flashback :20 janvier 2013 – New York University Hospital, NJ
omniscient
Quelqu'un toqua à la porte de chambre de Miles, pourtant c'était l'après-midi et il n'attendait pas de visite puisque ses parents travaillaient. Il n'avait pas parlé à ses amis depuis dix jours. Dix jours passés à broyer du noir.
La tête de son frère ainé passa la porte. Layne souriait.
« -Je peux ? » c'était une question rhétorique que tout le monde posait avant d'entrer, peu importe la réponse alors Miles ne prit pas la peine d'émettre un son.
Layne prit soin de ne pas faire de remarque sur l'apparence de son petit frère. Il n'avait pas perdu ses cheveux mais ils semblaient ternes et abimés. La chimio était éprouvante, ses yeux étaient cernés et il était pâle.
« -Sean, Adelyn et tous les autres appellent à tour de rôle à la maison, faudrait peut-être les prévenir ? »
« -Pourquoi faire ? Ils partiront s'ils savent, alors autant leur épargner ça. »
« -C'est tes amis, Miles et je suis convaincu qu'aucun d'entre eux ne te laissera tomber. »
Le plus jeune se contenta d'hausser les épaules. La dépression était courante chez les malades du cancer et ça avait été très rapide chez Miles. Comme son cancer. Oui, tout avait était assez ... surprenants, et personne ne savait vraiment comment réagir ; Miles le premier.
« -Écoute Miles, si tu crois que ta maladie va m'empêcher de te passer un savon, tu te trompes. J'suis pas maman et papa, moi. J'en ai marre de te voir comme ça. T'es malade, tu vas perdre tes cheveux, t'es triste, t'as peur, ouais tout le monde l'a bien compris ! Mais en quoi ça t'empêche d'appeler tes amis pour qu'ils viennent de temps en temps te tenir compagnie ? » Layne était agacé, énervé de voir son frère comme ça, il ne le reconnaissait plus. « Tu vas peut-être mourir, c'est triste, c'est injuste, ça fout les boules à tout le monde pas qu'à toi. Maman ne dort plus la nuit, papa passe son temps à travailler, mamie et papi n'arrêtent pas d'appeler, Brent dort sur ton lit, Paige ne joue plus au basket et putain, je suis mort de trouille ! Arrête, s'il te plaît, de penser que t'es le seul toucher ! »
Miles leva ses grands yeux verts vers le visage de son frère et pour la première fois, il fut touché. Layne était littéralement sur le point de craquer. Miles s'en voulait presque. Le cancer était dans son sang mais il touchait tout son entourage.
« -Je ... désolé. »
« -Tu n'as pas à t'excuser, j'aimerais juste que tu continues d'avancer. Vois tes amis, parle avec les parents, Brent et Paige, suis tes cours et retourne au collège dès que tu le peux. Faut pas baisser les bras maintenant. »
Miles se jeta presque contre son frère qui fut d'abord surpris, peu habitué à ce genre de marque d'affection avec son cadet. Il passa ses bras autour de lui et le serra doucement. Oui Layne avait peur, peur de finir par ne plus reconnaître son petit-frère, peur de le voir trop faible et incapable de jouer au foot avec lui, peur de ne plus le voir du tout. Sauf qu'il ne voulait pas le montrer, il ne pouvait pas. Il devait rester fort pour Paige, pour Brent et surtout pour Miles ; la preuve.
10 février 2013 – Weehawken, NJ
Sandy ouvrit la porte et Jorge poussa le fauteuil roulant, qui était la seule condition à la sortie exceptionnelle de Miles. Ce dernier portait une casquette de la NBA, une grosse écharpe et un sweat qui paraissait étonnement grand sur lui.
« -Content d'être de retour, petit frère ? » sourit Layne, faisant abstraction de la chaise roulante.
Miles attrapa la main qu'il lui tendait et se mit debout, difficilement, pour dire bonjour à tout le monde présent pour l'anniversaire de Brent. Ses grands-parents, sa tante, deux de ses grands cousins. Sa grand-mère avait les larmes aux yeux mais personne ne fit de remarque, ne voulant pas plomber l'ambiance. Miles se dirigea ensuite vers son frère et sa sœur qui n'avaient quasiment pas oser s'avancer vers lui. D'abord, il serra Paige dans ses bras puis fit signe à Brent de venir et il le décoiffa doucement avec son poing tout en souriant.
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WELCOME TO MY FUNERAL
General Fiction« -Je veux mourir en ayant eu la vie dont j'ai toujours rêvé.»