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jeudi 18 décembre 2015 – Los Angeles, CA

omniscient

Ah, l'année 2013. Il s'en souviendrait toujours parce qu'elle était parfaite. Ce sentiment de liberté, de victoire ... il donnerait tout pour le ressentir à nouveau. Maintenant il se contentait de sourire et de rassurer ses proches alors qu'il se sentait comme un perdant. Il se sentait mal et réussissait de moins en moins à la cacher. Son mal-être était un sentiment puissant et bien plus permanent que ces moments de bonheur furtifs.

Néanmoins, il savait qu'il ne devait pas le montrer et qu'il devait être présent pour ses proches. Présent encore quelques temps.

«  -Miles, t'es prêt ? » Adelyn entra dans la salle de bain et sourit à son copain.

Il portait un jean foncé et une chemise à carreaux dans les tons rouges, celle qu'elle lui avait acheté. Elle s'approcha de lui, passa un bras autour de sa taille et posa sa tête sur son épaule en souriant.

«  -Tu es très beau. »

«  -Et toi alors ? Je suis chanceux ! »

Elle était habillée d'une jupe blanche et d'un pull noir, ses cheveux attachés en une natte, comme une couronne. Elle sourit, les joues rosées sous le regard amoureux de Miles qui lui embrassa le front.

«  -Notre dernière soirée en Californie, il fallait fêter ça n'est-ce-pas ? La fin de semaine

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«  -Notre dernière soirée en Californie, il fallait fêter ça n'est-ce-pas ? La fin de semaine ... »

Miles revint brusquement à la réalité. La fin de semaine. Il l'avait promit à Addy, promit que cette semaine serait sous le signe de l'amusement et rien d'autre, promit qu'il tiendrait cette semaine. Et maintenant ? Il ressentit soudainement une grande fatigue, comme si le fait d'y penser pouvait décupler la douleur qui le tiraillait souvent – tout le temps. Il souffrait en silence et personne ne voulait lui faire remarquer les cernes de plus en plus marquées sous ses yeux, ni ses moments d'étourdissement et encore moins ses absences fréquentes.

Parce que des absences fréquentes, ça fait mal, certes, c'est triste, certes, c'est inquiétant, certes, mais un jour son absence sera constante et totale et ils n'auront plus besoin de le faire remarquer parce que tout le monde le saura et ça c'est horrible. La fin approchait ; Addy le savait, Tom, Sean, Olivia, Sanae, Wael le savaient. Sandy, Jorge, Layne, Paige, Brent ... oui, tout le monde le savait.

Miles aussi. Il en était le premier concerné. Bientôt, il rendra son dernier souffle, il fermera ses paupières une ultime fois. Et avant ça, il espérait pouvoir sourire et rire beaucoup et vivre, encore un peu.

Alors peut-être que ce soir serait sa dernière soirée de vie. Peut-être qu'après il serait mort à l'intérieur, rongé par la peur et les remords avant de mourir vraiment, rongé par la maladie. Miles savait que commencer des phrases par ''et si'' n'était pas une bonne chose, Miles savait qu'avoir des pensées telles que ''peut-être que'', oui, Miles savait que c'était mauvais. Mauvais pour lui et sa famille et ses amis qui étaient aussi sa famille. Miles savait aussi qu'il allait devoir dire au revoir avant de ne plus pouvoir parler. Miles savait que personne ne dirait «  ce n'est pas un au revoir, c'est un ''à bientôt'' » parce qu'il ne les reverrait pas bientôt ; en fait, il ne les reverrait jamais, et ça il le savait. Oui, Miles savait beaucoup de choses. Plus que tout, il savait qu'il allait mourir et il aimerait simplement disparaître, laisser son esprit s'envoler et ne plus avoir à surmonter les épreuves qui l'attendaient. Qui auraient cru que mourir était si une épreuve difficile ? Pourquoi ne pas fermer les yeux à 70 ans et doucement rendre son dernier souffle au milieu de la nuit, sans peine ?

WELCOME TO MY FUNERALOù les histoires vivent. Découvrez maintenant