31 décembre 2015 – Weehawken, NJ
omniscient
Le temps était étonnement clément pour un mois de décembre, le ciel était clair, peu chargé, le vent n'était pas froid mais l'air était lourd, lourd comme le bruit des cloches de l'église de Weehawken, lourd comme le cœur des personnes y entrant.
Au premier rang, Sandy se tenait debout, enlaçant fermement Addelyn et Paige, qui ne pouvait retenir ses larmes. Derrière elles se trouvaient les grands-parents, les oncles et tantes, les cousins et cousines, Sanae et Olivia. L'église était pleine, pleine de larmes et d'amour. Des amis du lycée, des élèves venus pour témoigner leur respect, des professeurs, des connaissances de la famille, des gens du quartier : tous étaient là pour soutenir les Anderson, comme ils l'avaient fait tout au long de ces difficiles années de lutte acharnée.
Jorge et Layne, Brent et Sean, Tom et Wael, entrèrent en portant le cercueil de cet être si cher, le cercueil de Miles et c'était si difficile, si lourd pour eux. Néanmoins, ils traversèrent l'allée pour placer le cercueil sur l'autel.
Et le prêtre fit son discours habituel, les gens n'écoutaient pas vraiment, ils entendaient seulement et répondaient machinalement à ses prières. Miles n'aimait pas les enterrements et si ça n'avait tenu qu'à lui, il n'y en aurait pas eu. Or, il savait que les enterrements n'étaient pas faits pour les morts, mais pour les vivants et il n'avait pu se résoudre à leur enlever ce droit. Celui de lui dire au revoir.
Adelyn se plaça derrière le micro et, les mains tremblantes, déplia une feuille puis elle regarda les gens devant elles. Jorge tenait Sandy tout contre lui, il lui fit un sourire encourageant mais ses yeux dérivèrent sur Paige et Brent qui pleuraient dans les bras de leur – maintenant seul – grand frère.
« -Miles m'a demandé, il y a quelques semaines, de lui écrire un éloge funèbre. Je ne pouvais pas dire non, je l'ai fait, il l'a lu et il a même corrigé quelques points, sourit-elle. Mais je ne vais pas vous lire celui-ci, je vais en lire un plus ... Un autre, un nouveau que j'ai écris quand j'ai appris qu'il était décédé. Miles était tout pour moi. Mon premier amour, mon rayon de soleil, ma source de bonheur, mon presque mari. Je me rappelle du jour de notre rencontre comme si c'était hier et j'aimerais tellement y retourner, faire pause et passer notre vie à cette époque là. Des jeunes adolescents, heureux et insouciants. Je me souviens aussi très bien du soir où j'ai appris qu'il avait le cancer. Il me l'avait annoncé par téléphone et je n'avais pas su lui répondre, alors il avait rapidement raccroché. Je l'ai dit à mes parents, je tremblais et j'étais à deux doigts de pleurer. L'idée de rompre n'a pas traversée mon esprit une seule seconde, c'était inconcevable pour moi ; je l'aimais trop. Je l'aime trop. Et ma mère m'a prit dans ses bras, elle m'a rassuré et m'a dit qu'elle me comprenait et me soutenait puis, croyant que je n'écoutais pas, elle a regardé mon père et elle a dit "elle sera brisée, on va devoir la ramasser à la petite cuillère". Je n'avais pas compris la portée de ses paroles à cette époque, tout comme je n'avais pas penser à quitter Miles, encore moi au fait que lui puisse le faire. Mais il l'a fait. Sauf qu'il l'a bien fait. Il m'a préparé et il m'a aussi donné de quoi me souvenir de lui pour longtemps. Alors maman, je te le dis maintenant : tu n'auras pas à me ramasser à la petite cuillère. Et toi, Miles, elle regarda vers la voûte de l'église. Je te jure que je réussirai ma vie comme tu le voulais, pour toi. Je te jure que je t'aimerai toujours, je te jure que je ne t'oublierai pas. Miles, tu t'en es allé avec une partie de mon cœur et je te remercie. Parce que toi, tu m'as laissé le tient. Je t'aime. »
Elle regarda une dernière fois sa feuille, ses mains tremblantes que seules celles de Miles auraient pu calmer puis elle essuya les larmes qu'elle avait sous les yeux et retourna s'asseoir, prenant Brent contre elle pour essayer de le calmer, de se calmer.
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WELCOME TO MY FUNERAL
Narrativa generale« -Je veux mourir en ayant eu la vie dont j'ai toujours rêvé.»