CHAPITRE 42 : détresse.

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J'aurais préféré être n'importe où sauf à la maison O à ce moment là... Il y avait de la panique dans son regard. Quand il s'est tourné vers moi, il a été incapable de m'expliquer. Il m'a violemment agrippé par le bras et il m'a conduit jusqu'à la salle de bain. Ce qui m'a fait peur ce n'est pas qu'il m'a fait mal et qu'il n'en avait rien à foutre, c'est surtout qu'il tremblait et qu'il n'arrêtait pas de pleurer...

En arrivant dans la salle de bain j'ai découvert Andréa, par terre, adossé contre la baignoire et presque inconscient. Et sur le sol de tout petits cristaux... bleu...bleu saphir.

" J..Je sais pas quoi faire... ! C'est déjà arrivé mais il... je... c'était pas... ! "

La détresse. C'est exactement le mot qui qualifiait la situation. Je n'ai jamais été doué pour gérer la panique mais là il n'était pas question de moi... Il fallait réagir vite. Mon pouls n'a jamais été aussi rapide qu'à cet instant. Je ne suis pas le mieux placé pour penser en temps de crise. Vraiment pas. Mais j'ai tâché de rassembler mentalement à peu près toutes les infos qui pouvaient m'être utiles.

" Reste avec lui, je reviens. "

Je ne sais pas si je l'ai réellement dit ou si je l'ai seulement pensé mais le message est passé. Jules s'est agenouillé à côté d'Andréa en lui secouant les épaules pour tenter de le faire réagir.

Je me suis dirigé vers les escaliers en courant et j'ai croisé 22 du regard, debout sur le palier de ma chambre à me toiser bizarrement.

" Qu'est ce que...?

- Pas le temps ! Retourne dans la chambre. "

J'ai couru dans les escaliers en descendant les marches deux à deux, j'ai bousculé des gens sur le chemin de la cuisine et je me suis mis à retourner tout le bar sans trouver ce que je cherchais. Puis j'ai entendu des cris d'encouragements dans la cuisine, j'ai fait le lien. La cuisine est toujours le coin tequila. Le coin tequila où il y a : de la tequila, des citrons, du sel. Il me fallait le sel. Je suis entré, j'en ai pris un peu, je l'ai versé dans un verre d'eau, j'ai posé ma main sur le verre pour pouvoir courir sans tout renverser. Ma tâche s'est avérée difficile puisque j'ai dû enjamber un type probablement très alcoolisé, j'ai failli glisser sur un verre de bière renversé et laissé à l'abandon, j'ai dévalé les marches deux à deux encore une fois et j'ai traversé le couloir en pulvérisant mon record de vitesse.

Je suis arrivé dans la salle de bain hors d'haleine, la main pleine d'eau salée. J'ai tendu le verre à Jules et heureusement il n'a pas eu besoin d'explications pour comprendre. De toute façon, j'aurais été incapable d'articuler un seul mot. J'avais la peau brûlante et un goût de sang dans la bouche. Le point positif, s'il y en avait un, c'est que je mourrais de chaud après ça.

Je me suis agenouillé par terre à mon tour parce que mes jambes étaient en train de me lâcher. Moi aussi j'étais mort de peur... J'ai regardé Jules essayer de faire boire l'eau salée à Andréa de ses mains tremblantes. Il avait réussi à l'orienter vers la baignoire, pour qu'il puisse vomir sans en foutre partout, ce qui était je le reconnais, le cadet de nos soucis.

Même si le t-shirt d'Andréa ressemblait maintenant à une éponge salée, Jules avait finalement réussi à le faire boire. Je préférais cette solution plutôt qu'il soit obligé de lui mettre les doigts au fond de la gorge. Ensuite on a dû assister au spectacle d'Andréa gentiment en train de rendre toute sa drogue et tout l'alcool qu'il avait bu en début de soirée.

Putain c'était un soulagement... Il était complètement mal, certes, mais il respirait audiblement et il avait les yeux ouverts. Un regard vide et désespéré... mais il était conscient. Jules aussi allait mieux. Il était encore dans tous ses états mais il s'était un peu calmé.

" Est ce que ça va ? "

J'ai sursauté. Il n'aurait pas pu rester à l'écart ? Toujours obligé de fouiner partout. Il a fait peur à Jules aussi, qui s'est empressé de s'essuyer les yeux.

" C'est qui lui ?

- Je suis censé le ramener chez lui. Désolé. "

Faux. Et puis il n'a pas de "chez lui". J'ai dit ça pour éviter de devoir expliquer qui il était. Et puis c'était entièrement de ma faute s'il était à l'étage et qu'il avait vu Andréa dans cet état, donc il fallait que je lui trouve une raison à peu près légitime d'être là.

" Alors vas-y. Moi je... je vais m'occuper de lui...

- T'es sûr ?

- Oui.

- D'accord... Alors à demain. Tiens moi au courant surtout. "

Je me suis levé et je l'ai laissé tout seul un peu à contrecœur... Et en même temps je me disais que malheureusement pendant ces dernières semaines il devait avoir l'habitude de ces situations. Peut être pas aussi grave mais quand même.

J'ai pris 22 par la manche et je l'ai attiré plus loin dans le couloir.

" T'es incapable de rester à ta place !

- Pourquoi tu chuchotes ?

- La ferme ! "

Je suis allé chercher la clef dans notre chambre et j'ai fermé en sortant. Puis je suis descendu dans le salon dans l'espoir que cet imbécile me suive, ce qu'il a fait. Il y avait du monde en bas mais je me demandais où étaient passés les omégas. Sûrement dans le jardin. Je m'y suis dirigé.

" Alors comme ça tu me ramènes chez moi ?

- Tu n'as pas de chez toi.

- Tu me ramènes à l'hôtel ?

- Parle moins fort ! "

Il a rigolé. Deuxième fois que je l'entendais rire, je n'aimais toujours pas ça. Mais ça m'a aidé à me détendre un peu.

" T'as peur que ce soit mal interprété ? "

J'étais en train de traverser le jardin en direction de Kellan parce que c'était le seul que j'apercevais en ne comptant pas Brett, et lui il me suivait comme un petit toutou alors de toute manière j'allais être vu avec lui.

" Moi : Kellan !

Kellan : Ouais ? Oh... c'est...?

22 : On t'a parlé de moi ?

Moi : Non. Tiens, ai je dit à l'intention de Kellan. C'est la clef de notre chambre, Brett est bourré il va la perdre.

Kellan : Ouais, j'ai vu ça. Donc tu ne dors pas ici...?

Moi : Non.

22 : Ah bon ?

Moi : La ferme. Tu peux garder la clef jusqu'à demain ? ai-je dit en me retournant vers Kellan. Je rentrerai tôt je veux voir Andréa et John partir.

Kellan : Ok... Pas de problème. "

J'ai bien vu qu'il était hyper gêné et qu'il se posait des questions. Et puis l'attitude désinvolte narquoise de 22 n'arrangeait rien.

" Moi : Oui, je vais dormir à l'hôtel avec lui. Non, en aucun cas je ne couche avec ce mec.

Kellan : Euh...D'accord, ok, mais je n'ai jamais dit que...

Moi : Je sais. Je prends les devants. "

22 s'est marré bruyamment.

" Moi : JE RETIRE CETTE PHRASE. Non mais je rêve ! Quel pervers, t'as bu ou quoi ? "

Kellan s'est marré aussi. Peu importe. Andréa a failli faire une overdose la veille de son départ en cure pendant que tout le monde faisait la fête en son honneur. Rien n'aurait pu m'embarrasser ou me faire rire à ce moment précis.

" 22 : A peine quelques shots.

Kellan : Ok, alors ravi de te connaître et... à demain Célim !

Moi : A demain. "

J'ai décidé de partir en vitesse avant que Chace, Brett ou n'importe qui d'autre vienne me demander qui était 22. Pareil pour le chemin jusqu'à ma voiture. D'ailleurs on a emporté des bières au passage, va savoir pourquoi. Je me voyais mal commander des bières au room service. Et je me voyais encore moins passer une autre soirée avec lui sans boire.

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