- Tu ne comptais tout de même pas partir sans avoir dansé avec le maître de maison, n'est-ce pas Irina ? me dit doucement Bob.
Je plissai les yeux, méfiante. Mais néanmoins, il n'avait pas tort. En soupirant, j'indiquai aux autres de m'attendre dehors pendant cette danse. Bob mit ses horribles et énormes mains autour de ma taille, j'essayai de contrôler ma nausée et nous dansâmes sans un mot.
- Alors, comment vont les affaires ? me demanda-t-il soudain.
Je ne voyais que trop bien ou il voulait en venir. Les types comme lui voulaient toujours se mêler de notre business pour se donner un air important et dangereux.
- Aussi bien que lorsque vous ne vous en mêliez pas.
- Tu as toujours été agressive, sourit-il.
- Et vous avez toujours été imbu de vous-même.
Je lui souris, mais mon sourire était totalement ironique, contrairement au sien. Il grimaça.
- Tu es chez moi ici, ma petite, alors ne me manque pas de respect.
- Je ne suis pas votre petite, Kahoff. Une guerre se prépare. Et aussi riche et malin soyez-vous, vous feriez mieux de ne pas rester à terrain découvert.
- Serais-tu en train de me menacer dans ma propre demeure ?
Je fis un effort pour que mes yeux paraissent menaçant. Vu l'air indigné qu'il prit, je pense pouvoir dire que ça avait eut l'effet escompté.
- Vous avez conclu un marché avec Kato, n'est-ce pas ? C'est pour ça qu'il est là.
- Cela ne te regarde en rien.
J'aurai dû le deviner bien avant... Ça ne pouvait que mal se finir, à présent.
- Une fois que j'aurais éliminé tous mes ennemis, je me ferais un plaisir de me charger de ceux qui ont pu les aider d'une manière ou d'une autre.
Il éclata franchement de rire.
- Voyons, voyons, Irina... Tu ne pourrais rien contre moi, tu le sais bien.
- Je n'en mettrais pas ma main au feu, à votre place. Je me baignerai dans votre sang après vous avoir égorgé.
Son sourire disparu instantanément et son visage devint écarlate. Oh, je l'avais énervé, parfait.
- Et si je découvre que vous avez quoi que ce soit à voir avec la mort de ma famille, votre sort sera pire que la mort.
Sans lui laisser l'occasion de répliquer, je me séparai de lui et tous les autres invités - toujours en plein milieu de la danse - se tournèrent vers nous.
- Au plaisir de vous revoir, Bob.
Je me dirigeai vers la porte d'un pas rapide. Je connaissais les types comme Bob, je savais très bien ce qui allait se passer à présent, et il fallait à tout prix que je l'empêche. Castiel n'était pas prêt. J'entendis malheureusement la voix de Bob derrière moi :
- Rattrapez-là.
Je me mis alors à courir du mieux que je le pus avec cette robe et ces chaussures.
- On se barre, vite ! hurlai-je une fois dehors.
Je captai derrière moi quelques cris de femmes horrifiés qui m'indiquèrent que les gardes de Kahoff avaient sortis leurs armes. Je pris la mienne dans mon sac.
- Montez dans les voitures, allez ! vociférai-je.
Ils ouvrirent les portières, mais j'entendais déjà les gardes déparer sur le gravier derrière nous. Une voix mécanique retentit, comme sortant d'un téléphone ou d'un talkie-walkie : « Tuez celui qui est avec elle. » Je me retournai juste à temps pour voir un homme pointer une arme sur le dos de Castiel. Il n'eut pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait que la balle de mon Colt l'atteignait en pleine poitrine, et il s'effondra sur le sol. Des cris retentirent depuis l'intérieur de la salle, et aussi depuis l'extérieur ou quelques couples prenaient l'air ou fumaient. Castiel me regarda avec de grands yeux. Il était évident qu'il essayait de contrôler ses émotions, mais je voyais parfaitement qu'il était terrifié. Nous l'étions tous lors de notre premier affrontement. Et à partir de là ce fut la panique générale. Les invités sortaient de la salle en courant partout, il faisait nuit noire et on ne distinguait que très mal qui était qui. D'autres coups de feu retentirent et je vis deux hommes tomber à ma droite, sans pour autant savoir qui ils étaient. Je devais absolument mettre Castiel à l'abri. C'était le plus important. Les autres sauraient se débrouiller, mais il n'était pas encore assez entraîner pour ça. Trop occupée à essayer de le localiser, j'en oubliai totalement mes défenses. Je savais bien qu'être attachée à lui finirait par me poser des problèmes ! Une balle siffla tout près de mon oreille et je fis promptement volte-face, et m'immobilisai. Trop concernée par Castiel, j'en avais oublié ma propre sécurité, et voilà que je me retrouvai avec le canon d'une arme pointé à dix centimètres de ma poitrine, en face d'un homme que je ne connaissais pas mais qui n'hésiterait pas une seule seconde à tirer. Avant même d'avoir le temps de réagir, ou plus précisément avant même d'avoir le temps de comprendre que je ne serais pas assez rapide pour pouvoir réagir, l'homme qui me menaçait tomba raide mort à mes pieds. Je levai les yeux et rencontrai le regard de Castiel, qui tenait l'arme encore fumante qui venait de me sauver la vie. Il semblait tétanisé. Il venait de tuer un homme. Le premier d'une longue lignée, s'il survivait jusque là.
- Irina, vite ! me hurla la voix de Peter.
Je pris Castiel par le bras, le fis rentrer à l'arrière d'une voiture pour y entrer à sa suite, et le conducteur - Riley - démarra en trombe. Une balle brisa la vitre arrière de la voiture, mais ne blessa personne. Nous avions évité le pire, je crois, même si je n'avais aucune idée du nombre d'hommes tombés. Je n'y avais pas prêté attention. Je tournai la tête vers Castiel. Il avait toujours les yeux grands ouverts et totalement vides. Je lui pris la main, mais il n'eut aucune réaction.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? me demanda Riley.
- Kahoff a passé un marché avec Kato, et j'imagine que c'était dans l'intention d'arriver à nous exterminer. C'était un piège, et j'ai sauté à pieds joints dedans.
- Tu ne pouvais pas deviner qu'ils allaient se liés, tenta de me rassurer Riley.
Bien sûr, je m'en voulais d'être tombée dans le panneau, mais je ne me sentais pas coupable pour les hommes qui étaient morts, même ceux de mon clan - à moins que ce ne soit Rao, ou un de qui j'étais vraiment proche. Si je culpabilisai à chaque fois que je provoquais une mort...
- Tu sais qui est tombé ? m'enquis-je.
- Aucune idée, c'était trop le bazar pour qu'on y comprenne quelque chose. Qu'est-ce qu'il a ? ajouta-t-il en lançant un regard à Castiel dans le rétroviseur.
- Il en a tué un.
Je pressai un peu plus la main de Castiel.
- Sans lui je serai morte à l'heure qu'il est.
A ces mots, Castiel sembla réagir et me serra la main lui aussi. Il était définitivement l'un des nôtres désormais, et il m'avait sauvé la vie. Je savais que c'était extrêmement dur d'arriver à presser la détente pour tuer un homme, mais il l'avait fait... pour moi. C'était idiot compte tenu de la situation et du geste que cela représentait, mais ça me touchait. Mais il fallait aussi que j'arrive à contrôler ce que je ressentais pour lui, parce que ce soir, pour la première fois, j'avais vraiment frôlé la mort. Et je ne ferai pas long feu si je continuai à me soucier de Castiel plus que de moi ou du reste de mes hommes.
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Jeux du sort : play with life
RomanceQuand Irina arrive dans la vie de Castiel, elle embarque tout sur son passage: ses certitudes, ses convictions, ses idéaux... Cette fille froide et mystérieuse va ébranler ce qu'il était et le changera à jamais. Mais ils se lieront néanmoins très vi...