pour pouvoir l'emmener à son lit, qu'il se repose. Pendant ce temps là j'attendais comme un con à chialer dans le couloir. Qu'est ce que je pouvais faire d'autre ? Il aurait pu mourir.

Andréa serait mort.

Je fixais le parquet en bois d'un air vide. Je n'avais pas remarqué que mes mains tremblaient. Que tout mon corps tremblait, en fait. Le brouhaha de la fête n'était plus qu'un bourdonnement à mes oreilles. Je n'entendais plus rien, je voyais trouble, j'avais froid. Avec un peu de recule, je me serais sûrement rendu compte que j'étais en état de choc, mais je ne parvenais plus à penser clairement. J'étais comme... comme absorbé par l'idée qu'il aurait pu mourir ce soir. Que j'aurais été là, assis par terre sur le carrelage humide, son corps sans vie dans les bras. Que serait venu le moment où je me serais penché sur lui, en larmes, et que j'aurais compris. Compris qu'il ne respirait plus, et qu'il ne respirerait plus jamais. J'aurais été responsable de sa mort. Et qu'est ce qui se serait passé si j'avais...

"Ju...? "

J'ai essuyé mes yeux du revers de ma manche et j'ai levé la tête. Il me regardait bizarrement, mais franchement je m'en foutais. Je me suis levé et je l'ai aidé à regagner la chambre sans tomber. J'ai refermé derrière moi, comme ça personne ne pourrait venir et le voir dans cet état. Personne ne savait à part Célim et ce type bizarre que je ne connaissais pas. Probablement un de ses amis.

Il m'a tiré par le bras pour que je dorme avec lui. A mon avis il était mort de froid, surtout après sa douche. Les effets de la redescente. Ca ne me dérangeait pas. J'attendais qu'il parle, en fait. Je me disais que depuis qu'il avait vomi et qu'il s'était lavé, il devait être moins défoncé. Plus lucide.

" Pourquoi t'as fait ça Andréa ? "

Il m'a pris dans ses bras, il avait les yeux fermés. Il devait être épuisé... Un silence interminable s'est installé, je pensais qu'il s'était endormi.

" Ca va aller. "

J'ai senti mes larmes couler. Je savais pertinemment que c'était un mensonge. Comment est ce que ça pouvait aller ? Il est addict à une drogue qui a failli le tuer pour de bon. Une came dangereuse qui donne des hallucinations et qui bousille la perception des sens. Tellement qu'il n'avait pas remarqué être complètement déshydraté, tellement qu'il ne se rendait pas compte qu'il se gavait de ces cristaux comme si c'était des bonbons. James a failli perdre sa place au sein de la maison uniquement parce qu'il en vendait. Andréa, lui, en consomme.

Est ce qu'il a seulement pensé à John ? Est ce qu'il a pensé au moment où j'aurais dû aller le voir pour lui dire que son frère était mort d'une overdose par ma faute ? Bien sûr que non, ça n'allait pas aller.

Et pourtant... C'était exactement les mots que j'avais envie d'entendre. Besoin d'entendre. J'avais besoin de souffler et de me détendre. C'était trop pour moi. C'était loin d'être la première fois où j'avais dû m'occuper d'Andréa en soirée, et l'inverse était souvent arrivé aussi, mais là c'était trop. Je souhaitais que ça ne se reproduise jamais. Qu'il arrête de prendre ce Saphir à la con qui finira par tuer quelqu'un, et qu'il arrête de boire autant aussi.

Je me laissais bercer par ses doigts qui carressaient mes cheveux. Comment est ce qu'il pouvait être en train de me réconforter alors que c'est lui qui avait besoin d'aide? Mais ca me faisait tellement de bien... Que tout ca soit fini. Que la drogue soit en train de quitter son corps et que le lendemain matin il partira pour un centre de cure.

Que ca ne se reproduise plus jamais.

On passe notre vie ensemble, il me manquera. On est littéralement ensemble toute la journée, je vais me sentir perdu. Mais au moins il sera en bonne santé et John pourra enfin arrêter de s'inquiéter pour son frère. C'est une bonne chose.

- Je peux t'entendre réfléchir d'ici. Arrête. Ton cerveau va exploser. Dors.

Oui...

- Bonne nuit espèce de drogué de merde.

Il a rit. Qu'est ce que ça faisait du bien de l'entendre rire à nouveau...

- Bonne nuit Jules.

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