Jeux du sort : play with life

Chapitre 24

Castiel me prit par la main et m'emmena à l'étage, dans ma chambre, et referma la porte derrière nous. Il se tourna vers moi et m'observa en silence. Eh bien, Rao et Matt lui ont bien apprit comment mettre quelqu'un mal à l'aise...

- Je suis désolée, pour Liam...

Il détourna le regard.

- C'est de ma faute... Tu dois me détester.

Il sourit légèrement.

- Je t'en ai voulu, oui. Mais je ne pourrais jamais te détester...

- J'imagine que c'est pour te venger que tu as voulu faire... ça.

- Non, je l'avais décidé avant.

Mes yeux s'agrandirent.

- Alors pourquoi ?

Ses yeux, qui me faisaient désormais quelque peu penser à ceux de Peter, s'adoucirent et j'eus l'impression de retrouver le Castiel que j'avais rencontré. Il s'approcha de moi et me prit doucement les mains.

- Irina, je crois que tu ne comprends pas ce que tu représente pour moi.

- Quoi que je représente pour toi, cela ne justifie pas une telle décision.

- Bien sûr que si... Je ne peux plus me passer de toi, et si tu ne veux pas me laisser rentrer dans ton monde alors j'y rentrerai moi-même.

- Castiel, tu ne peux pas décider de te mettre à tuer des gens simplement pour être avec moi !

- Tu ne comprends pas, ce n'est pas un simple coup de cœur de lycéen. Je t'aime, Irina.

Ces mots eurent l'effet d'une bombe pour moi. Il... m'aimait ? Qu'il soit attiré par moi, attaché à moi, d'accord. Mais qu'il m'aime ? Comment quelqu'un pouvait-il m'aimer ? J'étais une meurtrière, et il le savait... Je ne comprenais plus rien. Mon cerveau refusait de réfléchir, mes membres refusaient de bouger. Je n'aurais jamais dû aller dans ce lycée. Castiel vivrait la même vie qu'il avait toujours eu, et moi je ne serait pas en train de devenir un bisounours. Cette idée me tira de ma torpeur et je reculai de quelques pas, me libérant de son étreinte.

- Tu ne peux pas m'aimer, Castiel. Tu...

Mais il ne me laissa pas finir ma phrase. Il avança vers moi et me plaqua au mur derrière moi.

- Tais-toi.

J'étais persuadée qu'auparavant il n'aurait jamais osé faire ça. Et en fait, personne n'avait jamais osé faire ça.

- Cette fois je ne te laisserai pas te défiler, et je ne te laisserai pas partir comme ça. J'ai beaucoup changé, en deux semaines.

Déconnes... Il attrapa ma main et la posa sur son poignet. Je tressaillis en sentant la chaîne que j'avais eu tant de mal à enlever sous mes doigts. J'avais l'impression que ma peau me brûlait à l'endroit où il y avait jadis eu le bracelet de Kate.

- Je sais que tu ressens la même chose pour moi. Sinon tu ne m'aurais pas laissé ça.

- Non, je...

Mais étonnamment, j'étais incapable de démentir. Non, non, je ne pouvais pas être amoureuse de Castiel. Je ne pouvais pas être amoureuse tout court !

- S'il-te-plaît, Irina... Cesse de te cacher derrière tes murailles...

Tu parles de murailles ! Elles ne cessent de se fissurer depuis que je connais Castiel... Je crois même qu'elles sont ébréchées en plusieurs endroits. Il s'approcha encore un peu plus, nos lèvres s'effleurèrent et ma respiration s'accéléra immédiatement. J'essayai d'oublier le fait que je ne rêvai qu'à ses lèvres depuis notre dernier baiser. Mais cette fois, notre proximité était différente, car cette fois il était comme moi. Et effectivement, lorsqu'il m'embrassa cette fois-ci, les sensations en furent infiniment changées. Une fulgurante et douloureuse vague de chaleur déferla dans tout mon corps, mon sang se mit à bouillonner et cette fois-ci, mes jambes ne le supportèrent pas. Je m'accrochai à son cou pour ne pas flancher et il appuya son corps contre le mien. Il agrippa mes cheveux pour me faire renverser la tête en arrière et je frissonnai violemment lorsque ses lèvres plongèrent sur mon cou. Ses baisers embrasèrent ma peau et je ne pus retenir un gémissement lorsque ce furent ses dents qui vinrent la titiller. D'habitude c'était moi qui faisais ce genre de chose, c'était moi qui menai la danse. Mais c'était tellement agréable de se laisser faire, de se laisser contrôler... Il remonta le long de ma mâchoire et s'arrêta près de mon oreille.

- Pose tes mains sur moi, susurra-t-il d'une voix légèrement rauque.

J'étais comme hypnotisée, je ne pouvais rien faire sinon obéir. Je lâchai donc son cou et descendis mes mains pour les poser sur son torse. Sa peau était brûlante, ou peut-être était-ce la mienne. Je sentis sa respiration se saccader également tandis que mes mains descendaient sur ses abdos. Ça ne me ressemblait tellement pas de me laisser aller comme ça ! Je devrais être en colère, pas être en train de l'embrasser... Il posa ses mains sur les miennes et posa son front contre le sien, laissant ses lèvres à quelques millimètres seulement des miennes.

- Ne me dit pas que tu ne ressens rien en ce moment... murmura-t-il.

Il m'embrassa à nouveau, mais d'une manière beaucoup plus retenue cette fois-ci. Le pire était qu'il avait raison. J'aurais tué pour pouvoir l'embrasser jusqu'à ce que mes lèvres soient en sang.

- Je sais que tout ce que tu as fais, tu l'as fais pour me protéger. Mais maintenant j'ai décidé de me protéger moi-même.

- Tu n'as aucune idée de la vie que tu as choisis...

- Je m'en fiche, du moment que cette vie je peux la vivre à tes côtés.

Il se sépara alors de moi et m'observa longuement. Je n'avais qu'une envie c'était qu'il m'embrasse de nouveau, mais je me forçai à me ressaisir et me décollai du mur.

- Je crois qu'il faut qu'on parle, tous ensemble, dit-il.

- Ouais...

Nous nous dirigeâmes vers le salon, et je ne pu pas empêcher Castiel de passer un bras sur mes épaules, comme s'il avait peur que je m'enfuie à nouveau. Jacob, Rao et Matt nous attendaient, assis sur les canapés.

- Irina... commença Rao.

- Je suis toujours énervée contre vous !

Me dégageant de Castiel, je tirai les rideaux qui étaient un peu trop grands ouverts à mon goût et me tournai vers eux.

- Alors, ou vous en êtes ? s'enquit Matt.

- On a retrouvé sa mère, ils la surveillent en attendant mes ordres. Un tueur russe suit une de ses ex, mais on cherche toujours la seconde. Ethan et Ben continuent leur recherche d'ici, mais j'imagine qu'ils devront bientôt revenir en Allemagne aussi. Je vois pas pourquoi son ex serait en Angleterre.

- Et Hayley ?

Je les vis tous se raidir, y compris Castiel.

- J'ai retrouvé sa trace. Elle et sa mère sont bien cachées et protégées, mais cela ne me posera aucun problème lorsque je devrais la tuer.

Jacob soupira. Ils avaient beau de pas être d'accords, cela ne changerait absolument rien.

- Tu ne tueras pas Hayley.

Je fixai un regard narquois sur Rao.

- Ah oui ? Tu comptes m'en empêcher ?

- Bien sûr que non.

- Mais moi oui, intervint Castiel en croisant les bras sur son torse.

Bien, je vois qu'ils lui ont dit qui elle était et surtout quel âge elle avait...

- Écoute... commençai-je.

- Je ne te laisserai pas tuer une enfant.

- Je n'ai pas le choix.

- Bien sûr que si, grogna Jacob. Personne ne t'oblige à la tuer.

- Tuer Kato devrait te suffire, ajouta Matt.

- Il m'a prit ma famille, je lui prendrais la sienne.

- Cela ne te fera pas te sentir mieux.

Castiel s'approcha de moi mais s'arrêta bien vite en captant mon regard.

- Personne ici ne veut te laisser faire cette erreur. Et je t'en empêcherai.

Étaient-ils vraiment sérieux ?!

- Écoute moi, Cast. Tu ne pourras pas m'en empêcher, même si c'est la chose que tu désires le plus au monde.

- Ce que je désire le plus au monde, c'est que tu ne deviennes pas un monstre.