Chapitre 53

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Une fois arrivée au milieu des cadavres, je me jetai à genoux devant celui de Glenn, et je le retournai précautionneusement. Dès qu'il fut sur le dos, je me rendis compte qu'il était toujours en vie. Son buste se soulevait rapidement au rythme de ses inspirations saccadées, et du sang coulait en cascade de sa bouche entrouverte. Je posai délicatement une main sur son torse, et ses yeux rencontrèrent les miens. Il sourit, enfin je crois. Tout était assez confus, et il était totalement couvert de sang. Oh, Glenn... jamais ils n'auraient pu te tuer, à la loyale... Il posa une main sur la mienne, et les soubresauts de son corps se stoppèrent lentement. Ses yeux, ses si beaux yeux, devinrent vides, et la main qu'il avait sur la mienne retomba lentement sur le sol avec un bruit sourd. Même si mon esprit était encore embrouillé, je percevais des coups de feu autour de moi, mais aucune balle ne me toucha. Ou alors ne sentis-je pas la douleur de ma chair, trop aveuglée par celle de mon cœur... Comment cela avait-il pu arriver ? Comment avions-nous pu laisser tout cela se passer ? J'entendis vaguement quelqu'un crier mon nom, et quelques secondes plus tard quelqu'un m'attrapa par les hanches, me souleva de terre et m'éloigna du corps de Glenn. Je fus bientôt reposée à terre derrière une colonne de béton où j'étais à l'abri, et je fus violemment plaquée contre la pierre.

- Irina !

Mais ma tête était encore tournée vers le corps de Glenn. Que me restait-il, désormais ? Ce fut à cette pensée que je revins peu à peu à moi. Castiel, voilà ce qu'il me restait. Castiel.

- Irina !

Je tournai la tête vers mon interlocuteur, et ce fut d'ailleurs Castiel que je découvris devant moi, la moitié du visage tâchée de sang.

- Tu es blessé ? demandai-je soudain.

- Non, non, c'est le sang de Riley, on a mit son corps à l'abri. Putain de merde, Irina, tu aurais pu te faire tuer !

Je tournai de nouveau la tête. Quelques hommes de Kato, environ cinq, je dirais, étaient postés sur le balcon par où nous étions arrivés. Je compris alors que les coups de feu que j'avais entendu étaient ceux de mes hommes qui tentaient de les tuer avant qu'eux ne puissent me toucher. Ils m'avaient sauvé la vie. Je secouai la tête. Rien de tout ça n'aurait dû arriver. Castiel me fit tourner le visage vers lui, et m'embrassa brutalement et passionnément. Je répondis à ce baiser en passant mes bras autour de son cou. Je sais ce que vous vous dites : c'est vachement le moment de faire ça. Et c'est vrai qu'on aurait autre chose à faire. Mais je crois qu'il avait besoin de me faire comprendre que lui était toujours là. Ma réaction avait été stupide. Voir mourir Glenn m'avait brisé le cœur, mais si jamais cela devait arriver à Castiel... je crois que j'en mourrai de douleur. Mais je ne laisserai pas ça arriver. J'allais tous les tuer un par un, j'allais tous les égorger moi-même. Je récupérai mon arme qui était tombée à terre, et j'abattis les deux derniers hommes de Kato sur le balcon qui étaient encore en vie. Maintenant que Glenn et ses hommes étaient morts, nous étions bien moins nombreux qu'eux, et la raison aurait voulu que nous rebroussions chemin pendant qu'il en était encore temps... mais il y avait bien longtemps que j'avais sombré dans la folie.

- On se regroupe, dis-je d'une voix forte.

Tous se réunirent autour de Castiel et moi.

- Ça va ? me demanda Jacob, mais je l'ignorai.

- Qui a fait ça ?

Tous se regardèrent.

- Qui l'a tué ?! grondai-je, menaçante.

- Daniel... me répondit Castiel.

- Très bien. On y va.

- Eh, attend ! me retint Rao. C'est quoi le plan ?

Jeux du sort : play with lifeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant